• En 2020, la Russie est devenue le premier fournisseur mondial de blé dans le monde exportant annuellement 35 millions de tonnes de blé sur une production de 80 millions. L’Ukraine est le cinquième exportateur de blé dans le monde, ce qui fait que les deux ensembles exportent plus de 30 % du blé et 80 % du colza au niveau mondial. Selon S&P Global Platts, la Russie et l’Ukraine auraient dû exporter 60 millions de tonnes de blé au terme de la récolte 2021-2022. 
  • Alors que les sanctions à l’encontre de la Russie s’accumulent, que la navigation est perturbée dans la mer Noire, que les ports ukrainiens sont fermés ou pris d’assaut par l’armée russe et que l’espace aérien européen est fermé à l’aviation russe, les prix des denrées alimentaires continuent d’augmenter et les retards d’approvisionnement risquent de s’accumuler. Le 2 mars, le cours du blé tendre s’est établi à 361 euros la tonne contre 270 euros le 20 février. Depuis le 2 février, le prix du blé a augmenté de 25 %. Pour le maïs, le prix est passé de 257 euros la tonne le 21 février à 355 euros le 2 mars. Il faut noter que ces dernières années, les marchés du blé ont été particulièrement tendus, en raison notamment des mauvaises conditions météorologiques dans l’hémisphère nord.  
  • Cette flambée des prix des denrées alimentaires pourrait avoir de lourdes conséquences, y compris politiques, en Afrique et au Moyen-Orient. L’Égypte, premier importateur mondial de blé, importe 50 % de celui-ci en provenance de Russie. Le pays dispose de neuf mois de réserve, mais une prolongation de la guerre pourrait provoquer un rationnement du blé dans un pays de plus de 100 millions d’habitants. L’Algérie, deuxième consommateur de blé sur le continent africain, qui s’était tournée vers la Russie pour diversifier ses sources d’approvisionnement, pourrait également se trouver dans une situation difficile. 
  • Confronté à une crise économique depuis plus deux ans, le Liban est encore plus vulnérable. Le pays n’aurait qu’un mois et demi de réserve de blé alors qu’il dépend à 80 % des importations russes et ukrainiennes. Au Yémen, où sévit la «  pire crise humanitaire » selon les Nations unies, plus de 30 % du blé provient d’Ukraine ou de la Russie. 80 % des Yéménites vivent sous le seuil de pauvreté et la majorité des décès causés par la guerre sont liés à la famine. 
  • L’Union importe quant à elle 57 % de son maïs depuis l’Ukraine. À la suite de la réunion informelle des ministres de l’agriculture qui s’est tenue mercredi 2 mars, le commissaire européen à l’agriculture Janusz Wojciechowski, a déclaré que 450 millions d’euros pourraient être débloqués pour faire face à la crise. Aux États-Unis, où l’inflation a atteint 7,5 %, le prix de la farine et des mélanges de farine préparés a augmenté de 10,3 % en janvier par rapport à l’année précédente. Une hausse des prix des produits alimentaires soutenue, pèsera sur les élections de mi-mandat prévues en novembre.