Théo Boucart


Plus d’un an après sa présentation par la nouvelle commission von der Leyen, le 11 décembre 2019, la stratégie énergétique et environnementale de l’Union européenne présente un premier bilan encourageant, malgré la pandémie de coronavirus qui fait rage en Europe. Loi climatique européenne, rehaussement des ambitions sur la baisse des gaz à effet de serre en 2030, soutiens financiers… Les institutions européennes peuvent s’enorgueillir d’avoir lancé plusieurs chantiers de première importance, mais surtout d’avoir inscrit la protection du climat dans l’action de relance de l’économie européenne

Les pays européens, bon indice de performance environnementale

Le 10 mars dernier, la Commission européenne a présenté sa stratégie industrielle renouvelée, avec pour objectif de diminuer les émissions de CO2 du secteur industriel tout en renforçant la compétitivité des entreprises européennes. Très utilisé dans l’industrie, l’hydrogène fait partie intégrante de cette nouvelle stratégie, via la création d’une «  Alliance de l’hydrogène propre  ». Si ce vecteur énergétique est considéré comme le chaînon manquant vers la neutralité climatique en 2050, une diffusion à grande échelle de l’hydrogène décarboné, produit à partir d’électrolyse de l’eau, dans le secteur industriel ne devrait être possible qu’après 2030, notamment pour des raisons économiques.

Les pays européens, bon indice de performance environnementale

La Commission von der Leyen présentait le 4 mars dernier sa «  loi climatique  », l’initiative législative phare de son Green Deal. Censée rendre l’objectif de neutralité climatique «  irréversible  », la loi climatique entend poser de nouveaux objectifs contraignants à horizon 2050, annonce un rehaussement non-déterminé de l’effort d’ici 2030, et amende également le règlement 2018/1999 relatif à la gouvernance de l’Union de l’énergie (en s’arrimant à sa mécanique de plans nationaux énergie-climat). Si la présentation de la proposition de la Commission s’est faite en fanfare, de nombreuses critiques n’ont pas tardé à s’exprimer, émanant aussi bien des Etats que des partis politiques ou des organisations de la société civile.

Le premier ministre Boris Johnson a annoncé mardi 4 février le lancement de «  l’année climatique  » au Royaume-Uni, avec en point d’orgue la COP26 à Glasgow en novembre prochain. Alors que Downing Street se considère comme un leader de la transition énergétique, quels seront les impacts de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, pour l’un et l’autre, dans la transition énergétique  ? Si Londres laisse planer le doute sur son respect des règles européennes après 2021, l’UE pourrait perdre avec le Brexit une voix pro-transition énergétique importante.

La chancelière allemande Angela Merkel a rappelé toute l’importance de la lutte contre le changement climatique lors de ses vœux télévisés du 31 décembre 2019, puis lors du forum économique de Davos. Si la rhétorique est engagée, peut-on en dire autant de la politique climat-énergie de l’Allemagne  ? Si le pays a été un pionnier de la transition énergétique, son action s’est quelque peu essoufflée ces dernières années.

Cette semaine, à l’occasion de la première session plénière du Parlement européen de 2020, le Grand Continent propose une analyse des grands volets de la politique climatique de la Commission européenne. Les ambitions du Green deal concernent tous les secteurs de la vie économique et politique européenne, et donneront lieu à des annonces et à des engagements des États membres et des institutions européennes tout au long de l’année, jusqu’à la COP26 à Glasgow en décembre, et en 2021. Aujourd’hui, le Green deal comme outil de la politique diplomatique de l’Union, entre difficile convergence des États membres sur les contraintes à consentir dans la lutte contre le changement climatique, et défis stratégiques pour l’Union à l’intérieur et au-delà de ses frontières.

Jeudi 12 décembre, la chambre des représentants américaine a voté des sanctions contre Nord Stream II, deuxième gazoduc devant relier la Russie et l’Allemagne. Alors que la plupart des obstacles ont été levés, ces sanctions pourraient-elles sonner le glas du projet, avant même sa mise en service  ? Quelles sont les implications plus larges pour la politique énergétique européenne  ?

Le 5 décembre, les équipes en charge des négociations du Parlement européen et la présidence finlandaise du Conseil ont trouvé un accord sur une «  taxonomie de la durabilité  » dotée de critères clairs pour le financement d’une économie durable et bas-carbone. L’accord est ambitieux et devra être validé par le Parlement et le Conseil. Il pourrait constituer un pilier solide du «  Green Deal  » de la nouvelle Commission.