Donald Trump devient le premier ex-président à faire face à des accusations criminelles

Avant le 30 mars 2023, aucun ancien président américain n’avait fait l’objet d’une mise en examen au pénal.

• Si les charges exactes retenues contre Donald Trump ne sont pas encore connues, les accusations devraient concerner les sommes d’argent versées en 2015 à Stormy Daniels par l’intermédiaire de son avocat d’alors, Michael Cohen.
• Après avoir obtenu l’investiture du Parti républicain pour l’élection présidentielle de novembre 2016, Cohen a proposé 130 000 dollars à Stormy Daniels — avec qui Trump a eu une relation extra-conjugale en 2006 — en échange de son silence, après que cette dernière ait considéré révéler l’histoire.
• Un contrat a par la suite été signé entre Stormy Daniels, son avocat et l’avocat de Donald Trump, sans que l’ancien président y appose sa signature¹. Cependant, selon le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, la Trump Organization (le conglomérat appartenant à la famille Trump) aurait comptabilisé le remboursement de ce paiement comme relevant de « frais juridiques » et non comme des dépenses de campagne (soumises à des limites légales), ce qui constituerait une violation de la loi fédérale sur le financement des campagnes électorales².

Il paraît peu probable que Donald Trump soit condamné à l’issue du procès qui aura lieu³. Les procureurs devront notamment parvenir à démontrer que « l’intention de frauder » de l’ex-président incluait l’intention de « commettre ou de dissimuler un second crime », afin que le délit de falsification de documents commerciaux soit qualifié en crime, conformément aux lois en vigueur à New York. Le « second crime » que le procureur de Manhattan devra démontrer pourrait être une violation de la loi électorale, en raison du fait que le silence de Stormy Daniels a bénéficié à la campagne de Trump et contribué à sa victoire.

Quelles sont les conséquences de cette mise en examen pour 2024 ?

• Donald Trump a été le premier républicain à avoir annoncé sa candidature pour la primaire du Parti en vue de l’élection présidentielle de 2024, suivi depuis par Nikki Haley (ainsi que d’autres candidats moins connus comme Perry Johnson ou Vivek Ramaswamy).
• Il demeure depuis en tête de nombreux sondages d’intentions de vote, en moyenne devant Ron DeSantis — bien que celui-ci performe mieux que Trump dans certains États comme le New Hampshire ou bien dans son État de Floride, selon un sondage récent de l’Université de Caroline du Nord⁴.
• Trump lui-même aurait déclaré, selon des sources proches de l’ex-président, qu’il voulait « être menotté » lors de sa comparution devant le tribunal dans l’affaire Stormy Daniels afin d’en faire un « spectacle » servant à appuyer son narratif de martyr⁵.

Malgré l’apparente conviction de Donald Trump qu’un procès lui bénéficierait politiquement et financièrement — au même titre que ses nombreux autres scandales judiciaires —, celui-ci ne l’aiderait probablement pas à reconquérir la Maison-Blanche. Tandis que le Parti républicain est déjà perçu comme trop radical par les électeurs américains (légèrement plus que le Parti démocrate), cette mise en examen pourrait potentiellement l’aider à gagner la primaire du GOP mais lui nuirait lors des élections générales, compte tenu des échecs électoraux successifs du programme trumpiste (ou MAGA)⁶.