Au niveau européen

Afin de ne pas répéter les erreurs du printemps dernier et éviter une mise en place désynchronisée de mesures entre pays européens, les États membres ont adopté une recommandation dans la continuité de la proposition de la Commission du 4 septembre. Celle-ci doit permettre «  d’accroître la clarté et la prévisibilité des mesures de restriction de la libre circulation prises en raison de la pandémie de coronavirus ». 

S’il ne permet pas une véritable coordination de la prise de décision, ce document répertorie les différentes mesures selon des critères communs et une classification unifiée. Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies publie à cet effet une carte à l’échelle régionale alimentée chaque semaine par la transmission de données des États membres.

Ajaccio

Plus grande ville de Corse avec environ 70 000 habitants, Ajaccio a été désignée dès le 8 mars comme foyer épidémique, motivant un arrêté préfectoral portant sur la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées de la cité impériale. La première vague épidémique a particulièrement touché la ville qui comptabilisait au 29 avril 2020 79 % des cas de Covid-19 identifiés sur l’île. 

En ce début de vacances de la Toussaint, le nombre de cas et de foyers de contamination identifiés à Ajaccio augmentent. Le 17 octobre, l’Agence Régionale de Santé de Corse annonce que 2 nouveaux clusters ont été identifiés en milieu professionnel. Dans les deux cas, l’ARS souligne le « relâchement lors des moments conviviaux entre salariés » qui favoriserait la transmission du virus.  Le même jour, un cas positif est identifié à la piscine municipale Rossini ce qui entraîne sa fermeture « pour quelques jours » selon la mairie. De même, les services de l’état-civil de la ville fonctionnent au ralenti après qu’un cas positif a été découvert au sein des effectifs. La situation se dégrade sans pour autant que cela atteigne des niveaux critiques,  l’ARS de Corse ou bien Santé publique France n’ayant pas encore tiré la sonnette d’alarme. Pourtant, le taux de positivité sur 437 testés pour le département de Corse-du-Sud dont Ajaccio est la capitale était bien au-dessus de la moyenne nationale avec 16 % de positivité des tests le 14 octobre, le nombre de personnes hospitalisées à Ajaccio augmente également avec 13 personnes hospitalisées dont 3 en soins intensifs. Signe encore plus marquant de cette reprise de l’épidémie, le taux d’incidence sur la semaine a doublé alors qu’il était en baisse les deux semaines précédentes, passant de 42 cas pour 100,000 habitants à 88 cas pour 100,000 le 12 octobre. Au 17 octobre, il se situe à 149 cas pour 100,000 habitants. 

Dans le cas où le nombre de contaminations continuerait d’augmenter et qu’il y aurait un afflux massif vers l’hôpital d’Ajaccio, celui-ci disposerait de 23 lits de réanimation, dont 10 dédiés aux potentiels patients Covid. Il serait possible, sous extrême tension, de monter le nombre de lits de réanimation sur l’ensemble de l’île à 60, mais cela se ferait au dépens d’autres interventions médicales. Il ne serait alors pas exclu de revoir les scènes d’évacuation de malades par navire militaire comme en mars dernier. Un scénario qui deviendrait d’autant plus probable dans la mesure où le taux de reproduction du virus en Corse est désormais de 1,98, bien au-dessus du seuil d’alerte de 1,50, positionnant l’île comme première région de France sur ce critère.

Afin d’éviter un tel scénario, la préfecture de Corse est plus stricte par rapport à d’autres zones de France métropolitaine quant à l’application du décret de port du masque obligatoire : il est interdit de fumer, téléphoner ou même manger sur la voie publique de la ville en retirant son masque sous peine d’une amende de 135 euros. Le port du masque est devenu obligatoire dans l’intégralité de ville à compter du 17 octobre alors qu’il était limité à quelques rues auparavant. Les comportements des Ajacciens pendant les vacances de la Toussaint détermineront la dynamique de la seconde vague : endiguement ou explosion.

Bruxelles 

Vendredi 16, à l’issue d’un nouveau Comité de concertation fleuve qui a réuni les différents échelons du gouvernement fédéral, le Premier ministre Alexander De Croo a présenté une nouvelle version du baromètre du coronavirus. Il s’agit d’une grille de lecture comprenant quatre niveaux d’alerte basés sur les données épidémiologiques qui déterminent les mesures à introduire lors des différentes phases de cette crise sanitaire.

