Dans un « Lunch with the FT » publié en juin 2021, Henry Foy, alors en charge du bureau moscovite du Financial Times, retranscrivait une conversation avec Vladislav Sourkov 1, ancien vice-Premier ministre russe et conseiller présidentiel de Poutine sur la question ukrainienne.
Au cours de ce déjeuner, Sourkov exposait ses idées sur toute une série de sujets : les concepts de démocratie souveraine et de Nord global, la nature artificielle de l’Ukraine en tant qu’État-nation indépendant et celle, expansive du « monde russe ».
L’ancien conseiller spécial en était convaincu : la « démocratie souveraine » était le bon choix pour la Russie, loin de la conception universaliste de la démocratie libérale ; le libéralisme ne saurait être le système de gouvernance normatif par défaut.
Sourkov se hasardait plus loin.
Au détour de la conversation, il en venait à penser que les États-Unis commenceraient à se rallier au modèle russe de gouvernance, avec des élections formelles soutenues par un gouvernement bien établi.
L’Ukraine n’était pas en reste. Lors de l’entretien, Foy se laissait dire que « les Ukrainiens sont très conscients que, pour l’instant, leur pays n’existe pas vraiment. J’ai dit qu’il pourrait exister à l’avenir. » Selon Sourkov, cette existence se ferait toutefois selon les conditions de la Fédération de Russie, et non de l’Ukraine ; celle-ci serait une création artificielle sans légitimité ni droit d’exister.
Pour les Ukrainiens qui ne partageaient pas sa vision, Sourkov n’avait guère plus d’empathie.
L’histoire, ça sert, d’abord, à justifier la guerre
Surnommé « le cerveau de Poutine » 2, « le cardinal gris » 3, inspirant à Giuliano da Empoli le personnage du « mage du Kremlin » 4, Sourkov a eu une carrière variée, de l’armée à l’écriture de romans de science-fiction. Il a cependant disparu de la vie publique au moment du lancement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie, en 2022 5.
Trois ans plus tard, en 2025, le magazine français L’Express publiait un entretien avec lui. Dans cet article — qui valut au journal de devoir s’expliquer auprès de ses lecteurs d’avoir accordé du temps et de l’attention à une figure si controversée — l’ancien bras droit de Poutine explique plus clairement à un public international ce qu’il entend par « monde russe » (Russkiy mir) :
« J’ai construit une idéologie basée sur le concept du « monde russe », [idéologie] qui existait déjà dans les cercles philosophiques. Le monde russe n’a pas de frontières. Le monde russe est partout où il y a une influence russe, sous une forme ou une autre : culturelle, informationnelle, militaire, économique, idéologique ou humanitaire… En d’autres termes, il est partout. L’étendue de notre influence varie d’une région à l’autre, mais elle n’est jamais nulle… Nous nous étendrons dans toutes les directions, aussi loin que Dieu le voudra et aussi forts que nous le sommes déjà. » 6
Une nouvelle ère de retranslatio imperii ?
Dans cet entretien, où son manque de compassion pour les souffrances de l’Ukraine et de ses communautés est manifeste, Sourkov développe davantage un argument bâti autour de la translatio imperii ou, comme lui-même le formule, de la retranslatio imperii.
Si le terme de translatio imperii remonte à l’Antiquité — et si son sens fut infléchi par les écrivains médiévaux 7 —, dans la formulation de Sourkov, il prend une toute autre signification : le passé impérial de la Russie et l’échec de ses relations avec l’Occident après 1989 signifient que « la solitude géopolitique est une constante dans la perception que notre nation a d’elle-même ». En d’autres termes, la Russie doit être capable de forger librement son propre destin et de reconstruire son autorité pan-continentale en empruntant la voie de l’indépendance.
Pour emprunter ce chemin, la Russie aurait besoin d’une figure impériale : « Les périodes sans tsar se terminent toujours par un désastre pour nous. » 8
À la différence de cadres de référence comme le néo-impérialisme ou la nostalgie post-impériale, la formulation de Sourkov s’appuie sur une force historique et géopolitique plus large reliant les empires du passé — de la Rome antique à Moscou, en passant par l’Empire byzantin.
En mettant l’accent sur une « retraduction » de la forme impériale qui est aussi un nouveau transfert, Sourkov souligne la nature répétitive de la transmission du pouvoir, suggérant une continuité entre empires — russe ou autres — se succédant au fil des siècles.
L’ancien vice-Premier ministre, comme d’autres, utilise ainsi le mythe de Moscou comme « troisième Rome » afin de militer en faveur d’une Russie post-soviétique revigorée, indépendante de l’Est et de l’Ouest 9 et qui ne saurait être circonscrite par des frontières rigides.
Dans un entretien pour le documentaire de 2025 Russie. Le Kremlin. Poutine. 25 ans, Sourkov le soutenait sans détour : « Moscou est la Troisième Rome, et il n’y aura pas de Quatrième. Nous sommes donc les vrais chrétiens. »
La stratégie du Kremlin et ses doubles
Les concepts de Sourkov, tels que « le monde russe » et « la démocratie souveraine », se fondent sur un mélange hétéroclite de signifiants civilisationnels, religieux, historiques et mythiques.
