Politique

Giorgia Meloni au Sommet de la démographie de Viktor Orbán : faire l’Europe par la famille ?

De Rome à Budapest, partout sur le continent, les droites illibérales cherchent à façonner le futur de l’Europe. Dans l’angoisse démographique, il se construit pour eux à l’échelle familiale — avec une solution et un mot d’ordre simples : faire plus d’enfants européens. Pour la première fois en français, nous traduisons et commentons ligne à ligne le discours prononcé par Giorgia Meloni au sommet de la démographie à Budapest.

Auteur
Baptiste Roger-Lacan
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© Présidence du Conseil des ministres

Tous les deux ans, Viktor Orbán organise un sommet de la démographie à Budapest. Cet événement a souvent été l’occasion pour lui d’inviter des dirigeants politiques étrangers dont les positions pouvaient se retrouver dans son nationalisme conservateur. Malgré son relatif isolement en Europe depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, il a néanmoins réussi à attirer Giorgia Meloni — elle-même un peu fragilisée au sein de sa coalition, un peu moins d’un an après son arrivée au pouvoir.

Celle-ci a prononcé hier, jeudi 14 septembre, un discours dans lequel sa vision de la famille est l’occasion de présenter une vision de son combat politique. D’un côté, elle contribue à renforcer le prestige du « modèle hongrois » en matière de politique familiale, devenu une véritable référence au sein des mouvements conservateurs, en Europe et aux États-Unis. De l’autre, elle s’inscrit clairement dans ce post-libéralisme — une nouvelle manière de dire anti-libéralisme — qui se développe des deux côtés de l’Atlantique et dont Budapest est en train de devenir sinon la capitale, du moins le champ d’expérimentation. La présidente du Conseil italienne s’inscrit explicitement dans une tradition politique qui rejette l’individualisme et le libéralisme, qu’il soit politique ou économique, puisque ceux-ci auraient progressivement destructuré les sociétés européennes et conduit l’Europe au bord de la disparition. 

En effet, sa réflexion sur la politique familiale est inspirée par un constat, aussi vrai en Hongrie qu’il l’est en Italie et presque partout ailleurs sur le continent : le taux de fécondité des Européens est le plus bas du monde — avec celui des Nord-Américains. Cette donnée est interprétée de manière univoque comme le signe d’un déclin d’un continent abandonné au désespoir et incapable de préparer son propre avenir. Cette peur démographique, qui travaille depuis longtemps les partis conservateurs d’Europe centrale et orientale dont les pays sont à la fois confrontés à la baisse de la natalité et à une émigration massive de leur jeunesse, est désormais reprise par une dirigeante politique d’Europe occidentale. 

Alors que la question du financement des modèles sociaux européens va se poser avec acuité — comme l’illustre le long conflit social qui a entouré la réforme des retraites en France —, les néo-nationalistes ont déjà trouvé la solution : encourager les Européens à faire plus d’enfants. En creux, c’est une autre menace identifiée par ces partis qu’il faudrait conjurer : l’immigration de masse et le remplacement des populations blanches et chrétiennes par des groupes venues du monde extra-occidental. Alors que Giorgia Meloni est menacée sur sa droite par Matteo Salvini, qui a encore durci son discours sur l’immigration, ces allusions sont aussi une manière de se préparer aux défis politiques nationaux qui pourraient bientôt émerger. 

De Rome à Budapest — partout sur le continent en vérité —, les droites illibérales pensent le futur de l’Europe, et pour eux il se construit d’abord à l’échelle familiale. 

Bonjour à tous,

Je dois bien sûr remercier Katalin Novák, qui elle aussi est une battante.

Cette ouverture est riche d’implicites. Tout d’abord, la présidente du Conseil, qui s’exprime en anglais, salue les principales personnalités politiques : Katalin Novák,  présidente de la République de Hongrie depuis 2022, et Viktor Orbán, le véritable instigateur de ce sommet sur la natalité, évidemment ; mais aussi Roumen Radev, président de la République de Bulgarie depuis 2017, et Philip Mpango, vice-président de la République de Tanzanie depuis 2021. Un peu plus loin dans ce discours, Giorgia Meloni fera allusion à la présence de ce dernier en rappelant que ce sommet réunit des gens de toutes les « latitudes » — manière de repousser les accusations d’eurocentrisme, voire d’ethnonationalisme qui pourraient être portées contre l’initiative d’Orbán. 

C’est une mère de famille excellente, mais aussi une très bonne politicienne et une amie, tout comme le Premier ministre Viktor Orbán, qui est lui aussi un ami de longue date. Je voudrais aussi saluer toutes les hautes personnalités, le président Radev et le vice-président Mpango.