Au regard de ce nouveau baromètre et de la situation très sérieuse dans le pays, avec 10 448 nouveau cas seulement dans la journée de vendredi – une situation qui a amené le Ministre de la Santé, le socialiste flamand Frank Vandenbroucke, à tirer la sonnette d’alarme contre un « tsunami d’infections » – , le gouvernement a annoncé une « entrée dans la phase 4 », assortie de nouvelles mesures strictes. Cette décision permet d’harmoniser les mesures les plus importantes sur tout le territoire national, après quelques semaines lors desquelles d’importantes différences régionales et locales subsistaient.

Les nouvelles mesures, en vigueur à partir de lundi 19 octobre, prévoient que les cafés et restaurants restent fermés durant quatre semaines dans la totalité du pays. La vente d’alcool est interdite dans les magasins à partir de 20h et les boutiques habituellement ouvertes la nuit devront fermer à 22 heures. Un couvre-feu est également instauré entre minuit et 5h du matin. La bulle des contacts sociaux rapprochés (sans masque ni distanciation) a été limitée à un seul contact. Il demeure possible d’inviter jusqu’à quatre personnes chez soi (toujours les mêmes personnes sur une durée de deux semaines) dans le respect des règles sanitaires. Enfin, le télétravail redevient obligatoire dans la mesure du possible. Les activités sportives et culturelles, tandis que de possibles mesures ultérieures, feront l’objet d’une mise à jour ce vendredi.

Alors que la situation s’aggrave, que les journaux évoquent la possibilité d’un second confinement, et que la pénurie de tampons de test commence à se faire sentir, Bruxelles se vide, les travailleurs expatriés qui le peuvent quittant la capitale européenne pour retourner travailler à distance dans leur pays d’origine, et se prépare à un long hiver.

Photo street art masques La deuxième vague à l'échelle pertinente UE lutte contre la pandémie de Covid-19 Union européenne confinement gestion sanitaire mesures restrictives masques admissions en réanimation morts santé publique

Bucarest 

La Roumanie compte à ce jour 191 102 cas et 6 065 décès. Avec un total de 28 479 cas et 408 décès, Bucarest, qui a une densité de population d’à peu près 10 000 habitants par km, est la ville la plus durement touchée du pays. Si la première vague a été particulièrement intense dans le Nord-Est (dans la région de Suceava – qui a connu des moments critiques, avec un taux important de contamination du personnel de santé), aujourd’hui, les indicateurs sanitaires se dégradent rapidement dans la capitale – le taux d’incidence sur les 14 derniers jours s’élève à 3,05 pour 1 000 habitants. Alors que les restaurants sont fermés depuis le 7 octobre, ces chiffres ont conduit les autorités à prendre des mesures plus strictes, applicables à partir du 20 octobre. Dès que le taux d’incidence passe la barre de 3 pour 1000 habitants, les écoles, ainsi que les terrasses, les bars, les cafés, les cinémas et les théâtres doivent fermer. Le port du masque est obligatoire à l’extérieur, et les évènements tels que les mariages, les anniversaires ou les baptêmes sont interdits. Une réévaluation des mesures devrait avoir lieu tous les 15 jours.

Par rapport au reste du pays, la capitale paraît mieux équipée pour une deuxième vague. Si en termes d’infrastructure, la Roumanie dépense moins pour les soins de santé que tout autre État membre de l’Union et qu’elle a le taux de mortalité le plus élevé des 27 pour les maladies traitables, la situation est très différente d’une région à l’autre – l’accès aux services primaires et spécialisés est plus difficile dans les zones rurales ; à Bucarest, la densité́ de médecins atteint presque le double de la moyenne nationale : le nombre de médecins pour 1 000 habitants est le plus haut du pays (+3).

