Énergie et environnement

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Alors que l’élection américaine se déroule dans moins d’une semaine, la réaction en chaîne d’attaques, de soutiens politiques, de flashs spéciaux et de scandales reflète l’accumulation des tensions et l’importance des enjeux de cette événement. Si la polarisation des opinions n’est plus à démontrer entre Démocrates et Républicains, la transition énergétique peut en être l’emblème. La question du charbon ne déroge pas à la règle  : a fait l’objet d’efforts intenses de lobbying politique et de dérégulations successives au sein de l’administration Trump. Après le 3 novembre, quel pourrait être l’avenir du charbon américain  ?

La Commission européenne a dévoilé ce mois-ci sa stratégie pour une «  Vague de rénovation  » européenne. Alors qu’il est aujourd’hui plus que jamais question de relance verte et juste, la «  Vague de rénovation  » européenne risque de souffrir d’un manque de moyens pour réaliser son ambition, au-delà des financements exceptionnels débloqués dans le cadre de la relance post-covid.

Dans le cadre du plan «  France relance  » présenté le 3 septembre dernier, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre la précarité énergétique, soit la difficulté qu’éprouvent certains ménages à régler leurs dépenses d’énergie. Si on insistait jusqu’ici principalement sur la nature sociale de ce phénomène, le plan de «  relance verte  » souligne davantage les enjeux environnementaux qui lui sont associés, en rappelant que les bâtiments des secteurs résidentiel et tertiaire représentent à eux seuls 40  % de la consommation finale d’énergie et 18  % des émissions nationales de gaz à effets de serre. Ce changement dans la stratégie de communication aidera-t-il à remplir les objectifs de rénovation thermique que s’est fixés le gouvernement  ?

Suite à l’affaire Navalny, l’opposition au Nord Stream 2 regagne en intensité. Si le Parlement européen a adopté une résolution réitérant l’exigence de l’abandon de la construction du gazoduc, cette résolution ne sera surement pas suivi par Berlin. Pour leur part, les États-Unis poursuivent leur offensive.

Le tournant réaliste de l'écologie politique Charbonnier manifeste doctrines géopolitique Xi Jinping Chine changement climatique énergie électricité pétrole plan de relance européen

Il faut donc que l’écologie européenne fasse son tournant réaliste. Cela ne signifie pas qu’elle doive entrer dans un débat agressif et martial avec d’autres acteurs géopolitiques, mais qu’elle doit abandonner l’habitude néfaste qui consiste à s’exprimer en termes consensuels et pacificateurs, pour accepter de jouer sur une scène politique complexe.

Mise à jour tous les trois ans par la Commission européenne, la liste des matières premières critiques vient cette année s’étoffer du lithium, un métal critique parmi 30 autres et dont la convoitise autour des ressources augmente alors que la transition énergétique requiert de plus en plus de métaux en tous genres, de la production d’éoliennes à la fabrication des batteries.

Parmi les nombreux et divers héritages de l’ère soviétique il en est un qui est particulièrement significatif pour la Russie d’aujourd’hui. Au tournant des années 70 et 80, les éclaireurs russes du RSFS ont réalisé que la vaste région de la Sibérie et de la Volga grouillait de gaz naturel. C’est ainsi qu’a été inaugurée l’ère de la Russie en tant que supergéante énergétique et que les deux géants du gaz et du pétrole de la Fédération naissante ont pris une forme définitive  : Lukoil et, surtout, Gazprom. Depuis lors, l’économie russe est entrée dans une union incontournable avec une dynamique énergétique, tant en termes d’autosuffisance (russe) que d’hétérodépendance (notamment de l’Europe).

Cet été, les menaces américaines de sanctions extraterritoriales ont provoqué un mouvement d’union nationale parmi les représentants politiques allemands. Un mois après, l’affaire Navalny a repolarisé l’échiquier politique national et européen dans l’approche du projet Nord Stream 2. Tour de l’horizon des reactions à un projet de gazoduc au fort caractère géopolitique.

Ces derniers mois ont consacré l’avènement du télétravail, présenté comme un instrument majeur de la résilience de l’économie face à la pandémie. Le maintien des mesures de distanciation sociale, rendu nécessaire par l’évolution incertaine de la situation sanitaire, pourrait ainsi devenir le moteur de la transition numérique. Cela servirait une relance économique plus respectueuse de l’environnement dans la mesure où les technologies numériques pourraient permettre des gains potentiels de 7800 MT de CO2. Mais si l’on souhaite respecter les objectifs de l’Accord de Paris, il est nécessaire de veiller à ce que ces gains environnementaux ne soient pas annulés par les pollutions générées par les équipements numériques.

Frappée par la canicule, la Californie a subi des coupures d’électricité contrôlées (ou «  rolling blackouts  ») le weekend du 14 août dernier, incapable de satisfaire la demande avec les moyens disponibles. Cet épisode complexe invite à réfléchir sur le rôle que pourraient jouer les capacités pilotables bas-carbone, comme l’hydroélectricité et le nucléaire, et au scénario d’une approche coordonnée au niveau européen d’adéquation de ressources électriques pour avancer dans la transition énergétique sans éroder la sécurité d’approvisionnement continentale.