Nikki Haley est entrée en politique en 2004 lorsqu’elle s’est faite élire à la Chambre des représentants de Caroline du Sud, État dont elle est devenue la gouverneure sept ans plus tard, en 2011.

  • Bien qu’elle ait publiquement affiché son soutien pour le candidat républicain à la présidence Marco Rubio — avant qu’il n’abandonne sa candidature — puis pour Ted Cruz, défait par Trump lors de la primaire du parti en juin 2016, Haley a été nommée ambassadrice auprès des Nations unies par l’ancien président républicain dès son arrivée à la Maison-Blanche.
  • Avant cela, Trump était allé jusqu’à lui proposer le poste de secrétaire d’État — finalement revenu à Rex Tillerson — qu’elle a refusé, considérant que l’ancien président pouvait « trouver quelqu’un de mieux »1.
  • Sa démission fin 2018 a été particulièrement remarquée en ce qu’elle quitta son poste avec sa « dignité largement intacte », selon le comité éditorial du New York Times2. Cette décision fût perçue comme relevant d’une volonté de se préserver de certaines déclarations de Trump qui conduisaient les membres de son administration à défendre des positions intenables.

Malgré sa proximité avérée avec le Tea Party Movement au début des années 2010 (un mouvement républicain conservateur né au cours de la présidence Obama), Haley s’est tenue relativement éloignée de Trump suite à l’insurrection du 6 janvier 20213. Elle fait notamment partie des Républicains qui n’ont pas embrassé la théorie du Big Lie portée par Trump et qui ont été déçus par le comportement de ce dernier envers son vice-président, Mike Pence — bien qu’elle se soit toutefois opposée à sa destitution4. En avril 2021, Haley avait déclaré qu’elle soutiendrait une candidature de Trump en 2024 et qu’elle « ne se présenterait pas si Trump se présentait »5.

Dans son clip d’annonce de sa candidature, publié le 14 février, Haley a mis en avant ce qui la caractérise comme une républicaine conservatrice mais plus modérée que la frange trumpiste du Parti républicain.

  • La mise en valeur de ses origines indiennes vise à rallier de potentiels nouveaux électorats républicains ;
  • Elle met en avant son expérience en tant qu’ambassadrice auprès des Nations unies pour relativiser le déclin des libertés individuelles, de la presse ainsi que de l’état de la démocratie américaine au cours des dernières années6 ;
  • Haley était gouverneure de Caroline du Sud en 2015 lors de la tuerie de Charleston, suite à quoi elle avait demandé le retrait du drapeau confédéré du Capitole. Dans son clip de campagne, elle appelle à « se détourner de la peur et se tourner vers Dieu » ;
  • On retrouve plusieurs éléments fédérateurs parmi l’électorat républicain : la critique contre « the Washington establishment » (adressée contre l’État fédéral), l’appel à la « responsabilité fiscale » (limiter les dépenses gouvernementales et abaisser le plafond de la dette) et à la « sécurisation des frontières ».

La probabilité que Nikki Haley décroche l’investiture du Parti républicain pour l’élection présidentielle de 2024 est, à ce stade, très faible. Dans un récent sondage conduit par Morning Consult publié le 14 février, elle était créditée de 3 % des intentions de vote. Sa candidature est cependant importante en ce qu’elle est susceptible de diviser l’électorat républicain modéré, nuisant ainsi à une très probable candidature de Ron DeSantis.

La route est cependant longue et Nikki Haley pourrait être affaiblie par la potentielle candidature à l’élection présidentielle du sénateur républicain de Caroline du Sud Tim Scott — une autre étoile montante du GOP qui a joué un rôle-clef aux côtés de Haley lors de la campagne de Marco Rubio en 20167. L’issue de la primaire du Parti républicain dans l’État de Caroline du Sud constituera une étape déterminante pour la future campagne présidentielle.

Sources
  1. Elise Labott, « Donald Trump told Nikki Haley she could speak her mind. She’s doing just that », CNN Politics, septembre 2017.
  2. Comité éditorial, « Nikki Haley Will Be Missed », The New York Times, 9 octobre 2018.
  3. Robbie  Brown, « S.C. Candidate Challenges Status Quo », The New York Times, 9 juin 2010.
  4. Tim Alberta, « Nikki Haley’s Time for Choosing », Politico, février 2021.
  5. Conférence de presse donnée par Nikki Haley le 12 avril 2021, Twitter.
  6. Democracy Index 2022, The Economist Intelligence Unit.
  7. Josh Kraushaar, « Scoop : Tim Scott raises presidential buzz with super PAC hires », Axios, 10 février 2023.