La manière dont elle salue ce dernier, ainsi que Katalin Novák, mérite également commentaire. D’abord, en les qualifiant tous deux d’amis — « de longue date » dans le cas du Premier ministre hongrois —, elle passe logiquement sous silence l’échec de sa tentative de médiation sur la politique migratoire de l’Union au dernier Conseil européen : à l’époque, forte de sa proximité idéologique avec Viktor Orbán et Mateusz Morawiecki, son homologue polonais, elle avait tenté de les convaincre d’adhérer au nouveau règlement sur l’asile et la migration, sans succès — ce qui marquait une véritable fissure entre néonationalistes européens, divisés par des impératifs, des urgences, et des situations géographiques, très différents face aux immigrés venus par la Méditerranée. Par ailleurs, en parlant de Katalin Novák comme d’une d’une excellente mère de famille, Giorgia Meloni fait allusion à l’un de ses discours les plus célèbres — qu’elle cite directement, quelques paragraphes plus loin. Comme elle, la Présidente de la République de Hongrie incarne une forme de cohérence entre la politique nataliste et familialiste qu’elles défendent et leurs vies privées. 

Je crois que nous avons aujourd’hui une occasion importante de discuter d’un certain nombre de questions que l’Italie considère comme centrales, non seulement au niveau national, mais aussi européen : la famille et le défi démographique. Le gouvernement italien place ces questions au centre de son action, avec des mesures spécifiques et en mettant l’accent sur les familles et les enfants dans le cadre des interventions qu’il mène dans tous les domaines. J’y reviendrai plus tard, mais ce que je tiens à dire d’emblée, c’est que nous travaillons avant tout à provoquer un changement culturel important. Il existe en effet une grave crise démographique qui touche certes l’Italie, mais aussi l’ensemble de l’Europe, et qui est en train d’infecter de vastes régions du monde, et notamment l’ensemble de l’Occident.

On touche ici à l’ambition assumée de ce sommet sur la démographie, organisé tous les deux ans par Viktor Orbán depuis 2015. Cette grand-messe des droites radicales européenne et américaine — Mike Pence était invité en 2021 — est quelque peu dépeuplée cette année, en raison de l’indulgence de Viktor Orbán pour Vladimir Poutine, mais elle reste une manière pour lui de traiter de ses obsessions. De fait, la fragilité démographique de la plupart des pays européens — dont les taux de fécondité sont bas — est pour lui un symptôme du déclin occidental. En creux, c’est aussi la question de l’immigration, ou plutôt son rejet, qui se pose. En 2021, Viktor Orbán s’était du reste exprimé sans détour : « Certains, en Occident, croient que l’immigration va stopper le déclin démographique, mais ils ne prennent pas en compte le choc culturel. Un pays n’est viable que si ses citoyens partagent les mêmes valeurs. Sinon, l’Europe va s’effondrer. »

Si nous essayons de comprendre cette crise, on se rend compte qu’elle a des origines lointaines et que ses racines ne plongent pas seulement dans les phases anticycliques de l’économie, mais — et c’est plus dangereux — dans les sables mouvants du mythe de la dénatalité et d’une culture désormais très répandue d’hostilité à la famille. Il y a encore quelques décennies, on faisait des enfants même en temps de guerre ou lorsque l’on vivait dans la pauvreté. 

​​L’histoire de l’Italie le démontre. Après la Seconde Guerre mondiale, bien qu’elle ait été réduite en ruine et se trouve dans une situation extrêmement difficile, l’Italie a connu une phase de grande expansion économique et de forte croissance démographique. En 1964, plus d’un million d’enfants sont nés en Italie et le taux de fécondité était de 2,7 enfants par femme.

La date de 1964, et le taux de fécondité qui lui est associé, ne sont pas choisis par hasard : c’est le taux le plus élevé que l’Italie ait connu dans l’après-guerre, au moment où le pays commençait à ressortir du « miracle économique » des années d’après-guerre. L’ensemble de ces termes sont des mots clefs qui permettent d’évoquer l’image d’un âge d’or où convergeaient l’expansion démographique et économique, sans prendre en compte les effets de la reconstruction ou de la conjoncture européenne.

Les enfants représentaient non seulement la régénération de la famille, mais aussi un élément indispensable du bien-être social, puisque ces enfants, par leur travail, augmentaient les moyens de subsistance des ménages et prenaient soin de leurs aînés. Si aujourd’hui il naît de moins en moins d’enfants, et que ce sont souvent les nations les plus développées qui courent plus vite vers le précipice, on ne peut donc pas réduire la question à un fait purement matériel : il faut aller plus loin, et chercher nos réponses dans les profondeurs. Mais, à notre sens, la démographie n’est pas une question parmi d’autres pour nos nations. Elle est la question dont dépendra l’avenir de nos nations. Je ne pense pas exagérer en disant cela, car il faut avoir le courage de dire que les projections des démographes pour l’avenir sont très décourageantes.

