• Depuis le début du conflit, la sécurité alimentaire mondiale est l’un des principaux risques provoqués par l’agression russe de l’Ukraine. Les deux pays étant d’importants exportateurs de céréales, d’engrais et d’huiles végétales, le blocus maritime russe autour des ports ukrainiens constitue un risque global, particulièrement pour les pays pauvres et en voie de développement.
  • À l’heure actuelle, plus de 20 millions de tonnes de céréales ukrainiennes seraient bloquées dans le port d’Odessa, sur la mer Noire, sans compter les navires déjà chargés qui ne peuvent partir en raison du blocus. Initialement fermée à l’idée de chercher une solution lui permettant de continuer d’exercer une pression militaire sur l’Ukraine, tout en autorisant les exportations de céréales, la Russie a finalement accepté de s’asseoir à la table des négociations.
  • Ainsi, depuis ce matin, des délégations militaires russe, ukrainienne, turque ainsi qu’une délégation des Nations unies sont réunies à Istanbul pour tenter de trouver un compromis. La situation est toutefois plus compliquée qu’il n’y paraît car, au-delà de bloquer le commerce en mer Noire, la Russie a également été accusée par plusieurs pays occidentaux ainsi que par les Nations unies de voler des cargaisons de céréales ukrainiennes.
  • La semaine dernière, une enquête réalisée par le Wall Street Journal révélait l’organisation « institutionnalisée » d’un réseau, opérant secrètement en Ukraine, qui vise à récupérer les stockages de céréales des ports ukrainiens afin de les vendre à des pays proches de la Russie — principalement au Moyen-Orient1. À la suite de ces révélations, le ministère des Affaires étrangères ukrainien publiait un communiqué le jour même, condamnant « la tentative du navire russe Zhibek Zholy de transporter des céréales ukrainiennes volées de Berdyansk, occupée par la Russie, vers le port turc de Karasu »2.
  • Le navire russe Zhibek Zholy, avait été arrêté par la marine turque car il était suspecté de transporter des céréales ukrainiennes volées — ce qui a été attesté —, avant d’être finalement relâché, provoquant le « regret » du gouvernement ukrainien, qui a convoqué l’ambassadeur turc à Kyiv3. La Turquie, pays proche de la Russie, mais également de l’Ukraine et membre de l’OTAN, joue un rôle de médiateur visant, aux côtés des Nations unies, à la mise en place d’un corridor dans la mer Noire pour permettre la circulation de navires jusqu’au port d’Odessa.
  • Les négociations s’annoncent toutefois compliquées car l’Ukraine refuse pour le moment la mise en place de ce corridor, arguant qu’il permettrait à des troupes amphibies de prendre d’assaut le port d’Odessa, toujours sous contrôle ukrainien mais harcelé par des frappes et des bombardements russes. De son côté, la Russie exige le droit de fouiller les navires entrant dans le port d’Odessa afin de s’assurer qu’aucune arme n’entre sur le territoire pour ravitailler les troupes ukrainiennes.