Berlin. Le bavarois Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire européen (PPE) au Parlement de Strasbourg, pourrait bien être le prochain président de la Commission européenne. À l’issue d’un entretien à Berlin avec Joseph Daul, président du parti, Mme Merkel a déclaré mardi dernier ne formuler “aucune objection fondamentale à [sa] candidature” pour devenir le Spitzenkandidat du PPE aux élections européennes de mai 2019 (3), un avantage certain à une semaine de l’ouverture des déclarations. L’appui de Mme Merkel éclipse deux de ses fidèles, Peter Altmaier et Ursula von der Leyen, également pressentis pour le poste. D’autres candidats devraient cependant se faire connaître en dehors d’Allemagne : l’ancien premier ministre finlandais Alexander Stubb et le négociateur en chef du Brexit Michel Barnier pourraient en faire partie, mais le second est lourdement pénalisé par l’agenda chargé que lui impose sa fonction. L’annonce officielle de M. Weber devrait avoir lieu mercredi prochain (1).

À 45 ans, le vice-président de l’union chrétienne-sociale bavaroise (CSU) cultive sa proximité avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz et sa ligne dure sur les questions migratoires. Weber s’est toujours fait fort d’assurer la cohésion du PPE, sans jamais remettre en question la présence controversée dans ses rangs du Fidesz de Viktor Orbán, de même qu’il s’est toujours opposé à l’adhésion de la Turquie à l’Union. Sa nomination couronnerait ainsi le déplacement du centre de gravité de son groupe vers la droite, un déplacement qui pourrait paradoxalement desservir Mme Merkel, dont la position personnelle demeure plus modérée. Si l’affaiblissement attendu du groupe S&D venait à menacer la Grande coalition européenne (2), le Spitzenkandidat Weber chercherait-il alors des alliés à droite ?

Mais autant le parcours exclusivement européen de M. Weber, à Strasbourg depuis 2004, pourrait affaiblir son crédit auprès des membres du Conseil, autant sa nationalité ne semble pas le desservir. Mais le soutien si diplomatiquement formulé de Mme Merkel pourrait bien ne pas constituer une garantie ; plus encore, Mme Merkel, qui avait trouvé en la personne de Jean-Claude Juncker un allié fidèle sur le fond, se satisferait certainement d’un autre candidat si M. Weber peinait à s’imposer (4).

À la fin, le système des Spitzenkandidaten repose quoi qu’il en soit sur un accord tacite, la nomination du Président de la Commission restant une prérogative légale du Conseil.

Perspectives :

  • 10 septembre 2018 : proposition officielle d’un candidat par la CDU/CSU.
  • Octobre 2018 : fin des déclarations de candidature pour le PPE.
  • 8 novembre 2018 : choix du Spitzenkandidat lors du congrès du PPE à Helsinki.
  • Mai 2019 : élections européennes.

Sources :

  1. DE LA BAUME Maïa et EDER Florian, Manfred Weber gets Merkel’s Spitzenkandidat ‘blessing’ : officials, Politico, 31 août 2018.
  2. Wenn am nächsten Sonntag Europawahl wäre, Der Europäische Föderalist, 23 juillet 2018.
  3. Manfred Weber wird EVP-Spitzenkandidat für Europawahl, Focus, 31 août 2018.
  4. KIRCHNER Thomas et MÜHLAUER Alexander, Der Kampf um die Spitze Europas, Süddeutsche Zeitung, 31 août 2018.