Selon cette vision, le monde de la Russie serait à la fois sans frontières, spirituellement éclairé et géopolitiquement indépendant 10.
Il est facile de rejeter les affirmations les plus extravagantes de Sourkov concernant l’émergence d’une « civilisation nordique » et d’une confédération Russie-États-Unis-Europe qui ferait contrepoids à un « Sud global » toujours plus peuplé 11.
Mais quand Sourkov soutient que la Russie de Poutine n’est pas la seule à vouloir modifier son empreinte territoriale — citant en exemple ceux qui, plutôt que de la rejeter, préfèrent s’en inspirer 12 — il touche à un point important.
Sourkov a-t-il raison quand il dit que notre époque est celle d’une retraduction impériale qui s’étend ?
De Trump et Netanyahou à Erdogan et Modi, l’ascension d’hommes forts a coïncidé avec une série de conflits frontaliers, de fantasmes d’annexion et de confiscation de terres, tous clairement destinés à élargir, renforcer et dynamiser leurs pays — pour les agrandir.
Si ces manœuvres présentent des similitudes en termes de stratégies spatiales et d’agrandissement territorial, il faut également prendre en compte des imaginaires culturels, historiques et géographiques distincts ; les choses ne sont pas « retraduites » de manière uniforme — et les agents chargés de définir l’étendue spatiale de ces « empires retraduits » ne sont pas toujours les mêmes.
Pour le dire plus succinctement : ce qui trouve écho auprès d’un certain public russophone ne dépassera certes pas nécessairement les limites de ce groupe, mais certains points de convergence entre ces rhétoriques méritent toutefois d’être soulignés ; en particulier — et sans qu’il y ait nécessairement une influence directe — les parallèles entre Trump et Poutine ont de quoi troubler.
Pleinement maîtrisée, la géographie participe à l’après-guerre : avec elle, il est possible de naturaliser la conquête, le contrôle et l’incorporation d’autres territoires et peuples.
Klaus Dodds
Géopolitique civilisationnelle et rêves revanchistes
Dans un ouvrage clef 13, l’éminent géographe politique de l’université de Californie à Los Angeles John Agnew distinguait trois âges de la géopolitique.
Le premier, dit de la « géopolitique civilisationnelle », fut celui des empires européens. Pendant cette période, qu’on pourrait prolonger jusqu’au XIXe siècle, les penseurs et les dirigeants européens eurent tendance à présenter leurs nations et leurs empires comme des forces civilisationnelles, considérant les autres comme arriérés et barbares ; l’expansion et la colonisation impériales s’expliquaient et se justifiaient par une mission civilisatrice.
Cette vision des choses a été remise en question par l’effondrement des empires européens au XXe siècle, sous l’effet combiné des guerres, des mouvements indépendantistes et de l’émergence des États-Unis comme champions d’un ordre international fondé sur des règles — telles que les incarnent les Nations unies et le principe d’autodétermination. Pour Agnew, la période postérieure à 1945 marque ainsi le début d’une nouvelle ère, façonnée par une « géopolitique idéologique » exacerbée par les rivalités économiques, politiques et culturelles entre les États-Unis et l’Union soviétique.
Entre la géopolitique civilisationnelle et la géopolitique idéologique, Agnew dégageait pourtant, au XIXe siècle, une « géopolitique naturalisée ».
Inspirée du darwinisme social et de divers courants de déterminisme environnemental et de luttes naturalistes autour de l’espace et des ressources, cette pensée affirmait que le destin des nations était déterminé par leur héritage géographique et leurs ressources. Ses détracteurs, eux, dénoncèrent l’égoïsme profond et l’indifférence délibérée de cette forme de géopolitique : par elle, les acteurs politiques formulent et mettent en œuvre des discours identitaires et des actions visant à garantir l’expansionnisme spatial et la domination d’autres lieux.
La « géopolitique naturalisée » eut pourtant de nombreux adeptes.
Pour améliorer les perspectives de leur pays, certains auteurs allemands tels que Friedrich Ratzel affirmèrent ainsi que les nations devaient rechercher un « espace vital » (Lebensraum) ; plus tard, le juriste nazi Carl Schmitt parla plutôt d’un « grand espace » (Grossraum).
Dans sa vision d’un nouvel ordre mondial, Schmitt considérait que la doctrine Monroe (1823) offrait un modèle aux nouvelles grandes puissances pour acquérir une sphère d’influence — comme l’Allemagne nazie avec l’Europe continentale 14.
Mais l’imaginaire géopolitique de Sourkov doit également beaucoup au deuxième âge de la géopolitique.
Sourkov est convaincu que la Russie est unique — c’est de là que viendrait sa « solitude géopolitique » — et que sa mission civilisationnelle serait telle que son monde serait voué à s’étendre. La sphère d’influence russe n’aurait ainsi pas à être limitée par les frontières internationales forgées à l’ère post-soviétique. Dans cet esprit, si l’Ukraine est une entité artificielle sans aucune légitimité, alors la mission revancharde de la Russie serait vertueuse.
Une série de conséquences très concrètes s’ensuivent : l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par Poutine ne saurait être circonscrite, malgré les concessions faites par le président Trump, qui s’apprêterait à reconnaître le contrôle souverain de facto de la Russie sur la Crimée et les régions orientales de l’Ukraine.