L’une des raisons de cette crise est certainement la manière dont la question est traitée d’un point de vue culturel et médiatique. Considérons, par exemple, combien les modèles sociaux qui nous sont proposés dans les publicités, dans le monde du cinéma et de la télévision, dans le monde des médias en général, ont changé au fil des années. Il s’agit là d’une communication qui a vu s’estomper progressivement l’image typique de la famille avec enfants au profit d’une communication adaptée aux célibataires, qui voit le citoyen-consommateur dans sa dimension individuelle, désengagé de ses appartenances communautaires, à commencer par la première des communautés qui est la famille. Vous savez, il y a quelques années, je suis devenue — enfin — un peu plus populaire, parce qu’au cours d’un discours, j’ai dit « Je suis Giorgia, je suis une mère, je suis une femme, je suis italienne, je suis chrétienne, vous ne me l’enlèverez pas ». Quelqu’un l’a mis en musique, c’était une façon de m’attaquer. Cela n’a pas marché, c’est devenu un tube. Peut-être avaient-ils sous-estimé la façon dont ces mots seraient reçus. Avec ces mots, je voulais dire que nous vivons à une époque où tout ce qui nous définit est attaqué. Pourquoi ? Et pourquoi est-ce dangereux ? C’est dangereux parce que notre identité — notre identité nationale, notre identité familiale, notre identité religieuse — est aussi ce qui nous rend conscients de nos droits et capables de les défendre. 

Lors d’une manifestation organisée par la Lega, à Rome en 2019, Giorgia Meloni, invitée à s’exprimer par ses futurs partenaires de coalition, a critiqué le projet supposé de remplacer « père » et « mère » par « parent 1 » et « parent 2 » sur les documents d’identité, concluant avec la phrase « Io sono Giorgia, sono una donna, sono una madre, sono italiana, sono cristiana ». Dans la foulée, deux DJ ont remixé cette déclaration, en faisant un tube viral, vu par des millions de personnes. Assez vite, Meloni a compris le profit qu’elle pouvait tirer de ce phénomène en intitulant son autobiographie politique, Io sono Giorgia (2021), manière de reconnaître que le succès médiatique du remix avait poussé sa popularité, transformant la dirigeante d’un petit parti évoluant aux marges de la droite italienne — même s’il avait déjà participé à des coalitions gouvernementales sous Berlusconi — en un objet politico-pop.

Au cours de la campagne électorale de 2022, ce discours est devenu la pierre angulaire de son argumentaire puisqu’elle s’est présentée comme la défenseure la plus capable des différentes identités qu’elle enchâsse, qui seraient aujourd’hui menacées. On va voir que ce discours s’inscrit parfaitement dans le nationalisme conservateur que promeut le Premier ministre hongrois depuis 2010 avec une détermination croissante. 

Sans cette identité, nous ne sommes que des numéros, des numéros dépourvus de conscience, des outils dans les mains de ceux qui veulent nous utiliser.

On se trouve ici au cœur du discours de Giorgia Meloni, qui fait directement écho aux positions qu’affirment de plus en plus explicitement Viktor Orbán et ses soutiens, en Hongrie et à l’étranger. La matrice post-libérale qui est la leur —  le nouveau nom que s’est donné le conservatisme antilibéral —  renoue avec l’anti-individualisme qui fut porté par les contre-Lumières (notamment catholiques) et la contre-révolution. Ces mouvements rejetaient les différents projets d’émancipation avancés au XVIIIe siècle par les révolutions atlantiques qui avaient en commun d’affirmer le primat de l’individu et de ses droits inaliénables. Contre la modernité libérale (et l’émergence du capitalisme industriel), ces antilibéraux de droite entendaient restaurer les solidarités traditionnelles ; dans l’ordre économique, ils voulaient reconstruire les organisations corporatives qui avaient disparu ; dans l’ordre institutionnel, il fallait redonner du pouvoir aux autorités traditionnelles — et idéalement rurales — du père de famille au noble local ; dans l’ordre spirituel, il fallait défendre l’autorité et le primat de la religion.

C’est pourquoi je pense qu’une grande bataille pour ceux qui défendent l’humanité et les droits des personnes, c’est aussi de défendre les familles, c’est aussi de défendre les nations, c’est aussi de défendre l’identité, c’est aussi de défendre Dieu et tout ce qui a construit cette civilisation.

