Stockholm – Alors que Donald Trump, suivi par le nouveau gouvernement italien, espère le retour de Moscou au G8, la Russie continue d’effrayer dans l’extrême nord de l’Europe. Ainsi, la Norvège demandera officiellement aux Etats-Unis d’envoyer 700 marines qui seront stationnés, à partir de 2019 et pour les 5 prochaines années, dans la région d’Inner Troms (1). Les nouvelles troupes remplaceront les 330 soldats actuellement en Norvège, qui reviendront d’ici la fin de l’année. Les marines, stationnés depuis janvier 2017, sont la première présence militaire étrangère sur le territoire norvégien depuis la fin de la guerre froide et sont basés dans la partie centrale du pays, plus loin de la frontière nord que les collègues qui les remplaceront. Initialement, ils ne devaient rester que 6 mois, mais leur séjour a été progressivement prolongé, officiellement en raison de la nécessité de mener des exercices militaires

En mai dernier, le gouvernement suédois a envoyé une brochure à ses citoyens avec des instructions précises sur ce qu’il faut faire en cas d’invasion ennemie (3). « Le gouvernement suédois est convaincu que la Russie est une menace pour la sécurité européenne, explique Thomas Gauchet, doctorant à Sciences Po et expert de la Suède. Selon les chefs militaires suédois, la Russie regagne du pouvoir dans la région de la Baltique”. Ces sentiments ne sont pas dictés par la russophobie historique (qui notamment, selon Gauchet, ne concerne que les couches les plus âgées de la population), mais par les incursions répétées de la Russie dans l’espace aérien et maritime de Stockholm, comme l’ont démontré les deux sous-marins identifiés dans les eaux scandinaves ces dernières années.

Cette préoccupation s’est accrue depuis l’annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014 et l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche, ce qui fait craindre à la Suède d’être laissé à elle-même en cas d’attaque. Pour cette raison, les dépenses militaires ont recommencé à augmenter ces dernières années (2), après un déclin constant depuis les années 90 et le gouvernement, non sans division interne, pousse à l’adhésion à l’OTAN, malgré le fait que, selon les sondages, 65 % de la population soit contre l’interruption de la neutralité historique du pays. « Le secrétaire général Stoltenberg (norvégien) est très prudent sur la question – poursuit Gauchet – mais en janvier dernier, il a déclaré publiquement que la Suède ne serait pas protégée automatiquement en cas d’attaque, ce que beaucoup ont lu comme une « incitation » pour que Stockholm adhère à l’OTAN et comme une réponse aux politiciens qui pensent pouvoir bénéficier de la défense de l’Alliance atlantique sans y adhérer ».

Perspectives :

  • Après la rencontre historique avec Kim Jong-un, Trump prépare une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine.

Sources :

  1. FOUCHE Gwladys, Norway to invite more U.S. Marines, for longer and closer to Russia, Bloomberg.
  2. GlobalSecurity.org, Sweden-Military Spending.
  3. HENLEY Jon, Sweden distributes ‘be prepared for war’ leaflet to all 4.8m homes, The Guardian.