Toute renaissance d’une forme d’empire implique presque inévitablement deux manœuvres : une amnésie marquée quant au passé colonial doublée d’une nostalgie.
Klaus Dodds
Convergence de discours : de Poutine à Trump et retour
Il existe bien des similitudes entre la vision du monde de Sourkov et l’adhésion du président Trump à l’America First.
Tout comme Poutine, Trump est animé par un mécontentement à l’égard du libéralisme et de ses effets indésirables. Se focalisant sur les droits des minorités et des immigrants — à qui « l’ouverture des frontières » aurait permis d’entrer aux États-Unis —, il estime également nécessaire de corriger les « injustices » territoriales et les affronts politiques.
Les dirigeants de la Russie et des États-Unis, ainsi que leurs partisans, se plaignent tous deux de la discrimination, de l’injustice et de la négligence dont seraient victimes les populations ethniques blanches, pourtant majoritaires.
Le ressentiment et la victimisation façonnent leurs projets politiques respectifs.
Tous deux sont convaincus que l’empreinte territoriale d’un pays n’est pas figée : si Poutine a annexé la Crimée et attaqué l’Ukraine, Trump se contente pour l’instant d’envisager la prise de contrôle du Canada, du Groenland et même de la zone du canal de Panama 15.
Dans cette logique, les sphères d’influence de la Russie et des États-Unis sont fondées à la fois sur « ce qui leur est dû » et sur le besoin de se renforcer.
Pour l’Amérique de Trump, cet expansionnisme s’inscrit dans une logique coloniale : les États-Unis auraient « besoin » du Canada et du Groenland pour leurs ressources critiques en minéraux et pour une éventuelle expansion vers le nord — si d’autres régions du pays étaient menacées à l’avenir par des inondations extrêmes, des incendies et, plus au sud, des dommages liés aux conditions météorologiques.
Le président américain est convaincu que les États-Unis auraient payé un lourd tribut pour avoir assumé le fardeau de la défense de l’OTAN et du système international dans son ensemble.
Poutine estime lui aussi que l’ordre international libéral est injuste : le Kremlin présente la Russie post-soviétique comme la victime d’un réalignement et d’un partage inéquitable de son territoire — les deux minant le pays depuis plusieurs décennies, avant même l’effondrement de l’Union soviétique.
Dans les deux cas, ces dirigeants renforcent leur pays par des actions visant l’efficacité plutôt que la légitimité et l’approbation des autres ; en témoignent l’imposition généralisée de droits de douane, la menace de se retirer des forums internationaux et les actions violentes visant à intimider des États plus petits qu’eux — le Danemark et le Venezuela pour les États-Unis, l’Ukraine et les États baltes pour la Russie.
Tout cela se fait au vu et au su de tous.
Face à l’effondrement potentiel du système terrestre, les grandes puissances et les puissances régionales doivent se préparer à un mépris flagrant des « règles ».
Klaus Dodds
La nostalgie coloniale
Dans son livre The Colonial Present publié en 2008 16, le professeur de géographie à l’université de Colombie-Britannique Derek Gregory analyse le présent colonial dans lequel nous vivons ; si sa lecture des événements en Afghanistan, en Irak et en Palestine a été influencée par la guerre mondiale contre le terrorisme, son argumentation reste prémonitoire.
Au début de son ouvrage, Gregory postule que « le colonialisme a toujours consisté autant à façonner la géographie d’autres peuples qu’à façonner leur histoire ».
Le présent fournit les exemples à l’appui d’une telle thèse : alors que la Russie contemporaine cherche violemment à remodeler les géographies souveraines de l’Ukraine et à priver ses citoyens de leur droit de déterminer leur avenir, les manœuvres de Trump concernant le Groenland et le Canada ont été présentées comme visant à annexer le premier et à incorporer le second comme 51e État des États-Unis.
Toute renaissance d’une forme d’empire impliquerait presque inévitablement deux autres manœuvres : une amnésie marquée quant au passé colonial doublée d’une nostalgie, pour ce passé et, plus généralement, pour la grandeur perdue des époques d’expansionnisme territorial.
En janvier 2025, l’administration américaine a publié un décret présidentiel intitulé « Restaurer les noms qui honorent la grandeur américaine ». Celui-ci n’aurait pas pu être plus clair quant à ses objectifs et sa portée :
« Il est dans l’intérêt national de promouvoir l’extraordinaire patrimoine de notre nation et de veiller à ce que les générations futures de citoyens américains célèbrent l’héritage de nos héros américains. La dénomination de nos trésors nationaux, notamment nos merveilles naturelles à couper le souffle et nos œuvres d’art historiques, doit honorer les contributions des Américains visionnaires et patriotes que contient le riche passé de notre nation. » 17
Le décret présidentiel confirme les considérations de Gregory : tout comme le colonialisme, il façonne la géographie d’autres peuples en proclamant que le golfe du Mexique sera rebaptisé golfe d’Amérique.
Sous la direction de Giuliano da Empoli. Postface par Benjamín Labatut.
Avec les contributions de Daron Acemoğlu, Sam Altman, Marc Andreessen, Lorenzo Castellani, Adam Curtis, Mario Draghi, He Jiayan, Marietje Schaake, Vladislav Sourkov, Peter Thiel, Svetlana Tikhanovskaïa, Jianwei Xun et Curtis Yarvin.