La famille, entendue comme une cellule naturelle dont la valeur est largement supérieure à celle d’un agrégat d’individus, est l’une des clefs de voûte de ce projet. Elle est le premier barrage contre un individualisme d’autant plus menaçant qu’il serait le cheval de Troie de deux maux distincts mais équivalents dans le danger qu’ils font peser : le marché et l’État. Sans l’intermédiation des organisations traditionnelles — souvent présentées comme « naturelles », on y reviendra —, ceux-ci se servent des humains comme des « outils ». Ils sont d’autant plus enclin à le faire que l’État comme le marché sont entre les mains de forces menaçantes. Ici, Giorgia Meloni se contente d’évoquer « ceux qui veulent nous utiliser » : la menace est occulte. Viktor Orbán, qui a notamment mobilisé de nombreux tropes antisémites pour s’attaquer à George Soros, a parfois été beaucoup plus explicite dans la dénonciation de ceux qui manipuleraient les victimes de l’individualisme moderne… 

Par-delà ces résurgences d’un discours bien rodé au sein des droites antilibérales, le Premier ministre hongrois a dessiné au cours des dernières années un nouvel antagoniste, dans lequel le danger posé par l’État et celui du marché se mélangent pour détruire les sociétés traditionnelles et ceux qui entendent les défendre. Ne disait-il pas dans un discours prononcé en 2019 (que  nous traduisions et commentions) : « Il y a à Bruxelles une bulle, le monde virtuel de l’élite européenne privilégiée, décalée de la réalité, décalée de la vraie vie, de celle qui se déroule non pas à Bruxelles, mais dans les États-membres. »

On veut nous convaincre que parler de ce sujet n’est pas cool, que c’est pour ainsi dire un combat d’arrière-garde, mené par des gens qui ne savent pas suivre l’air du temps. Eh bien, ils ne nous convaincront jamais. Et peu importe si l’initiative d’aujourd’hui ne fera probablement pas parler d’elle en termes de contenu, mais peut-être en termes d’arrière-plan politique, ce qui est important pour nous aujourd’hui, c’est que des représentants gouvernementaux et institutionnels de différentes nations, de différentes latitudes et de différentes orientations politiques parlent de ce sujet parce qu’ils sont tout simplement assez responsables pour se rendre compte qu’il est décisif. Et je suis ici parce que cela m’intéresse de savoir pourquoi les Italiens n’ont plus les enfants qu’ils disent vouloir dans les sondages ; parce que cela m’intéresse de m’interroger sur la raison pour laquelle l’Europe entière est en dessous du taux de remplacement, c’est-à-dire ces fameux deux enfants par femme qui permettent de maintenir la population à un niveau constant. Les experts parlent depuis longtemps d’un ralentissement. Dans certaines régions, nous sommes déjà en phase de dépopulation. Mais le pronostic à moyen terme, si la tendance ne s’inverse pas, est critique. Et, comme je l’ai dit, les perspectives démographiques sont inversement proportionnelles au taux de prospérité. Pour simplifier, les nations les plus riches sont celles où il y a le moins de naissances. C’est pourquoi il est essentiel de mobiliser des ressources pour soutenir les familles et les enfants. Et cela peut donner des résultats concrets, comme la Hongrie l’a parfaitement démontré. Le pape François l’a d’ailleurs rappelé lors de son voyage apostolique en Hongrie en avril dernier. L’exemple hongrois nous dit que les choses peuvent changer, si on le veut. Ce qu’il faut, c’est la volonté et le courage de prendre les bonnes mesures et de faire des investissements importants.

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Grâce aux politiques développées par le gouvernement au cours des dernières années, la tendance négative du taux de natalité qui affectait le pays depuis le début des années 1980 a été inversée en Hongrie. Aujourd’hui, le taux de natalité a augmenté, le nombre de mariages a augmenté, le taux d’emploi général a augmenté et — ce qui est très important — le taux d’emploi des femmes a augmenté. Je tiens à le souligner parce que je me suis toujours opposée à l’idée avancée par beaucoup selon laquelle encourager la natalité reviendrait à décourager les femmes de travailler. Comme si les deux n’étaient pas compatibles, comme si les femmes devaient de toute façon être condamnées à sacrifier ou le travail ou la maternité. C’est faux.

La Hongrie connaît une baisse de sa population depuis 1980, poussant divers gouvernements à introduire des mesures pour lutter contre cette tendance. À partir de son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orbán a fait de la lutte contre le déclin démographique l’un des piliers de sa politique et de son discours. Des réformes substantielles ont été mises en place, offrant d’importants avantages fiscaux aux familles nombreuses et introduisant des aides au logement basées sur le nombre d’enfants que les couples prévoyaient d’avoir. De plus, des services visant à améliorer le bien-être et l’éducation des enfants, tels que des vaccinations gratuites et des manuels scolaires, ont été proposés. Les parents ont bénéficié de jours de congé payés supplémentaires en fonction du nombre de leurs enfants, et le programme « Women 40 » a permis la retraite anticipée des mères de famille. Les mères de plus de trois enfants sont également exonérées d’impôts. Les Hongrois de l’étranger ont également été pris en compte grâce à des avantages maternels et à un programme de bons pour bébé. Ces réformes ont considérablement augmenté les dépenses familiales de la Hongrie, en faisant l’un des pays les plus généreux de l’OCDE en la matière (mais derrière les pays scandinaves, la France, l’Allemagne ou la Pologne). En une décennie, le taux de fécondité a augmenté en Hongrie, passant de 1,25 à 1,55 enfants par femmes. 

