Ithaque. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a choisi l’île symbolique d’Ithaque pour officialiser, après huit ans, la fin de la mise sous tutelle de la Grèce par Bruxelles, le FMI et la BCE (2). En effet, suite à l’accord conclu par l’Eurogroupe le 22 juin dernier, la Grèce peut clore une étape débutée fin 2009 qui l’avait obligée à contracter trois plans de sauvetage successifs (2010, 2012 et 2015) et une aide financière globale de 289 milliards d’euros. En conséquence, cela permettra à Athènes de recommencer à se financer à terme sur les marchés.

Afin que la Grèce puisse récupérer son autonomie en toute sûreté, l’Eurogroupe a prévu en juin dernier un atterrissage en douceur sur les marchés, en lui fournissant un coussin de fonds de plus de 24 milliards d’euros pour ne pas avoir avoir recours aux investisseurs avant l’été 2020. Surtout, bien qu’elle ne soit réduite, la Grèce peut affronter la gestion de sa dette avec soulagement suite à l’accord donné par ses partenaires pour reporter une grande partie des paiements jusqu’en 2033. Ces mesures d’allègement de la dette resteront cependant conditionnées à la poursuite des dernières réformes, dont certaines s’étendront sur plusieurs mois (3).

Mais une nouvelle bataille est à l’horizon : en 2018, la dette publique de la Grèce s’élève à 180,4 pour cent du PIB et le taux de chômage à 20,1 pour cent. La gestion de la crise grecque fait l’objet de nombreux débats au regard de la dégradation des conditions de vie des Grecs dont la richesse par habitant s’est réduite de 25 pour cente depuis 2008 (1). Ceci amène certains économistes à présager une nouvelle renégociation de la dette dans quelques années. D’autres estiment même qu’il est probable qu’un nouveau programme d’aide soit nécessaire. Pour l’instant, bien qu’il ait souligné que le temps de l’austérité est terminé, le Commissaire européen Pierre Moscovici a reconnu qu’« il reste encore beaucoup à faire pour maintenir la Grèce sur pied » (4).

Perspectives :

  • Septembre 2019 : le ministre adjoint à la réforme administrative, Christos Vernardakis, a annoncé des lois qui seront présentées au Parlement pour l’augmentation du salaire minimum et le retour des conventions collectives. Ces mesures visent à relancer la consommation des grecs.
  • Automne 2019 : élections législatives en Grèce. Actuellement, dans les sondages, Syriza est crédité de 5,3 à 11,6 pour cent de moins que la Nouvelle démocratie (ND, droite), en tête des intentions de vote.

Sources :

  1. CHABAL Audrey, Grèce : Fin de tutelle mais pas des inquiétudes, ni pour le pays, ni pour l’Europe, Forbes France, 20 août 2018.
  2. Grèce : Tsipras marque à Ithaque la fin de « l’Odyssée » des plans d’aide internationaux, Challenges, 21 août 2018.
  3. Grèce : les Européens s’accordent sur la sortie du plan d’aide, L’Obs, consulté le 22 juin 2018.
  4. MOSCOVICI Pierre, Grèce : 5 questions sur 8 années de crise, par Pierre Moscovici, L’Obs, 20 août 2018.