À l’approche des élections législatives du 6 décembre, la mise en place des nouvelles mesures sanitaires repose sur un équilibre fragile. Alors que pendant la première vague de la pandémie le débat autour des mesures imposées pour freiner la propagation du virus a paru particulièrement politisé à Bucarest, à cause des élections municipales qui ont opposée la maire sortante Gabriela Firea (soutenu par le Parti social-démocrate) à Nicușor Dan (soutenu par une coalition des partis de centre droite, dont le Parti national libéral, au gouvernement), la deuxième vague pourrait concentrer dans la capitale une série d’oppositions liées à la fois à la gestion de la pandémie ainsi qu’à ses conséquences. À titre d’exemple, les questions « crois-tu en l’existence du Covid-19 ? » continuent d’apparaitre dans les transports en commun, ainsi que les groupes des « no-masks » :  le 19 septembre plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans la capitale contre les mesures visant à freiner la propagation du coronavirus, notamment la distanciation sociale et l’utilisation obligatoire de masques dans les écoles, faisant des parallèles entre les mesures prises par le gouvernement et les régimes communistes et nazis. L’utilisation des croix par les manifestants n’a pas échappé aux observateurs : à ces manifestations s’ajoute la rhétorique employée par l’Église orthodoxe qui accuse l’exécutif de limiter la liberté de religion et exerce une pression pour obtenir des dérogations spécifiques aux restrictions.

Une deuxième tendance qui pourrait se confirmer dans les mois à venir concerne les conséquences économiques liées à la pandémie. Les villes de l’Est de l’Europe, malgré leur grand potentiel de développement, pourraient avoir beaucoup plus de mal à dépasser la crise. Le 7 octobre, les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration descendaient dans les rues de Bucarest pour manifester contre le manque de soutien pour le secteur, gravement touché par la pandémie.

Copenhague

Le nombre de cas, qui s’était stabilisé à un chiffre assez bas durant l’été, tend à remonter depuis la fin du mois d’août dans l’ensemble du Danemark. 

À Copenhague et ses environs, une remontée particulièrement forte a été observée depuis début septembre parmi les 20-35 ans. Selon le Statens Serum Institut, on observe dans la ville au vendredi 17 octobre 467 cas testés positifs pour une incidence sur les 7 derniers jours de 67 cas pour 100 000 habitants. La vie nocturne de la capitale a été pointée du doigt par les médias comme la principale cause de cette remontée, conduisant la première ministre Mette Frederiksen à mettre en place de nouvelles restrictions annoncées le 18 septembre, qui renforcent les dispositifs de protection sanitaire dans tout le pays : port du masque obligatoire dans les bars et les restaurants sauf assis, fermeture de ces mêmes établissements à 22 heures, généralisation du télétravail quand les conditions le rendent possible. Jusqu’alors, le masque n’était obligatoire que dans les transports en commun depuis la fin août. Or on observe dans les grandes villes danoises, et tout particulièrement à Copenhague, de plus en plus d’individus porter volontairement un masque dans les supermarchés et autres espaces publics alors que la population et le gouvernement demeuraient très réticents et sceptiques face au port du masque.

Il semble que le modèle adopté par le gouvernement danois soit passé d’une échelle nationale durant la première phase de l’épidémie, au printemps dernier (décision de fermeture des frontières, fermetures des infrastructures publiques, télétravail) à un modèle de restrictions à l’échelle locale et régionale qui s’adapte aux évolutions du virus. De manière assez remarquable, les décisions de restriction restent entièrement dans les mains du gouvernement et ne laissent à la municipalité de Copenhague aucune marge de manœuvre sur les règles de port du masque ou de fermeture. La commune s’en tient à fournir des services sanitaires comme la mise à disposition de lieux d’isolation.

Photo street art masques La deuxième vague à l'échelle pertinente UE lutte contre la pandémie de Covid-19 Union européenne confinement gestion sanitaire mesures restrictives masques admissions en réanimation morts santé publique

De manière plus générale, le caractère minimal de la régulation mise en place tient à la confiance que le gouvernement accorde à ses concitoyens dans la lutte contre la propagation du Coronavirus par la mise en place d’un marquage indicatif de distanciation sociale (le nudge) dans l’espace public. Les décisions gouvernementales sont assez peu critiquées et demeurent bien acceptées par la population. Cette prévoyance des individus s’accompagne d’un équipement systématique en gel hydroalcoolique dans l’ensemble des espaces publics clos.

