Palerme. La seconde guerre civile libyenne a engagé un processus de fragmentation d’ordre politique, social et territorial. Selon Jean-François Daguzan, depuis 2014, « s’est développé un État de non-droit, sans institutions régaliennes de base assurant le monopole de la violence » (1). Le pays est aujourd’hui caractérisé par la scission de ses institutions politiques : l’une trouve son siège au Parlement de Tripoli, l’autre au Parlement de Tobrouk.

La dimension tant régionale qu’internationale implique que certains pays étrangers soient présents au sommet. Bien que la plupart d’entre eux aient leurs propres intérêts à faire valoir en Libye, il semble que Rome considère leur voix comme indispensable pour l’évolution du dossier libyen. Tandis que les États-Unis, la Russie, l’Egypte, l’Algérie, l’Allemagne, la Tunisie et la Turquie ont annoncé la présence de hauts représentants à la conférence, la France n’a pas encore donné de réponse claire et définitive.

À travers cette rencontre, Rome souhaite s’imposer comme médiateur entre les divers protagonistes et ainsi favoriser le dialogue inter libyen. « La présence des principaux acteurs libyens vise à soutenir les conditions de la sécurité et du développement économique, ainsi que le renforcement du cadre politico-institutionnel, une base pour un processus politique fondé sur le plan des Nations unies » (2).

La feuille de route érigée sous l’égide des Nations Unies à Paris en mai dernier est aujourd’hui non avenue. Cette feuille de route visait principalement à organiser des élections législatives et présidentielles avant le 10 décembre prochain, mais les élections sont finalement prévues pour le printemps 2019. L’Italie souhaite réinvestir la place de partenaire privilégié de l’ONU sur la question libyenne face à la France et mettre l’accent sur la réconciliation nationale, la stabilisation et l’économie libyennes.

Perspectives :

  • Vers l’établissement d’une nouvelle feuille de route sous l’égide des Nations Unies ?
  • Un nouveau tournant dans la rivalité franco-italienne pour la reconstruction politico-institutionnelle de la Libye ?

Sources :

  1. DAGUZAN J.F cité par MOISSERON J.Y et TABIB Rafaa, Daech dans la Libye fragmentée, Hérodote 2016 (N° 160-161), p. 389-410.
  2. POLETTI Arianna, Jeune Afrique, Conférence de Palerme pour la Libye : l’Italie espère aboutir à un accord entre al-Serraj et Haftar, 6 novembre 2017.

Soraya Rahem