Si les États-Unis peuvent certes renommer une entité géographique, l’intervention de Trump révèle une approche des affaires internationales qui témoigne d’une indifférence flagrante à l’égard des sensibilités des autres pays.
En tant qu’ancien magnat de l’immobilier, le président américain est certainement capable de comprendre que la propriété et la dénomination sont intimement liées. Le décret était sans ambiguïté :
« Sec. 4. Golfe d’Amérique. (a) La région anciennement connue sous le nom de golfe du Mexique a longtemps été un atout essentiel pour notre nation autrefois florissante et est restée une partie essentielle de l’Amérique. Le golfe était une artère cruciale pour le commerce américain à ses débuts. C’est le plus grand golfe du monde, et le littoral américain qui borde cette étendue d’eau remarquable s’étend sur plus de 1 700 miles et couvre près de 160 millions d’acres. Ses ressources naturelles et sa faune sauvage restent aujourd’hui au cœur de l’économie américaine. »
Pour la présidente mexicaine, ce décret n’était guère à prendre au sérieux. En réponse, son gouvernement a proposé, sur un ton humoristique, que les États-Unis soient appelés « Amérique mexicaine », compte tenu de l’origine historique des terres situées à l’est du Rio Grande 18.
L’ironie de Claudia Sheinbaum ne dura cependant qu’un temps.
Fin janvier 2025, le gouvernement mexicain a contacté Google pour lui demander de ne pas adopter la nomenclature « golfe d’Amérique » dans ses cartes 19.
Malgré cette demande officielle, une recherche sur Google Maps au Royaume-Uni révèle que l’entreprise a exaucé le désir de Trump ; plus encore, en février 2025, le Comité américain des noms géographiques (BGN) a mis à jour la base de données officielle des noms de lieux.
La suite est connue : le 9 février fut le tout premier jour officiel du golfe d’Amérique 20.
L’idéologie du « monde russe » est implacablement expansionniste ; elle est alimentée par des récits et des représentations géographiques sélectifs, indifférents aux autres versions disponibles.
Klaus Dodds
« Fausses frontières », vraies conquêtes
Pour l’instant, les ambitions territoriales de Trump se sont plutôt limitées à des changements de noms de lieux et à des proclamations plutôt qu’à des annexions et des conquêtes. Dans son approche et ses décisions, pourtant, son administration reflète parfois la pensée de Poutine et de son ancien conseiller Sourkov.
Dans un entretien accordé en février 2024 à l’animateur de télévision américain Tucker Carlson, Poutine a offert à ce dernier et aux téléspectateurs une « leçon d’histoire » très sélective sur la Russie et l’Ukraine, réitérant son affirmation selon laquelle les frontières de l’Ukraine seraient « artificielles » 21.
La convergence est troublante : en mars 2025, Trump a évoqué la frontière « artificielle » entre les États-Unis et le Canada, estimant que celle-ci n’avait peut-être pas beaucoup de raisons d’être 22.
Si Trump a raison de souligner un certain degré d’arbitraire, il n’en reste pas moins qu’il montre une prédilection pour le redécoupage des frontières.
Comme l’indiquait un essai publié en août 2025 par le Democratization Policy Council 23, son passé de promoteur immobilier pourrait avoir informé un imaginaire impérial :
« Le discours que nous entendons actuellement de la part de l’administration Trump est conforme à son programme apparent qui consiste à vouloir effacer (‘annuler’) toutes les tendances libérales du XXe siècle, qu’elles soient nationales ou mondiales. Et sa capacité psychologique singulière à raisonner en tant qu’agent immobilier signifie qu’il n’a pas l’espace cognitif nécessaire pour comprendre les avantages de solutions ambiguës pour des lieux divers et complexes.
Dans sa vision du monde, une seule personne peut contrôler un terrain ou un bâtiment ; si cela peut avoir du sens dans la vente immobilière, cela crée les bases d’une géopolitique où l’un gagne au détriment de l’autre. »
Cette vision du monde sert le président américain — soit qu’il veuille poser en personne désireuse de résoudre les « conflits gelés » des autres, soit qu’il souhaite intervenir de manière décisive pour régler des questions territoriales, avec un œil sur les intérêts et les besoins en ressources des États-Unis 24.
Pourquoi la géographie compte encore : destinées impériales et sphères d’influence
La Russie et les États-Unis ne sont pas les seuls à nourrir des ambitions impériales.
De la Turquie à l’Inde, en passant par Israël et l’Iran, des « dirigeants forts » s’empressent de mettre en œuvre des plans pour créer des pays « plus grands ».
Pour certains membres de la Knesset, le « Grand Israël » qu’ils appellent de leurs vœux engloberait Jérusalem-Est, la Cisjordanie, la bande de Gaza, la péninsule du Sinaï et le plateau du Golan 25.
En Turquie, le président Erdoğan aurait déclaré que « la Turquie est plus grande que ses frontières », aspirant à créer un empire néo-ottoman qui inclurait le nord et l’est de la Syrie. Certaines cartes représentent même une Grande Turquie contrôlant Chypre, certaines parties de la Grèce et de la Bulgarie ainsi que des territoires du Caucase 26.
