Tuşnad. Durant son discours du 28 juilliet à Tuşnad (2) – ville symbole située en Transylvanie, au cœur du pays Sicule, rassemblant une très importante minorité hongroise et ayant appartenu au Royaume de Hongrie jusqu’en 1920 – le premier ministre hongrois Viktor Orbán a clairement exprimé son souhait de marquer politiquement la décennie à venir. Ce plan, qui suit de très près celui annoncé dans un premier discours tenu il y a quelques mois (1), se compose de plusieurs étapes.

Premièrement, Orbán envisage de reconstruire tant politiquement qu’économiquement le bassin des Carpates, en harmonisant la politique énergétique et économique des pays qui s’y situent. En ce qui concerne sa vision géopolitique de l’Europe Centrale, Viktor Orbán a déclaré que chaque pays de cette région a le droit de refuser le multiculturalisme en protégeant ses frontières et son identité nationale ainsi que de préserver la chrétienté et le modèle familial traditionnel. Ces “droits” sont fortement liés au refus de l’immigration musulmane. Selon cette vision d’Orbán, l’Europe centrale deviendra une Union des nations libres de la région, selon le concepte de rupture de la “démocratie illiberale”.

En dernier lieu, à l’échelle européenne, le premier ministre veut garantir d’ici 2030 une position renforcée et privilégiée pour la Hongrie. Dans le cadre de ce projet, la Hongrie doit devenir l’un des cinq pays le plus competitifs et prospères de l’Union. Pour ce qui concerne la gouvernance de l’Europe, Orbán a exprimé le souhait de remplacer l’élite européenne – incarnée par la Commission européenne – qui d’après lui, a échoué à résoudre la crise migratoire. Ainsi, d’après le scénario présenté par le premier ministre, les élections européennes en 2019 seront une opportunité immanquable pour changer le cap de la gouvernance de l’Union. De ce fait, les élections seront décisives car pourraient permettre aux partis de droite européens de prendre le pouvoir et de reconstruire une Europe chrétienne-démocrate. Selon cette logique, la création d’une armée européenne commune serait impérative. Cette armée permettrait également de ne plus être directement dépendant de l’Otan et ainsi des américains. Quant à la protection de la civilisation et la culture européenne, Orbán a mis l’accent sur la protection des piliers de la chrétienté ébranlées par la crise migratoire.

Pour conclure son discours le Premier ministre a déclaré : “Il y a 30 ans on pensait que l’Europe était notre avenir, maintenant on pense que c’est nous l’avenir de l’Europe !”.

Perspectives :

  • 26-29 mai : élections européennes, où Orban se présentera comme l’“homme fort” du Parti populaire européen.

Sources :

  1. GEG, La doctrine d’Orban, Le Grand Continent, 21 juin 2018.
  2. ORBAN, Viktor, Prime Minister Viktor Orbán’s speech at the 29th Bálványos Summer Open University and Student Camp, 29 July.