Strasbourg. Le 12 septembre, deux tiers des eurodéputés se sont prononcés en faveur de la résolution demandant au Conseil de l’Union de constater l’existence d’un risque grave de violation des valeurs européennes par la Hongrie. Cette résolution vise l’activation l’article 7, dit la “bombe atomique” de l’Union contre un État Membre.

À la source de ce vote se trouve un rapport de l’eurodéputé Judith Sargentini (Verts) présentant les divers domaines – comme le refus de l’accueil des réfugiés, le non-respect de l’État de droit ou encore la dépendance de la justice des dirigeants au pouvoir – dans lesquelles le gouvernement Hongrois de Viktor Orbán a gravement violé, depuis des années, les valeurs de l’Union (1).

Quelques mois avant les élections européennes, les alliances politiques sont en train de se former. Deux camps semblent s’opposer : le premier groupe, dont la “tête d’affiche” est Viktor Orbán, regroupe les opposants à la politique migratoire de l’Union ; quant à l’autre groupe, qui cherche à relancer le projet européen et à approfondir l’intégration, il est pour le moment incarné par Emmanuel Macron.

Dans ce contexte politique extrêmement tendu, le vote en question semble amplifier les clivages entre les sympathisants de ces groupes et même au sein des partis politiques. De ce fait, les élus du principal parti du Parlement européenne, le Parti populaire européen (PPE) – dans lequel siègent aussi les eurodéputés du parti d’Orbán, le Fidesz – ont dû faire face à un vote extrêmement sensible qui risquait d’affaiblir l’unité de leur groupe. Ainsi, les eurodéputés du PPE n’avaient pas reçu de consigne de vote. Quant au président du groupe, l’allemand Manfred Weber (CSU), aspirant également à être élu en 2019 comme Président de la Commission européenne, il a voté en faveur du déclenchement de la procédure pour activer l’article 7 contre la Hongrie (4).

Le jour précédent le vote, le Premier ministre hongrois, se défendait en session plénière à Strasbourg devant les eurodéputés. Il affirmait que la Hongrie est déterminée à ne pas céder au chantage des dirigeants européens qui cherche uniquement, d’après lui, à punir le gouvernement conservateur pour sa politique de refus d’accueil des migrants (2).

Suite au vote, dans son commentaire, le ministre des Affaires étrangères hongrois, Peter Szijjártó, présentait le résultat comme “petite vengeance des politiciens pro-immigration contre la Hongrie” (3).

Perspectives :

  • Date à déterminer : Vote au Conseil afin de constater l’existence de risque d’une violation grave des valeurs européennes.
  • Mai 2019 : élections européennes.

Sources :

  1. KUGYELA Tamas, Elfogadták a Sargentini jelentést, index.hu, 12 septembre 2018.
  2. Orban rejette tout ”chantage“ devant le Parlement européen, Libération & AFP, 11 septembre 2018.
  3. Le Parlement européen lance la procédure d’alarme contre la Hongrie de Viktor Orban, Budapest parle de « petite vengeance », Libre.be, 12 septembre 2018.
  4. QUATREMER Jean, Au Parlement européen, Orbán écopera-t-il d’un vote sanction ?, Libération, 11 septembre 2018.