Dimanche 30 janvier, le Portugal renouvelait son parlement unicaméral, l’Assemblée de la République. Bilan en cinq points.

  • Des élections anticipées étaient convoquées après la dissolution du parlement par le président Marcelo Rebelo de Sousa (PSD, PPE) en novembre. Cette dissolution faisait suite aux blocages constatés à l’automne lors du vote du budget : le Parti socialiste (PS, S&D) du premier ministre António Costa, à la tête d’un gouvernement minoritaire, n’avait pas réussi à convaincre les deux formations de gauche radicale qui le soutenaient jusque alors (le Bloc de Gauche – BE – et les communistes) de soutenir le projet de son gouvernement.
  • Sur fond de participation en nette hausse (55,6 %, +7,0 pp), le PS a obtenu cette fois une victoire nette. Il n’est cependant pas acquis que cette victoire lui assurera la majorité absolue des sièges au parlement. Selon les estimations, les socialistes obtiendraient 36,6 à 42,6 % des voix et 108 à 120 sièges sur les 230 que compte l’Assemblée de la République. Les deux formations de gauche qui toléraient le précédent gouvernement accusent quant à elles une forte baisse : le BE devrait perdre la moitié de ses 19 sièges, la Coalition démocratique unitaire (CDU, communistes et Verts) au moins 3 de ses douze mandats actuels.
  • Le Parti social-démocrate (PSD, PPE), principale formation de centre-droit portugaise, arrive second avec 26,7 à 32,7 % des voix, sans réussir à rivaliser avec la dynamique politique du PS. Il devrait obtenir 77 à 89 parlementaires, potentiellement en légère hausse par rapport à ses positions actuelles (79 députés).
  • Les observateurs scrutent avec attention la dynamique du jeune parti nationaliste Chega (ID), fondé en 2019 après quarante ans de relative insignificance de l’extrême droite au Portugal. Le parti devrait obtenir 6 à 12 sièges, mais sa part de voix restera très probablement en-deçà de la barre symbolique des 10 % – un résultat plus faible qu’aux élections présidentielles de janvier 2021. Une autre formation politique relativement nouvelle, l’Initiative libérale (IL, RE) fondée en 2017, disputera à Chega la troisième place de ce scrutin, pour un nombre de sièges équivalent.
  • Une demi-douzaine de sièges restants devrait se répartir entre Personnes-Animaux-Nature (PAN, Verts/ALE), les conservateurs du CDS (PPE) et les éco-socialistes de LIBRE. Des résultats plus détaillés sont attendus dans la nuit et demain lundi 31 janvier.

Nota bene. L’inconnue majeure de cette soirée électorale reste la capacité du PS d’António Costa à obtenir une majorité absolue au Parlement sans devoir compter sur le soutien de la gauche radicale.

Crédits
Vitor Oliveira - CC BY-SA 2.0