L’exemple hongrois nous dit exactement le contraire : il nous dit qu’en développant des politiques familiales qui marient une approche culturelle favorable à la famille avec des politiques concrètes de soutien aux familles avec enfants et de conciliation famille-travail — en particulier pour les mères — nous pouvons redonner aux femmes la liberté de pouvoir donner naissance à des enfants sans renoncer à une carrière et d’avoir une carrière sans renoncer à avoir des enfants. Car c’est cela la vraie liberté : pouvoir choisir, et pouvoir avoir une vie pleine, parce que les enfants ne sont pas une limite. 

La politique familiale de Viktor Orbán s’est néanmoins traduite par une rupture avec l’État providence tel qu’il a été pensé en Europe depuis 1945, en ligne avec sa volonté de fonder une « société basée sur le travail ». En parallèle de sa politique familiale, il a de plus en plus contourné le dialogue social. De plus, les pensions d’invalidité et de retraite anticipée ont été supprimées, excluant les plus vulnérables du système d’assurance sociale tout en assurant la stabilité pour ceux avec de longues périodes de contribution et des revenus plus élevés. Alors que les réformes de la politique familiale ont profité aux parents employés avec des revenus conséquents grâce aux nouvelles allocations familiales, les familles avec des opportunités limitées sur le marché du travail ou des revenus plus faibles ont été désavantagées. L’absence de mise à niveau des avantages disponibles universellement, combinée à des coupes drastiques dans le système d’assistance sociale, a encore approfondi les inégalités parmi les familles 1.

Il n’empêche, le « modèle hongrois », qui allie dépenses en faveur de la politique familiale au conservatisme social et à un nationalisme qui s’exprime sans détour, est devenu une véritable référence, aussi bien en Europe de l’Ouest qu’aux États-Unis, au sein des droites anti ou post-libérales. Dès 2020, L’Incorrect, situé à l’extrême droite du spectre politique français, présentait la politique hongroise comme un « exemple à suivre », donnant une tribune à Agnes Zsofia Magyar, membre d’un think tank conservateur proche du Premier ministre 2. À la même époque, Gladden Pappin, l’une des figures du post-libéralisme américain défendait un modèle qui correspond bien au « constitutionnalisme du bien commun 3 » défendu par cette branche assez singulière du conservatisme américain 4. Considérant que le libéralisme a failli aussi bien dans le domaine politique qu’économique 5, ses promoteurs assument une ligne très étatiste — d’aucuns diraient autoritaires —, elle est beaucoup plus favorable à la mise en place d’une politique sociale par l’État tant que celle-ci promeut une société traditionnelle. Depuis, Pappin est devenu (en 2023) le président du Hungarian Institute for Foreign Affairs and Trade, un think tank rattaché aux bureaux du Premier ministre. Le rêve hongrois est bien vivant — et il est aujourd’hui promu par Giorgia Meloni. C’est un signe, à neuf mois du début de la Présidence hongroise de l’Union européenne, pendant laquelle Viktor Orbán a d’ores et déjà annoncé qu’il mettrait la politique familiale au premier plan.

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Je fais un travail très difficile, je n’ai pas beaucoup de temps pour tout mettre en place, mais vous savez quoi ? Je suis devenue plus forte lorsque ma fille est née, et chaque fois que je la vois, je sais mieux qu’avant que quand bien même je serais fatiguée ou je penserais « OK, j’abandonne, je n’y arrive plus, ce n’est pas une vie », ce que je fais, je le fais aussi pour elle.  Les enfants rendent également les femmes plus fortes dans leur travail, ils ne sont pas une limite. Nous voulons donc garantir cette liberté et c’est pourquoi l’expérience hongroise sur la famille et la naissance est importante, et je tiens à le dire parce que l’Italie la regarde avec intérêt et admiration pour les résultats obtenus.

Les remarques sur la stabilité du modèle hongrois, qui serait le miroir inversé des fragiles coalitions italiennes, doit se lire au prisme des difficultés récentes de Giorgia Meloni avec l’un de ses deux partenaires : Matteo Salvini, de la Lega. Le 13 septembre, à Rome, au quartier général de la presse étrangère, ce dernier a affirmé que les efforts diplomatiques pour gérer l’immigration avaient échoué. Pour lui, l’Italie est confrontée à une crise qui s’apparente à une guerre, orchestrée par des forces criminelles. Par conséquent, il a annoncé être prêt à utiliser « tous les moyens » pour y répondre. Alors que Meloni n’a pas vraiment réussi à faire avancer le dossier à Bruxelles — entre autres à cause des blocages polonais et hongrois —, cette sortie ne peut qu’être lue comme une critique de son action. Les propos de Salvini révèlent aussi son intention de capitaliser sur le dossier brûlant de l’immigration pour renforcer sa base avant les élections européennes de 2024, ciblant clairement l’aile la plus radicale de la coalition.