Dans l’Inde de Modi, le projet d’une « Grande Inde » (Akhand Bharat) est défendu par certains : la controverse autour d’une fresque inaugurée en mai 2023 au Parlement indien, représentant le territoire de cette « Grande Inde », en est la preuve 27. Les voisins internationaux tels que le Pakistan, le Népal, le Bangladesh et les Maldives n’ont pas manqué de faire savoir qu’ils étaient irrités par cette façon de promouvoir l’expansionnisme impérial.
Aujourd’hui, les sphères d’influence régionales et hémisphériques développées et protégées par les puissances mondiales et régionales sont de natures diverses ; leurs moteurs et leurs manifestations varient.
Les grandes puissances et les puissances émergentes se préparent à un monde caractérisé par le dérèglement climatique, la dégradation de la planète, l’effondrement démographique et sociétal, la ruée vers les ressources et les denrées alimentaires ainsi que l’écroulement d’un ordre international, juridique et judiciaire, qui fut jusqu’à présent largement accepté.
Pour parler de ce phénomène, le mot à la mode est désormais « multipolarité ».
Il désigne un monde où les normes internationales sont contournées, le non-respect des règles banalisé faute d’un « système » équitable et la puissance et la sécurité de son propre pays privilégiées sur celles des autres.
Lorsque la collaboration existe encore, elle n’est guère susceptible de se développer qu’entre alliés régionaux ou idéologiques : dans ce monde sans frontières, ce qui compte, c’est l’efficacité et non la légitimité.
Dans une telle situation, les différents pays feront valoir, d’une manière ou d’une autre, que l’ordre international actuel est en crise ; les règles et normes internationales seront affaiblies et d’autres en tireront parti.
La recherche impitoyable de ressources essentielles, telles que la terre et la nourriture, s’imposera en raison de la dégradation du climat, de la croissance démographique, de la pression sur les ressources et de l’affaiblissement du système international.
Face à l’effondrement potentiel du système terrestre, et alors que des régimes ou territoires seront menacés, les grandes puissances et les puissances régionales doivent se préparer à une témérité accrue — et à un mépris flagrant des « règles ».
La géographie est avant tout une forme de connaissance stratégique et politique. Toute nouvelle interprétation d’un empire nécessitera de « nouvelles cartes ».
Klaus Dodds
La géographie comme arme : redessiner les cartes
La prophétie de Sourkov sur la retranslatio imperii pourrait bien se réaliser — n’en déplaise aux Européens.
En octobre 2025, le président russe Vladimir Poutine a proposé que 2027 soit l’« année de la géographie ».
Si cette célébration tire argument du centenaire de la révolution russe et des guerres d’indépendance ukrainiennes, selon les rapports du Barents Observer, elle s’inspire aussi de la guerre en cours contre l’Ukraine et sur l’importance croissante accordée aux territoires arctiques 28.
À cette occasion, Poutine a déclaré que « l’événement principal de l’année sera la consolidation des cartes — de nouvelles cartes — de la Fédération de Russie ».
Il poursuivait :
« Compte tenu de la contribution apportée par nos géographes tout au long de l’histoire au renforcement de l’État et de l’importance capitale de la science géographique, je demande au gouvernement d’envisager de déclarer 2027 Année de la géographie… C’est important pour nous d’un point de vue politique. »
Comme l’a un jour fait remarquer le géographe politique français Yves Lacoste, la géographie est avant tout une forme de connaissance stratégique et politique.
Toute nouvelle interprétation de l’empire nécessitera de « nouvelles cartes » et les revendications associées en matière de connaissance et de contrôle 29.
D’autres éléments renforcent cette vision.
Depuis les années 1970, on a progressivement compris que la géographie ne servait pas seulement à faire la guerre.
Pleinement maîtrisée, elle participe aussi à l’après-guerre : avec elle, il est possible de naturaliser la conquête, le contrôle et l’incorporation d’autres territoires et peuples — en somme, de mener une acculturation spatiale.
Politique de l’éternité
Sourkov n’est clairement pas le seul, en Russie ou ailleurs, à penser que des nations « spéciales » telles que la Russie n’ont pas de frontières.
L’idéologie du « monde russe », comme les expressions de « Grande Inde » ou « Grand Israël », sont implacablement expansionnistes ; elles sont alimentées par des récits et des représentations géographiques sélectifs, indifférents aux autres versions disponibles 30.
La notion de retranslatio imperii n’est pas uniforme ; elle est personnalisée par ses défenseurs et ses partisans pour refléter les circonstances locales et régionales 31.
Malgré ces divergences, tous sont unis par un engagement commun en faveur d’une gouvernance autoritaire, vouée à ce que l’historien américain Timothy Snyder appelle une « politique de l’éternité » dans laquelle les élections et la participation politique sont vidées de leur substance et les éléments critiques de la société civile sont étouffés 32.
Une fois ces éléments mis en place, il devient plus facile pour une nouvelle génération d’hommes forts de projeter leurs projets expansionnistes au-delà des frontières nationales et de prendre le contrôle des terres, des minéraux, des ressources et des voies navigables — au nom de la sécurité et de la défense du monde russe, de l’America First, du Grand Israël ou d’une Turquie sans frontières.
