Capitalismes politiques en guerre

Long format

La bascule de l’attention stratégique des États-Unis entre différents théâtres régionaux, de l’Europe à l’Asie, en passant par le Moyen-Orient, n’est pas un jeu à somme nulle. Les conséquences des choix de non-intervention des États-Unis se mesurent de manière de plus en plus étendue dans nos années Vingt, et replacent le pays face un dilemme qui culminera dans le contexte des élections présidentielles de 2024.

Il n’y a pas de grand complot américain.

Il y a un processus hasardeux, chaotique, qui a assis une hégémonie mondiale et imposé un centre.

Dans un nouvel ouvrage qui est déjà une référence, Henry Farrell et Abraham Newman racontent comment les États-Unis ont arsenalisé l’économie mondiale.

Agathe Demarais les a rencontrés.

Le plan de relance et d’investissement NextGenerationEU pourrait marquer un changement de paradigme. Mais depuis son lancement en 2020, il connaît de nombreuses difficultés qui tiennent autant au contexte qu’à certaines fragilités structurelles. Dans une étude informée, illustrée de nombreux graphiques, Boris Julien-Vauzelle fait le point sur une initiative clef de l’Union.

Le découplage entre la Chine et les États-Unis peut-il être total  ? Si le durcissement des discours et des réglementations est indéniable de part et d’autre, la guerre des capitalismes politiques se heurte à la réalité de l’imbrication des deux économies. Dans ce nouveau texte dense et fouillé, Ding Ke décrit les scénarios possibles dans le sillage de cet affrontement globals sur un nouveau front  : après le commerce, les hautes technologies.

C’est en Asie orientale que l’affrontement que se livrent Pékin et Washington est le plus brutal  : production, exportations, travail — au cœur de cette lutte, il y a une structure et une stratégie bien ancrées. Dans ce premier volet d’une enquête en trois parties, Ding Ke expose les nouvelles armes commerciales mobilisées à l’Est du continent asiatique.

La loi du plus fort est entrée dans le code global.

La matrice du droit dur s’étend  : une galaxie de règlements permet aux États d’exercer une forme d’ingérence dans un nombre croissant de secteurs économiques. La sécurité nationale nous protège contre nos adversaires, mais aussi contre nos alliés — dans l’affrontement des macro-modèles, jusqu’où s’étendra l’arsenal du droit  ? Luca Picotti, qui vient de publier La legge del più forte. Il diritto come strumento di competizione tra Stati (Luiss University Press), fait le point.

Les nationalistes sont les enfants de la mondialisation.

En relisant l’héritage de Friedrich List, l’un des pères du nationalisme allemand, Marvin Suesse essaye de comprendre comment nationalisme économique et mondialisation s’accommodent l’un de l’autre dans un contexte de grande fragmentation géopolitique.

Les géants chinois de l’automobile électrique sont en train de conquérir le monde. Ils ont d’ores et déjà érodé la base de la très puissante industrie automobile allemande — au point de lui faire craindre une disparition totale du marché. Alessandro Aresu et Alberto Prina Cerai signent une étude indispensable pour saisir les dynamiques profondes qui forgent le futur de l’affrontement des capitalismes politiques.

L’année dernière, l’Indonésie a produit près de la moitié du nickel mondial. En exploitant une ressource longtemps confisquée, le pays veut construire une chaîne de valeur et profiter du boom des véhicules électriques — quitte à promouvoir un protectionnisme asiatique. Alors que Jakarta pourrait pivoter vers les BRICS, la guerre des capitalismes politiques atterrit en contexte post-colonial.