Bucarest. Offensive contre l’indépendance de la justice à travers plusieurs ordonnances d’urgences (1), attaques contre la liberté de la presse et les organisations non-gouvernementales, procédures parlementaires tronquées, l’adoption d’un nouveau Code pénal (4) pour blanchir le dossier de Liviu Dragnea, l’homme fort du parti socialiste, président de la Chambre des députés, condamné pour fraude électorale, abus de pouvoir et poursuivi en justice pour détournement de 20 millions d’euros de fonds européens (2), tout en culminant par la démission de la figure centrale de la lutte anti-corruption post-décembriste, Laura Kövesi, chef de la Direction nationale anticorruption, voilà l’agenda politique du parti socialiste, au pouvoir depuis décembre 2016, après la victoire aux législatives.

Sur le fond d’une opposition divisée et d’un débat public polarisé, les manifestations devant le gouvernement, ainsi que les appels des partenaires européens à ne pas renverser le progrès enregistré ces dernières années en matière de lutte contre la corruption (6), semblaient être les seuls à freiner l’élan de la coalition de gouvernement PSD – ALDE. Mais, vendredi, l’intervention musclée des forces d’ordre a plutôt rappelé les moments de chaos du juin 1990, quand le gouvernement avait appelé les mineurs à Bucarest pour battre les manifestants (5).

Si à Bucarest le bouc émissaire reste encore à être trouvé, le chancelier autrichien a condamné les violences et demande des clarifications aux autorités roumaines, après qu’un journaliste d’ORF a été blessé par les forces d’ordres.

Deuxième pays le plus pauvre de l’Union, avec 38,8 % de la population en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale (3), la Roumanie prendra en janvier 2019, pour la première fois, la présidence rotative du Conseil de l’Union européenne. Reste à voir, sur le fond des profondes divisions internes et des évènements cruciaux pour l’avenir de l’Union, comme le Brexit, l’adoption du budget et les élections européennes, quelles seront ses priorités.

Perspectives :

  • Environ cinq millions de Roumains ont émigré dans les années qui ont suivi la chute du communisme. Un rapport du Fond monétaire international, datant du 2016, Emigration and its economic impact on Eastern Europe, conclue que l’émigration massive a négativement affecté leur rattrapage économique.

Sources :

  1. Camera Deputaților, Ordonanțe de urgență emise în anul 2018 de către guvern.
  2. DESPA Oana, TRAICU Andreea, Liviu Dragnea urmărit într-un nou dosar la DNA, Mediafax, 13.11.2017.
  3. Eurostat, People at risk of poverty or social exclusion, Eurostat, juillet 2018.
  4. GEORGESCU Romulus, Ce schimbări aduce noul Cod Pendal, România Liberă, 19.04.2018.
  5. GORUN Hadrian, Puterea neocomunistă și mineriada din iunie 1990, Historia.
  6. SIRBU Laurențiu, Ambasadele a 12 state, fac apel la aleșii români, Adevărul, 28.06.2018.

Ramona Bloj