Madrid

Le vendredi 9 septembre, la déclaration de l’état d’urgence a permis au gouvernement espagnol de restreindre toute entrée ou sortie d’individus dans plusieurs municipalités de l’aire métropolitaine de la capitale. Entrée en vigueur à peine quelques heures avant le début des Fêtes du Pilar, cette mesure a permis d’éviter une éventuelle exportation massive de cas vers le reste de l’Espagne pendant ce qui est, habituellement, un long week-end. Alors que les critères épidémiologique décidés par le Ministère de la Santé début octobre pour coordonner et clarifier la mise en place des mesures restrictives dans les municipalités de plus de 100 000 habitants (plus de 500 cas pour 100 000 habitants pendant les 14 derniers jours, plus de 10 % des tests PCR positifs et plus de 35 % des lits en réanimation occupés) permettaient déjà au gouvernement d’imposer des nouvelles mesures sur le territoire de la Communauté de Madrid depuis le début de la semaine, le Tribunal Supérieur de Justice de Madrid (TSJM) avait rejeté les restrictions, les jugeant nuisibles aux droits et libertés fondamentales.

Initialement perçue comme une victoire de la présidente de la communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso (Parti populaire), lui permettant de s’ériger en tant que nouveau visage de l’opposition et poussant le gouvernement à décréter l’état d’urgence, le rejet du TSJM a engendré une crise interne au sein de la coalition au pouvoir dans la Communauté. Son vice-président, Ignacio Aguado (Ciudadanos), a proposé un confinement total pendant 21 jours afin de diminuer drastiquement le nombre de cas et « sauver » les fêtes de fin d’année. Cette vision s’oppose à celle de Ayuso, qui avait proposé la fin de l’état d’urgence, prévue ce vendredi. En tout état de cause, pour un renouvellement de cet état d’exception le gouvernement doit avoir l’accord du Congrès. Un retour au confinement à l’échelle des quartiers pourrait s’avérer difficile et critiquable car la mesure concernerait surtout les zones populaires de la ville. 

Malgré une mauvaise perception de la gestion de la crise, beaucoup de Madrileños reconnaissent les dangers d’un éventuel retour au confinement, notamment en termes économiques, et soutiennent la demande de Ayuso quant à la mise en place d’un système de tests à l’aéroport de Barajas et à la station ferroviaire d’Atocha, les touristes ayant été, selon eux, les principaux vecteurs de transmission du virus lors de cette deuxième vague. Alors que dans beaucoup d’aéroports européens un certain nombre de voyageurs sont obligés de réaliser un test PCR à leur arrivée, Isabel Díaz Ayuso a réclamé une stratégie commune pour l’espace Schengen.

Avec 3 175 cas détectés et un taux d’occupation de 35,7 % des lits en réanimation vendredi le 16 octobre, la Communauté de Madrid est la région la plus touchée d’Espagne par cette deuxième vague. Toutefois, le nombre de cas baisse depuis quelques jours : le nombre de cas/100.000 habitants pendant les derniers 14 jours est à l’heure actuelle sous le seuil déterminé par le Ministère de la Santé pour la mise en place des mesures restrictives. 
Malgré des températures qui se situent sous la moyenne habituelle pour cette période de l’année, les Madrileños, tout en respectant le port du masque obligatoire, occupent massivement l’espace public et les terrazas des restaurants et des bars, qui ont l’obligation de fermer à 23 heures. Le tapeo et les cañas se poursuivent dans les appartements des jeunes et les copas, en l’absence de boîtes de nuit, s’attardent dans les maisons.

Rome 

La flambée de cas positifs et de décès portés par la deuxième vague de coronavirus  n’épargne pas l’Italie, premier pays européen touché par la pandémie au début du printemps.

Si pendant le premier confinement Rome avait connu un taux de cas/décès plutôt bas par rapport aux villes du nord de l’Italie ou aux autres capitales européennes, aujourd’hui la situation devient très préoccupante. Dans la région du Latium, le nombre de cas confirmés le lundi 21 octobre se situait à 1 219. Le nombre de décès a franchi le cap des 1 000. Dans la capitale, le nombre de cas par jour s’élève à 543. On enregistre de nombreux clusters, particulièrement dans la zone sud-est de la ville, dans les quartiers périphériques de Appio et Torre Angela. Le centre (Asl Roma I) commence aussi à compter +100 cas par jour.