J’ai l’honneur de présider le gouvernement italien, comme vous le savez, qui est un gouvernement fort et cohérent, qui est en place depuis moins d’un an et qui a l’intention de travailler en commun pendant de nombreuses années encore (ce qui est rare en Italie, ce n’est pas comme ici où les choses sont plus stables). Notre gouvernement a fait de la naissance et de la famille une priorité absolue.

Par ailleurs, l’éventualité de voir le général Roberto Vannacci investi par la Lega, alors qu’il a été récemment sanctionné par Guido Crosetto, le ministre de la Défense et proche de Meloni, pour ses écrits racistes et homophobes, renforce cette impression de cacophonie. Cette proposition a mis la Présidente du Conseil dans une position délicate. Dans ce contexte, Meloni semble elle aussi vouloir durcir le ton, afin de ne pas se laisser dépasser sur sa droite. Récemment, elle n’a pas mâché ses mots en critiquant Paolo Gentiloni, le Commissaire européen à l’Économie. Elle semble aussi vouloir contourner certaines directives européennes sur la concurrence et a clairement indiqué à l’Europe que l’Italie était à bout de souffle, ses centres d’accueil étant saturés. Enfin, sa visite à Viktor Orbán, que son manque de soutien à l’Ukraine agressé a considérablement isolé — même au sein des droites radicales européennes — est le signe qu’elle cherche à stabiliser certaines alliances.

Après une entrée en matière modérée, la coalition de droite, face à une économie en berne et un sentiment d’isolement européen, semble adopter une posture d’autant plus agressive qu’elle est en proie aux rivalités internes.

Et nous l’avons fait parce que nous voulons que l’Italie ait à nouveau un avenir, qu’elle espère et croie en un avenir meilleur que ce présent incertain dans lequel nous nous trouvons. Nous avons commencé par inclure le mot « natalité » dans le nom d’un ministère pour la première fois dans l’histoire, et nous avons lié la question de la natalité à celle de la famille et de l’égalité des chances. Il ne s’agit pas d’un choix de forme, mais de fond. C’est un choix d’avoir une perspective familiale sur toutes les politiques que le gouvernement mène. Nous n’en sommes évidemment qu’au début, mais nous avons déjà tracé une direction. Nous avons augmenté l’allocation pour enfant unique ; nous avons amélioré le congé parental ; nous avons réformé les instruments de lutte contre la pauvreté en les faisant passer d’une contribution sociale dissuasive au travail à des mesures de soutien aux familles et aux situations de réelle fragilité, en plaçant une fois de plus les enfants et la lutte contre la pauvreté infantile au centre de nos préoccupations. Une fois encore, nous avons relevé le seuil des avantages sociaux non imposables pour les travailleurs ayant des enfants, refinancé les centres de loisirs d’été, aidé les jeunes couples à acheter un logement, et un travail tout aussi important est réalisé sur le front de la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Mais surtout, nous avons placé le critère de la famille, le critère de la natalité, le critère de la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale au cœur de toutes les mesures que nous prenons. Mais — et je tiens à le répéter — nous souhaitons que l’ensemble de notre action contribue aussi et surtout à créer un nouveau climat culturel. Car voyez-vous, quand on parle de dénatalité, il y a encore des gens qui soutiennent qu’après tout, la diminution de la population n’est pas une mauvaise chose. Dans le passé, il y a eu des politiques explicites au niveau international pour contrôler la population et promouvoir la dénatalité. Maintenant que nous sommes clairement confrontés au problème inverse, le fait de placer cette question au centre des politiques continue paradoxalement à susciter des désagréments. Souvent, cette question est instrumentalisée par rapport à celle des migrations, dont on attendrait cet apport en termes de bien-être que nos sociétés nationales devraient se résigner à ne plus offrir. C’est un discours que je ne partage pas ; je pense que les grandes nations et les grands peuples doivent assumer leurs responsabilités dans la réalisation de leur propre avenir et de celui de leur coin de terre. Je pense qu’une part de migration légale, lorsqu’elle est nécessaire et pleinement intégrée, peut être une contribution positive à nos économies, mais je reste convaincu que la solution à la crise de notre système social européen devrait être confiée de manière plus responsable aux citoyens européens qui, au lieu de cela, s’habituent à l’idée que le déclin est un destin. Eh bien, le déclin n’est pas un destin, le déclin est un choix et ce n’est pas un choix que nous ferons. Et après tout, à bien y réfléchir, la dénatalité n’est qu’un autre visage du mythe incapacitant de la décroissance. Comme si la décroissance pouvait être heureuse. Mais non, à mon avis, la décroissance n’est jamais heureuse. Et appliquée à la démographie, elle ne signifie pas seulement un problème de durabilité du système de protection sociale ou de santé, mais elle signifie un manque d’inventivité, de créativité, d’innovation. Un manque d’espoir. Un manque d’avenir. 