À l’approche du quatrième anniversaire de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, ces éléments doivent être gardés à l’esprit.
Les perspectives pour le peuple ukrainien sont indéniablement sombres.
Le président Trump pourrait reconnaître l’occupation et l’annexion de facto du territoire ukrainien par la Russie.
Un accord de paix pourrait affaiblir davantage la capacité de l’Ukraine à résister à de nouvelles agressions russes.
La légitimité du président Zelensky pourrait être fatalement affaiblie par les scandales de corruption et la marginalisation des grandes puissances.
Quelle que soit l’issue finale du conflit entre l’Ukraine et la Russie, avec l’aval des États-Unis, la pression de la Russie sur le président Zelensky et sur tout président ukrainien lui succédant continuera de s’exercer.
Personne ne devrait sérieusement envisager qu’un accord de paix révisé conduira à un règlement territorial équitable ou stable pour l’Ukraine.
La vulnérabilité à long terme deviendrait alors la nouvelle norme, les revendications russes passant des quatre régions annexées à d’autres dans le sud, l’est et le centre de l’Ukraine.
Trump voudrait quant à lui annoncer avoir mis fin à la guerre en Ukraine avant Noël — et certainement avant le 20 janvier 2026, jour anniversaire de son élection.
Une telle annonce signifierait malheureusement que l’administration américaine approuverait l’annexion des terres ukrainiennes.
Les autres branches du gouvernement américain devront déterminer à l’avenir si elles sont prêtes à rester les bras croisés et à accepter qu’une tierce partie se livre à une confiscation flagrante de terres.
Vladislav Sourkov a bien compris comment un accord de « paix » peut être utilisé pour mettre en œuvre et légitimer des saisies territoriales, ancrer les mécanismes d’influence russes et construire des tremplins pour la prochaine escalade.
Dans le « monde russe », il n’y a ni place ni temps à accorder au « monde ukrainien ».
Post-scriptum : notes après le Sommet Grand Continent
Cet essai sur la retranslatio imperii sourkovienne a été achevé juste avant la troisième édition du Sommet Grand Continent, qui s’est tenue au cœur des Alpes du 3 au 5 décembre. J’ai eu le privilège d’y présider un panel intitulé « L’empire et l’accaparement des terres : le nouveau partage de la Terre », qui tombait à point nommé dans la mesure où il coïncidait avec d’autres réunions de haut niveau sur les négociations entre les États-Unis et la Russie sur l’avenir de l’Ukraine.
Dans ce contexte immédiat, cette discussion a également coïncidé avec un décret du président Trump intitulé « America 250 : message présidentiel à l’occasion de l’anniversaire de la doctrine Monroe » 33 — traduit et commenté dans ces pages. Après une année qui avait commencé par les réflexions du président américain sur l’annexion du Groenland et l’intégration du Canada dans des États-Unis « agrandis », le commentaire trumpiste ne laisse aucun doute sur la dynamique en cours :
« Nous avons rétabli l’accès privilégié des États-Unis au canal de Panama.
Nous rétablissons la domination maritime américaine.
Nous mettons fin aux pratiques non commerciales dans les secteurs de la chaîne d’approvisionnement internationale et de la logistique. »
Notre discussion a adopté une vision large et à long terme de l’accaparement des terres, soulignant que l’annexion, l’occupation et la domination des terres et de leurs ressources font partie intégrante de l’existence humaine depuis des siècles.
S’il existe une nouvelle ère d’accaparement, celle-ci est motivée par une série de facteurs — notamment le besoin de matières premières pour permettre à la fois la transition vers une économie à faible émission de carbone et la croissance explosive des centres de données pour l’IA avec les coûts énergétiques élevés qui en découlent, ainsi que les rivalités entre les grandes puissances pour l’accès aux minéraux critiques, à l’alimentation et à l’approvisionnement en eau.
La géopolitique du cuivre en est un bon exemple.
Pour 2026, on prévoit un déficit mondial de 300 000 tonnes de cuivre raffiné, et la Chine domine la production, de l’extraction à la transformation 34. Les États-Unis et l’Union, ainsi que d’autres pays, dont l’Inde, se livrent actuellement à un jeu à haut risque pour s’assurer et stocker des réserves de cuivre, ainsi que pour développer leur capacité de fusion — soit au niveau national, soit en accédant à des approvisionnements tiers.
Une nouvelle course aux ressources minérales stratégiques va s’intensifier entre les grandes puissances et les puissances régionales, avec le risque que les petits pays et les communautés du Sud et des territoires autochtones soient évincés ou rachetés.
En bref, l’accaparement des terres et des océans risque de s’aggraver malgré les tentatives de mise en place de nouveaux cadres juridiques et moraux appelant au respect de la biodiversité au-delà des juridictions nationales et des droits de la nature.
Après avoir examiné les théâtres régionaux et les ramifications politiques, les participants à cette discussion de haut niveau au Sommet étaient d’accord sur le fait que les États-Unis et la Chine étaient engagés dans une lutte mondiale pour la domination des ressources.
Dans un monde sans frontières, ce qui compte, c’est l’efficacité et non la légitimité.
