Athènes. Le 30 août au soir, Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, donnait un discours (1) devant l’Association des Banques Hellènes et les représentants du gouvernement grec. Place Syntagma, dans un hôtel de luxe proche du parlement, on fêtait la fin du troisième programme d’ajustement. Depuis 8 ans, la Grèce bénéficiait de programmes d’aide européens en contrepartie de mesures d’allègement de sa dette. Après un accord signé le 20 juin avec ses créanciers européens, elle a retrouvé son autonomie financière le 20 août dernier.

Weidmann, pressenti par certains pour succéder à Mario Draghi à la tête de la BCE, a souligné le chemin parcouru sur la voie de la reprise par la Grèce. Mais il a insisté également sur la nécessité d’actions futures : des réformes institutionnelles mais aussi un assainissement du bilan des banques grecques et enfin a incité le gouvernement grec à rester économe.

Mais le banquier central Allemand ne s’est pas arrêté là. Dans un second temps, il a donné sa vision de la politique économique européenne. Jens Weidmann a fait un parallèle entre l’ancienne agora grecque et la zone euro. Le succès démocratique et économique de la première a été garanti par des institutions fortes assurant la confiance des acteurs économiques et l’efficacité du marché. La zone euro doit suivre cette voie : les déséquilibres fiscaux dans l’un des pays membres mettent le reste de l’Union en danger. Selon le banquier, le pacte de stabilité et de croissance, censé protéger les états membres de ce risque, a échoué comme l’a montré la crise grecque à partir de 2010.

À partir des solutions d’urgence apportées à la crise, deux institutions sont nées et garantissent aujourd’hui la stabilité de la zone : le Mécanisme de Stabilité Européen, qui peut aider sous conditions les États en difficulté et participer au sauvetage de banques privées, et l’Union Bancaire Européenne, un organisme unifié de supervision bancaire.

Pour le banquier allemand, la mutualisation des risques fiscaux européens, désirée par certains États, est cependant exclue. Les États européens ne sont pas prêts au nécessaire abandon de souveraineté qui doit en être la réciproque. La création d’un budget européen ne lui semble pas souhaitable non plus, car il conduirait à une pression fiscale supplémentaire sur les citoyens européens.

L’objectif, selon Jens Weidmann, doit être avant tout la stabilité de la zone euro. De même, l’Union doit être plus forte mais se concentrer sur les domaines où l’échelle européenne a un sens : les politiques climatiques, les migrations et la défense.

Perspectives  :

  • La Grèce a retrouvé son autonomie financière fin août mais pour le président de la Bundesbank, elle doit encore faire des efforts.
  • En tant que possible successeur de Mario Draghi à la tête de la BCE, il a également exposé sa vision de la politique économique européenne.
  • Il insiste sur le renforcement des institutions européennes existantes et non leur extension et sur le principe de responsabilité budgétaire au niveau des États. Par conséquent, il rejette à la fois la mutualisation des risques fiscaux et la création d’un budget européen.

Sources :

  1. WEIDMANN Jens, Exploring the agora : Lessons for a more stable economic and monetary union, Hellenic Bank Association, 30 aout 2018.