Riga. Baiba Rubesa, la PDG de RB Rail, le joint venture des trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) qui gère le projet Rail Baltica, a démissionné jeudi 27 septembre pour des raisons de “non durabilité” du modèle de la gestion du projet. L’ancienne PDG a invoqué, entre autres, des conflits d’intérêt parmi les actionnaires (qui incluent les compagnies ferroviaires estonienne, lettone et lituanienne), leur incapacité de produire un modèle de financement viable pour le projet ainsi que le manque de soutien de la part des ministères concernés (1). Mme Rubesa a profité de l’occasion pour faire des propositions concrètes pour l’amélioration du projet, dont une plus grande implication de la Commission européenne qui assure jusqu’à 85 pour cent du financement et une plus grande participation et volonté politique des gouvernements baltes.

Rail Baltica est un des plus grands projets d’infrastructure dans la région depuis 100 ans. Il vise à connecter les pays baltes avec la Pologne et la Finlande par une ligne ferroviaire à grande vitesse (3). Rail Baltica serait intégré au réseau ferroviaire européen qui utilise l’écartement des rails de 1435 mm (tandis que les pays baltes ont été connectés depuis le milieu de XXe siècle à un système soviétique, qui opère jusqu’à aujourd’hui l’écartement des rails de 1520 mm). La ligne sera utilisée pour le trafic de passagers et de marchandises, et reliera Helsinki à Varsovie, en passant par Tallinn, Riga et Kaunas : il s’agira de la première ligne qui traverse les pays baltes du Nord vers le Sud, ouvrant de nombreuses possibilités économiques dans la région (2).

C’est un projet prioritaire de l’Union, largement financé par la Commission européenne, mais il n’est pas simple à mettre en œuvre, car trois pays – l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie – doivent se mettre d’accord. Malgré l’intérêt commun qu’ils ont à développer la région, la contradiction entre leurs visions économiques est parfois forte. Baiba Rubesa a déjà dû faire face aux actionnaires estoniens et lituaniens qui ont exprimé leur méfiance en février 2018 tandis que la PDG avait critiqué les disputes entre les trois pays qui freinait la mise en place du projet.

Néanmoins, le projet Rail Baltica semble déjà être bien “sur les rails” : les parties estonienne et lituanienne ont réitéré leur engagement et ont confirmé que le projet fonctionne sans difficultés majeures et la direction de RB Rail est reprise ad interim par son directeur financier Ignas Degutis. Entre temps à Bruxelles, le 27 septembre, le Comité pour le réseau de transport (TEN-T Trans-European Transport Network) de la Commission européenne a donné les grandes lignes de la mise en œuvre du projet Rail Baltica comprenant les objectifs, un calendrier indicatif et le plan de gestion du projet. Le document, après l’approbation par la Commission, ouvrira la voie au financement du projet.

Perspectives :

  • RB Rail est à la recherche d’un nouveau directeur. Les actionnaires espèrent une relation moins conflictuelle, même si la coordination de multiples intérêts des parties concernés ne sera pas simple.
  • Rail Baltica est considéré par les trois pays baltes comme un projet majeur de leur intégration au réseau d’infrastructure européenne : il est probable qu’il continuera malgré les difficultés apparentes de sa mise en place.

Sources

  1. ERR, Rubesa slams Baltic governments, sees no chance of success without reforms.27 septembre 2018.
  2. Lithuania maps out Rail Baltica connection with capital Vilnius, Railfreight, 15 mai 2018.
  3. Plus d’informations sur le site officiel de Rail Baltica.