Klaus Dodds
Une préoccupation récente aux États-Unis concerne l’achat de terres agricoles par des entités chinoises et la question de savoir si ces sites pourraient être utilisés à l’avenir comme plateformes pour des attaques militaires en cas de confrontation entre grandes puissances 35.
Bien que les investisseurs canadiens dans les terres américaines soient beaucoup plus importants que les investisseurs chinois, le Canada n’est pas considéré comme une menace stratégique. L’intensification du changement climatique est de plus susceptible d’accélérer les évaluations toujours plus explicites des terres et de l’eau.
Cela provoquera à son tour de nouvelles tensions dans les régions où d’autres pourraient souhaiter mener des programmes axés sur la conservation dans les bassins versants partagés.
D’autres intervenants nous ont rappelé que les grandes puissances n’étaient pas les seules à mener des programmes d’accaparement des terres. Israël a été accusé de construire un nouveau mur de sécurité à deux miles à l’intérieur du territoire libanais et d’étendre son contrôle autour du plateau du Golan 36. Les Émirats arabes unis ont quant à eux investi et acheté activement dans des domaines tels que l’agriculture, l’exploitation minière, les infrastructures et le pétrole en Afrique, suscitant de nouvelles inquiétudes concernant l’accaparement des terres et des ressources 37.
Les conséquences pour l’Europe sont profondes, d’autant plus que l’Union souhaite faire progresser son pacte vert et sa transition énergétique, avec pour objectif une « Europe climatiquement neutre d’ici 2050 ». L’énergie, les ressources et la technologie sont toutes imprégnées de considérations géoéconomiques et géopolitiques
L’Union est prise entre trois grandes puissances — la Chine, la Russie et les États-Unis — qui poursuivent leurs propres sphères d’influence et leurs plans de domination associés. Le commerce et les droits de douane sont utilisés comme moyens de pression, tandis que des pays comme l’Ukraine sont simplement soumis à des traumatismes violents. Parmi les autres mécanismes d’exploitation figure également l’extraction de données, qui a suscité un regain d’intérêt pour le « colonialisme numérique ».
Michael Albertus, auteur de Land Power et par ailleurs participant de ce panel, nous avertit qu’il nous faut nous préparer à des « remaniements » territoriaux, car les populations du sud de la planète pourraient tout simplement abandonner leurs terres en raison de la chaleur excessive et/ou du manque d’eau 38.
La proximité relative de l’Europe avec l’Afrique signifie que les flux migratoires sont susceptibles de s’intensifier, ce qui sera aggravé par les conflits et les luttes pour les ressources. La Russie de Poutine ne se soucie pas du changement climatique en soi, mais il existe un réel danger que le réchauffement du nord de la Russie soit considéré comme une opportunité d’exploiter davantage la puissance terrestre de la fédération.
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Pendant que se tenait cette discussion, l’ambassadeur d’Ukraine à Chypre, Serhii Nizhynskyi, a déclaré au grand jour ce qui se murmurait depuis longtemps : que l’île était devenue un second foyer pour de nombreuses personnalités de haut rang de la Russie de Poutine — dont Vladislav Sourkov.
Il a souligné que la Russie était très présente en Méditerranée orientale :
« Chypre est une plateforme stratégique pour la Russie, en quelque sorte sa « Crimée au Moyen-Orient ».
C’est pourquoi elle tente de s’y implanter autant que possible : des personnalités telles que Primakov et Surkov, hauts représentants du FSB, ont leur résidence permanente sur l’île. » 39
Cet exemple doit nous rappeler une chose.
Le grand partage de la Terre se poursuit par des accaparements violents.
Mais il se déroulera également au grand jour à travers des transactions immobilières, des golden visas, des projets d’infrastructure — et l’accaparement des données numériques européennes.
Sources
- Voir Henry Foy, « Vladislav Sourkov : ‘An overdose of freedom is lethal to a state’ », Financial Times, 18 juin 2021.
- Ilan Berman, « Russia’s Imperial Mindset Hasn’t Changed », The National Interest, 11 avril 2025.
- « Seriously… – Meet the most powerful man you’ve never heard of », BBC Radio 4.
- Giuliano da Empoli, Le Mage du Kremlin, Paris, Gallimard, 2022.
- Laura Cappelle, « ‘The Wizard of the Kremlin’ Review : Putting Putin’s Rise Onstage », The New York Times, 5 septembre 2025.
- « Vladislav Sourkov, le vrai mage du Kremlin : « La guerre en Ukraine permettra de séparer les brebis et les boucs » », L’Express, 19 mars 2025.
- Par le mot de translatio imperii, les écrivains médiévaux comprirent l’Histoire comme une succession linéaire entre détenteurs de pouvoir, d’un empire au suivant.
- Tout cela rappellera à certains lecteurs le Journal d’un écrivain (1876-1881) de Fiodor Dostoïevski, qui relie l’ambition impériale russe dans les Balkans et en Asie centrale à ses fondements ethniques (slaves et tartares) et aux ambitions civilisationnelles de la Russie — s’étendant de l’Europe à l’Asie ; d’autres idéologues plus récents, tels qu’Alexandre Douguine, ont aussi contribué à définir la mission impériale et civilisationnelle de la Russie, et la nécessité de la destruction de l’Ukraine qui les accompagnent. Voir James Verini, « The Imperialist Philosopher Who Demanded the Ukraine War », The New Yorker, 1 mars 2025.