Malgré cette situation, les contestations et le négationnisme semblent persister. Le 10 octobre, une manifestation No Mask de faible ampleur a eu lieu sur la Piazza San Giovanni, rassemblant moins de mille participants. Les acteurs économiques expriment eux aussi leur colère : dans le centre historique, vidé de touristes, la plupart des commerces ont perdu une bonne partie de leurs clients et risque de ne plus pouvoir payer leur loyer. Petites boutiques, anciens artisans, cafés et restaurants historiques – tels que la cave à vin Corsi – luttent pour joindre les deux bouts du mois.

Photo street art masques La deuxième vague à l'échelle pertinente UE lutte contre la pandémie de Covid-19 Union européenne confinement gestion sanitaire mesures restrictives masques admissions en réanimation morts santé publique

Dans ce contexte, au-delà des mesures prises par le gouvernement italien – notamment, l’obligation pour les restaurants d’afficher à l’extérieur leur capacité d’accueil, de fermer au plus tard à minuit et d’accueillir au maximum six personnes par table, et pour les bars de fermer à 18h s’ils ne proposent pas de service à table, fermeture des écoles en Campanie, fermeture des bars à 21h dans le Piémont et bientôt en Lombardie – qui a annoncé hier, mercredi 21 octobre, la mise en place d’un couvre feu de minuit à 5h du matin qui entrera en vigueur demain, vendredi 23 octobre.  

La semaine passée, la maire technopopuliste (M5S) de Rome, Virginia Raggi, avait demandé le renforcement du contrôle dans les supermarchés afin de vérifier le respect des normes sanitaires.

Si prendre un verre après 21h sans réservation était déjà compliqué, la mise en place d’un couvre feu au niveau national ou local semble être la seule mesure possible pour limiter les sorties nocturnes : le 10 octobre au soir, la place Campo de Fiori débordait de jeunes, partout, dans la rue, debout, assis dans les bars et les restaurants.

Ces derniers jours, par contre, on peut remarquer une réduction significative du nombre de personnes dans la rue et dans les bars pendant la nuit. C’est peut-être le début d’un auto-confinement. Un appel à une sensibilité et conscience citoyenne qui avait été motrice lors des  premières phases de déconfinement en mai dernier.

Stockholm 

Comme partout dans le royaume, le mot clé de l’année 2020 dans la capitale suédoise est celui de la responsabilité individuelle. Pas de confinement, pas de fermeture des écoles et pas de port du masque malgré une présence forte du virus tout au long du printemps. Quel résultat pour une ville dont l’aire urbaine compte 2 352 549 habitants ?

Avec 2 408 décès, la capitale suédoise est la ville la plus durement touchée, le pays comptant au total 5 918 décès.

C’était en effet à Stockholm que l’épidémie a pris racine début mars principalement à cause de l’afflux d’un grand nombre de Stockholmois rentrant des vacances au ski depuis les Alpes italiennes et autrichiennes. Dès les semaines suivantes, la mortalité dans la ville augmentait drastiquement, atteignant son pic la deuxième semaine d’avril avec une moyenne de 53 décès par jour, soit une surmortalité de plus de 100 % par rapport à la moyenne 2016-2019. 

Comme dans de multiples autres pays, les quartiers les plus démunis souffrent le plus de la pandémie. Selon un rapport publié récemment par l’Agence publique de santé, 18 % des habitants dans le district de Rinkeby-Kista portaient, en juin de cette année, des anticorps contre le SARS-CoV-2, suggérant la grande portée du virus parmi la population issue de l’immigration, 83 % des habitants du quartier concerné ayant des origines étrangères.

Avec la venue de l’automne, on constate à Stockholm une recrudescence de la circulation du virus. Le nombre de nouveaux cas hebdomadaires ayant augmenté de 329 la dernière semaine d’août à 1 509 la semaine dernière. Cependant, seulement 5 % des nouveaux cas ont 70 ans ou plus.  

