• Avant le début de la guerre en Ukraine, le gaz en provenance de Russie représentait 40 % des importations de gaz au sein de l’Union — avec certaines disparités selon les pays. L’Allemagne dépendait à 53 % de la Russie pour ses importations de gaz, 33 % pour l’Italie et seulement 7,6 % pour la France. En Slovaquie et en Hongrie, environ 80 % des importations de gaz étaient assurées par la Russie. 
  • Le gazoduc Nord Stream 1 — mis en service en 2012, et qui achemine 55 milliards de mètres cubes de gaz par an entre la Russie et l’Allemagne — ne fonctionne depuis la mi-juin qu’à 40 % de son activité habituelle. La compagnie italienne ENI a annoncé aujourd’hui que son approvisionnement en gaz avait été réduit d’un tiers et le groupe autrichien OMV a dénoncé une baisse de 70 % des volumes de gaz en provenance de Russie par le terminal de Baumgarten1.

  • La maintenance du gazoduc — qui doit s’étendre d’aujourd’hui jusqu’au 21 juillet — fait partie d’une routine annuelle qui ne devrait pas inquiéter les Européens. Cependant, Bruxelles craint que la Russie ne prolonge celle-ci pour restreindre encore plus l’approvisionnement en gaz du continent. Cet arrêt de longue durée perturberait les plans de remplissage pour l’hiver et aggraverait la crise énergétique, avec des conséquentes importantes sur l’inflation et les perspectives économiques des pays européens. Le directeur général de l’association industrielle allemande Zukunft Gas, Timm Kehler, déclarait : « Les derniers mois ont montré une chose : Poutine ne connaît pas de tabous. Un arrêt complet de l’approvisionnement en gaz via le gazoduc Nord Stream ne peut donc pas être exclu »2. La maintenance devrait également être facilitée par la décision d’Ottawa de renvoyer en Allemagne une turbine utilisée pour le gazoduc Nord Stream 1, malgré les sanctions à l’encontre de la Russie3.
  • Plusieurs mesures de rationnement ont été déjà prises au niveau des États-membres. L’Allemagne a déclenché la deuxième étape de son plan d’urgence sur l’approvisionnement en gaz4. Une pénurie cet hiver pénaliserait fortement l’économie allemande qui a connu son premier déficit commercial depuis 1991 au mois de mai. Selon des économistes interrogés par Bloomberg, le risque de récession dans les douze prochain mois a fortement augmenté, passant de 20 % à 55 % en Allemagne et de 20 % à 45 % dans la zone euro5.
  • Les stocks européens sont pour le moment remplis à 56 % de leur capacité. Ils devront atteindre 80 % au 1er novembre. Des achats en commun du gaz, facilité par la Commission européenne, pourrait contribuer à atteindre cet objectif.
Sources
  1. Alberto Brambilla, « Gazprom Cuts Gas Supplies to Italy by One Third, ENI Says », Bloomberg, 11 juillet 2022.
  2. Nina Chestney et Vera Eckert, « Europe on edge as Nord Stream Russian gas link enters shutdown », Reuters, 11 juillet 2022
  3. Steve Scherer et Tom Käckenhoff, « Canada to return repaired Nord Stream 1 turbine, expand sanctions on Russia », Reuters, 10 juillet 2022
  4. Guy Chazan, « Germany dims the lights to cope with Russia gas supply crunch », The Financial Times, 8 juillet 2022.
  5. Alexander Weber et Harumi Ichikura, « Euro-Zone Recession Risk Seen Rising Even as Inflation Peak Near », Bloomberg, 11 juillet 2022