- C’est en ce sens qu’il faut comprendre leur appel à une « solitude géopolitique ».
- Andreja Bogdanovski, « Russians are ‘successors of true Christianity’ says Putin after 25 years in power », Church Times, 9 mai 2025.
- Certaines des affirmations de Sourkov ont trouvé un écho auprès de ceux qui, au niveau européen, propagent la peur du « remplacement ».
- Mike Eckel, « In First Interview Since Departure, Russia’s Former ‘Gray Cardinal’ Questions Existence Of Ukraine », Free Europe, 26 février 2020.
- John Agnew, Geopolitics, Londres, Routledge, 2004.
- Schmitt s’inspira aussi de la déclaration de James Monroe selon laquelle les puissances européennes ne devaient pas chercher à récupérer leurs anciennes colonies en Amérique. Voir The Grossraum Order of International Law with a Ban on Intervention for Spatially Foreign Powers : A Contribution to the Concept of Reich in International Law (1941), dans Carl Schmitt, Writings on War, traduit par T. Nunan, Cambridge, Polity Press, 2011, pp. 75–124.
- Trump a aussi évoqué des projets ambitieux visant à remodeler d’autres territoires tels que Gaza.
- Derek Gregory, The Colonial Present, Hoboken, Wiley–Blackwell, 2004, p. 11.
- « Restoring Names That Honor American Greatness », White House, 20 janvier 2025.
- Entre 1821 et 1835, une grande partie de l’actuel territoire du Texas, à l’est du rio Grande, fit partie du Mexique. Voir aussi « Gulf opens up between Trump and Mexico over name change », ABC, 27 janvier 2025.
- Tom Gerken, « Mexico asks Google Maps not to rename Gulf of Mexico », BBC, 30 janvier 2025.
- Le communiqué de presse qu’a transmis le BGN à cette occasion s’est efforcé de souligner la rapidité avec laquelle le changement a été mis en œuvre et, notamment, qu’« changement de nom de cette ampleur comporte de multiples facettes et nécessite les efforts de nombreuses personnes. L’adoption du nouveau nom a également été observée à travers le pays dans des applications commerciales telles que Google Maps et Apple Maps. » Voir « As directed by the President, the Gulf of America enters the USGS official place names database », US Geological Survey, 14 février 2025.
- Ido Vock, « Tucker Carlson interview : Fact-checking Putin’s ‘nonsense’ history », BBC, 9 février 2024.
- Le règlement de 1908 sur la frontière entre les États-Unis et le dominion du Canada fut l’aboutissement d’une série de traités conclus aux XVIIIe et XIXe siècles qui traitaient de la géographie politique de l’Amérique du Nord. Voir « ’Artificially drawn line’ : The border and Trump’s plan for Canada », CBC News, 13 mars 2025.
- « “Sharpie Geopolitics” in a Time of Complexity », Democratization policy, 15 août 2025.
- À un moment donné, l’Ukraine craignait réellement que les États-Unis et la Russie ne divisent simplement le pays en deux zones, toutes deux riches en minéraux, dans le cadre d’un accord de paix : une partie russe et une partie « anti-russe ».
- « Netanyahu says he’s on a ‘historic and spiritual mission,’ also feels a connection to vision of Greater Israel », The Times of Israel, 12 août 2025.
- « Turkey cannot be ‘confined’ to its borders and must expand influence : Erdogan », Al Arabiya English, 19 décembre 2024.
- « Twitterati rave about ‘Akhand Bharat’ mural in new Parliament », The Hindu, 28 mai 2023.
- Atle Staalesen, « Occupied territories and the Arctic are focus areas as Putin declares 2027 ‘Year of Geography’ », The Barents Observer, 28 octobre 2025.
- Yves Lacoste, La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, Paris, Maspero, 1976.
- Ivan Diakonov, « « Novorossiya » ideologist claims Russia has no borders and will expand in all directions », Ukrainska Pravda, 23 mars 2025.
- Certains s’inspirent ainsi directement de sources bibliques et religieuses pour former des entités territoriales impériales ; ce fut le cas de l’Empire ottoman et de l’Empire russe.
- Timothy Snyder, « Vladimir Putin’s politics of eternity », The Guardian, 16 mars 2018.
- Maison-Blanche, « America 250 : Presidential Message on the Anniversary of the Monroe Doctrine – The White House », 2 décembre 2025.
- J. P. Morgan Global Research, « Copper Market Outlook », 28 novembre 2025.
- Brit McCandless Farmer, « How China could use U.S. farmland to attack America », CBS News, 12 octobre 2025.
- « Israel building a ‘land grab wall’ deep inside southern Lebanon », The New Arab, 11 novembre 2025.
- Bayan Abubakr, « Ghosts of imperialism’s past, present and future », Mada Masr, 28 octobre 2025.
- Reema Saleh, « Land, The First Frontier : An Interview with Michael Albertus about “Land Power” », The Chicago Review of Books, 15 janvier 2025.
- « Russia turns Cyprus into its Middle Eastern stronghold, Ukrainian Ambassador says », Ukrinform, 5 décembre 2025.