Ici, Giorgia Meloni distingue clairement entre deux types d’immigration. La bonne serait « légale » et « positive » : dans d’autres prises de parole et intervention publiques, elle a explicitement suggéré qu’elle était aussi européenne. La mauvaise serait incontrôlée et massive : ailleurs, elle l’a clairement décrite comme venant d’Afrique. Surtout, la première serait symptomatique d’une société forte, capable d’identifier ses besoins et d’intégrer les nouveaux venus. Tandis que l’autre ne serait qu’un pis-aller trouvé par des sociétés devenus incapables de financer leur modèle social : l’immigration deviendrait alors un moyen de soutenir la production nationale de richesse. 

Je tiens à remercier Katalin Novák parce que ce sommet, cette session de travail est consacrée à la famille comme « clef sécuritaire » [key of security dans les textes anglais et italiens] : un concept qui, il y a plusieurs années, aurait pu sembler trivial et qui est aujourd’hui tout à fait courageux. Merci Kat. Il semble que nous ayons besoin de courage parce qu’aujourd’hui, il semble que parler de la famille revient à enlever quelque chose à quelqu’un, au lieu d’ajouter quelque chose à tout le monde — ce que je pense. Comme si chacun d’entre nous, quel que soit son parcours de vie, quelles que soient ses origines, n’était pas né dans un réseau familial. Je peux le dire moi-même qui, comme certains le savent ici, ne vient pas d’une famille à la dynamique « ordinaire ». Pourtant, je me sens en tout point enfant d’une famille. Ces dernières semaines, en Italie, de graves événements se sont produits à Caivano, près de Naples, une soi-disant « zone franche » de laquelle l’État semble s’être retiré depuis longtemps, laissant trop de champ libre au crime organisé au fil des ans. Notre gouvernement est intervenu de manière décisive, dans cet endroit et dans tous les Caivano d’Italie. Et parmi les pierres angulaires de cette intervention, il y a précisément celle qui consiste à inciter les familles à assumer les responsabilités qui leur reviennent, dans le domaine de l’éducation, dans l’éducation de leurs enfants, dans le contrôle des contenus auxquels les technologies les exposent dès leur plus jeune âge, dans la fréquentation de l’école. De même, au cours de ces mois de gouvernement, nous avons essayé de promouvoir l’éthique du travail et la liberté éducative, pierre angulaire, d’une part, des libertés personnelles et, d’autre part, des responsabilités parentales, qu’une certaine approche idéologique considère plutôt comme un miroir aux alouettes. 

La « clef sécuritaire » est le thème du sommet de 2023. Elle approche la famille comme une charnière et le premier relais de l’action politique. Caivano, qu’évoque Giorgia Meloni, est une banlieue de Naples où, au cours de ces dernières semaines, deux jeunes filles ont été violées et plusieurs fusillades ont éclaté. La présidente du Conseil s’y est rendue et, dans la foulée, le gouvernement a approuvé un décret pour lutter contre la délinquance juvénile, élargissant les conditions dans lesquelles des mineurs âgés de 14 ans ou plus peuvent être incarcérés. En liant les attaques supposées contre la famille traditionnelle à la montée de l’insécurité, Giorgia Meloni présente une vision holistique de la société : la déliquescence de l’une serait causée par l’effondrement de l’autre. Elle fait surtout porter le blâme des violences qui traversent certaines zones du territoire italien sur ses adversaires politiques. 

La « clef sécuritaire », il est vrai, c’est la famille. Mais par « clef sécuritaire », il ne faut pas entendre, comme certains voudraient nous le faire croire, l’idée maussade et quelque peu rétrograde d’une superstructure socioculturelle qui n’accepterait pas la liberté individuelle. Mais une « société naturelle », telle qu’elle est également définie par la Constitution italienne, dans laquelle grandissent et se forment les citoyens de demain, dans laquelle chacun peut se former, découvrir ses talents, développer sa personnalité dans un cadre qui garantit la sécurité et la protection, apprendre à aimer et à être aimé, apprendre ce qu’est la solidarité. Aujourd’hui, après une longue offensive idéologique qui a fait que la famille a été peu aidée et peu soutenue, l’institution familiale apparaît en crise, et nous voulons la défendre, la relancer, parce que la famille ne limite la liberté de personne et augmente la richesse de chacun. 

L’article 29 de la Constitution italienne prévoit ceci : « La République reconnaît les droits de la famille comme société naturelle fondée sur le mariage. Le mariage est basé sur l’égalité morale et juridique des époux, dans les limites établies par la loi pour garantir l’unité familiale ».

