• Cet accord survenait après presque deux ans d’une intense guerre commerciale menée par l’ex-président républicain contre la Chine, à laquelle Pékin répliquait par l’augmentation de certains tarifs douaniers visant des produits américains. Par aversion pour les pratiques commerciales chinoises, Trump défendait cette politique en soutenant que ces dernières coûtaient aux États-Unis des centaines de milliards de dollars par an.
  • Si cette guerre commerciale a finalement été un cuisant échec pour Washington, l’administration Biden a pour le moment décidé de ne pas s’éloigner de ce qui avait été initié par son prédécesseur1. Le 6 septembre, la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, annonçait que « les entreprises qui reçoivent des fonds du CHIPS Act ne pourront pas construire d’installations de technologie de pointe en Chine pendant une période de 10 ans »2.
  • Seulement, depuis la signature de cet accord (désormais expiré), la Chine n’a jamais atteint ses engagements pris dans le cadre de Phase 1. Malgré une augmentation de la valeur des importations chinoises entre 2020 et 2021, celle-ci est restée quasiment inchangée en 2022 (pour le moment). Seule la cible fixée pour les importations de produits agricoles a été dépassée cette année.
  • En raison du déséquilibre et de la recomposition des flux d’hydrocarbures mondiaux, marqués par la baisse voire l’arrêt de livraisons de gaz russe à destination de l’Europe et par la mise en place d’embargos sur certains hydrocarbures russes (gaz et charbon) par des pays occidentaux, le commerce de l’énergie entre les États-Unis et la Chine a largement souffert. 
  • Ainsi, les importations chinoises d’hydrocarbures américains (GNL, charbon et pétrole brut) ont toutes baissé en valeur et en volume depuis le début de l’année par rapport à 2021. Dans le même temps, les exportations américaines de GNL vers l’Union européenne et le Royaume-Uni ont augmenté de 328 % en valeur depuis le début de l’année, au détriment de la Chine et du Brésil principalement.
  • La Chine, en acceptant d’acheter plus d’hydrocarbures auprès de la Russie pour compenser la perte de ses marchés en Europe (et également en raison du plus faible coût) ainsi les États-Unis, en fournissant à ses alliés européens plus d’hydrocarbures pour compenser la baisse de la livraison de gaz russe, ont accéléré le découplage des économies des deux pays.
  • Si les conséquences à ce changement sont multiples et peuvent être amenées à changer, elles pourraient à terme faire peser des risques sur les chaînes de valeur ainsi que sur l’équilibre de l’économie mondiale. Selon Chad P. Bown, senior fellow au Peterson Institute for International Economics : « Un engagement moindre réduit les types de diversification mutuellement bénéfiques qui sont de plus en plus importants dans un monde assailli par les sécheresses, les inondations, les pandémies et autres urgences imprévues. Minimiser l’interdépendance économique pourrait également conduire à des politiques plus extrémistes »3.
Sources
  1. Sur l’impact de la guerre commerciale : Fajgelbaum, P. D., & Khandelwal, A. K. (2022), « The economic impacts of the us–china trade war », Annual Review of Economics, 14, 205-228.
  2. Press Briefing by Press Secretary Karine Jean-Pierre and Commerce Secretary Gina Raimondo, Maison-Blanche, 6 septembre 2022.
  3. Chad P. Bown, « First trade war, now Russia’s real war. Why US exports to China continue to suffer », Peterson Institute for International Economics, 12 septembre 2022.