Aussi, contrairement à la première vague, les nouveaux cas sont situés davantage dans les quartiers aisés du centre-ville. Selon l’épidémiologiste en chef de l’Agence de santé, Anders Tegnell, cela serait possiblement dû à une immunité dans les quartiers les plus touchés pendant la première vague. Les personnes à risque sont par ailleurs systématiquement confinées.

Même si le niveau des mesures sanitaires coercitives par rapport à d’autres pays pour endiguer l’épidémie est plutôt faible en Suède, la vie sociale et professionnelle ne s’en trouve pas moins ébranlée dans la plus grande ville nordique. Selon une enquête de Novus, 80 % des habitants ont adapté leur style de vie à cause de l’épidémie, une grande partie se trouvent en télétravail. 9 sur 10 personnes affichent la volonté d’en faire une habitude. 

Fin septembre, l’Agence de santé a annoncé qu’elle n’excluait pas la possibilité de mettre en place des mesures restrictives supplémentaires, notamment à Stockholm, si la situation se dégradait davantage. Dans un rapport adressé au gouvernement le mois dernier, elle souligne que le port du masque obligatoire dans les transports publics, l’enseignement à distance au lycée et une réduction de la limite du nombre de personnes autorisées à assister aux événements publics (actuellement 50) pourraient être mis en place dans le cas d’une montée des nouveaux cas.

Photo street art masques La deuxième vague à l'échelle pertinente UE lutte contre la pandémie de Covid-19 Union européenne confinement gestion sanitaire mesures restrictives masques admissions en réanimation morts santé publique

Varsovie

Depuis le samedi 10 octobre, toute la Pologne est classée en zone « jaune ». Partout dans le pays (en zone rouge tout comme en zone jaune) le port du masque est obligatoire dans les espaces publics (à l’exclusion des parcs, forêts, plages) et le nombre de personnes participant aux rassemblements et aux manifestations limité à 25. Les restaurants  peuvent accueillir des clients dans la limite d’une personne pour 4 m2. Enfin, dans la mesure du possible, le télétravail est recommandé.

Depuis le samedi 17 octobre, Varsovie (214 686 cas et 4 019 décès) est passée en zone rouge, c’est-à-dire une zone où le virus se propage exceptionnellement vite. De nouvelles restrictions ont été adoptées : dans les magasins de moins de 100 m2 la capacité est limitée à 5 personnes pour 1 caisse, les restaurants peuvent être ouverts de 6h00 à 21h00, avec une capacité d’une table sur deux. Dans les transports publics, 50 % des places assises ou 30 % des places assises et debout peuvent être occupées.

À partir du 17 octobre également, l’enseignement à distance est obligatoire dans les universités et le secondaire en zone rouge. L’enseignement hybride s’applique en zone jaune. Les écoles primaires sont toujours ouvertes, ce qui suscite beaucoup d’inquiétude. Selon la décision du ministère, la fermeture des écoles est décidée par les stations locales de l’Inspection sanitaire de l’État. Cependant, les directeurs d’école commencent à fermer leurs établissements eux-mêmes car, à ce stade, il demeure très difficile de joindre l’Inspection et d’obtenir une autorisation dans des délais courts. Les enseignants, les élèves et les parents demandent une augmentation du niveau de sécurité dans les écoles, car les recommandations du ministère demeurent pour la plupart impossibles à mettre en œuvre. 

Les autres restrictions instaurées concernent la vie culturelle : les événements sportifs se déroulent à huis clos, les manifestations culturelles sont réduites à 25 % de la capacité normale, et les piscines, parcs aquatiques et salles de sport sont fermés.

Les Polonais ne remettent généralement pas en question la nécessité du port du masque ou de la distanciation sociale. Certaines industries, en revanche, réclament une modification des restrictions. Ainsi, le 17 octobre au matin, une manifestation spontanée de l’industrie du fitness a eu lieu en réaction aux mesures de fermeture, demandant des mesures pour éviter la perte de milliers d’emplois dans le pays. 

Sur fond d’une augmentation inquiétante du nombre des cas, la confiance du public diminue, les hôpitaux deviennent surpeuplés. À Varsovie, on regarde l’avenir avec inquiétude.