Nous pensons que l’État ne peut pas prendre la place de la famille, et lorsque l’histoire a tenté de le faire — comme cela s’est produit en Europe de l’Est sous le régime soviétique — les résultats constituent un avertissement à ne pas répéter l’expérience. À propos, j’ai lu avec étonnement ces derniers jours la réapparition de la controverse historique sur les événements de 1956, que nous avons si souvent évoqués avec Viktor et Katalin comme un moment fondateur de la Constitution hongroise et de la démocratie. Cette révolution de 1956 n’était pas seulement une révolte contre la domination étrangère, mais aussi une révolte contre ceux qui tentaient de détruire les fondements de l’identité d’un peuple : leur famille, leur religion, leur appartenance nationale. Ce sont des pages d’histoire qui ne peuvent être réécrites et qu’aucune opération de propagande d’aujourd’hui ne pourra jamais arracher. Des pages d’histoire que nous retrouvons aujourd’hui en Ukraine et que nous ne pouvons accepter.

Giorgia Meloni fait sans aucun doute référence à une affaire qui a été peu discutée en Europe occidentale. Les nouveaux manuels scolaires qui ont été édités en Russie au cours de l’été présente une vision très remaniée de l’histoire russe : la désintégration de l’Union soviétique est décrite comme une tragédie ; la présidence de Vladimir Poutine couvre une centaine de pages ; et l’invasion de l’Ukraine près d’une vingtaine…  Par un effet d’écrasement historique — dans la politique historique du Président russe et de ses proches, le passé se rejoue sans cesse dans le présent — la révolution de Hongrie de 1956 est traitée comme les révolutions de couleur qui, de la Géorgie à l’Ukraine, ont touché certaines anciennes républiques soviétiques dans les années 2000 : toutes sont assimilées à des complots fascistes.

Alors que la révolution hongroise a toujours constitué l’une des clefs de voûte du roman national orbanien — au point de chercher à étouffer toutes les autres mémoires de l’événement —, cette description apparaît comme un véritable soufflet. Curieusement, le Premier ministre hongrois n’a pas directement réagi : au cours de l’entretien qu’il a publié avec le présentateur d’extrême droite Tucker Carlson, il s’est contenté de dire qu’à partir de 2010, Vladimir Poutine et lui avaient convenu de ne plus « s’occuper d’histoire ». Certains ministres ont par ailleurs réagi, sans citer directement le gouvernement russe, pour rappeler qu’en 1956 le peuple hongrois s’était soulevé contre la « dictature communiste ». L’embarras est palpable alors que Viktor Orbán s’est isolé — et au sein même des droites radicales européennes — en adoptant une posture d’indulgence vis-à-vis de Vladimir Poutine. Du reste, dans la référence qu’elle fait à cette crise politico-historique, Giorgia Meloni se garde elle aussi de mentionner directement la Russie. En l’évoquant, elle éclaire néanmoins les raisons de sa venue en Hongrie, qui a été décidée il y a peu de temps : c’est au moment où les amitiés russes de Viktor Orbán sont fragilisées qu’elle vient assister à sa conférence démographique. 

En conclusion, chers amis, les recettes pour placer la famille au centre des politiques de développement peuvent être différentes et sont clairement influencées par les cultures, les identités, les habitudes, les traditions nationales. Mais il existe de nombreuses expériences qui ont fonctionné et qu’il serait important de mettre en réseau — comme l’expérience que nous voyons ici en Hongrie.

Je crois, je suis d’accord avec le Président Radev, que l’Europe doit frapper un grand coup dans cette direction, en mettant au centre les politiques familiales et de natalité, en accompagnant les États-nations vers une plus grande coordination, dans le vrai respect du principe de subsidiarité. Montrer, en somme, qu’elle a bien compris l’ampleur du défi culturel, social et économique auquel nous sommes confrontés. « Une Europe — selon les termes mêmes du Pape François ici en Hongrie — centrée sur la personne et sur les peuples, où il existe des politiques efficaces pour la natalité et la famille, (…) où les différentes nations forment une famille dans laquelle la croissance et la singularité de chacune sont valorisées ». 

C’est aussi notre espoir, mais surtout notre volonté. 

Merci à tous.

Sources
  1. Dorottya Szikra, « Welfare for the Wealthy. The Social Policy of the Orbán-regime, 2010-2017 », Budapest, Friedrich Ebert Stiftung, 2018.
  2. Agnes Zsofia Magyar, « La Hongrie d’Orban : un exemple à suivre en matière de politique familiale », L’Incorrect, 20 novembre 2020.
  3. Adrian Vermeule, Common Good Constitutionalism : Recovering the Classical Legal Tradition, Medford, Polity Press, 2022.
  4. Gladden Pappin, « Affirming the American Family », American Affairs Journal, 2019.
  5. Patrick Deneen, Why Liberalism Failed, New Haven, Yale University Press, 2018.
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