Washington. Mercredi 25 juillet, Jean-Claude Juncker était en visite à Washington afin de trouver une issue à la “guerre commerciale” déclarée par le président américain. Afin de s’accorder avec le souhait de Donald Trump de rééquilibrer la balance commerciale entre l’Union et les États-Unis, les Européens se sont engagés à augmenter leurs achats de GNL. Une proposition qui ne pouvait que satisfaire Trump, qui apparaissait ces dernières semaines préoccupé par la quête de débouchés en Europe pour le gaz américain.

Dans le communiqué commun publié à l’issue de cette rencontre, la promesse européenne s’exprime en ces mots : “nous nous sommes mis d’accord aujourd’hui pour renforcer notre coopération stratégique en ce qui concerne l’énergie. L’Union européenne souhaite importer plus de gaz naturel liquéfié des États-Unis afin de diversifier ses stocks d’énergie” (3). L’action de Cheniere, le plus grand producteur de GNL des États Unis, a grimpé de 3 % suite à cet accord. Juncker a annoncé : « L’Union va construire plus de terminaux pour importer du gaz naturel liquéfié en provenance des États-Unis. C’est aussi un message pour les autres », confirmant ainsi le caractère politique de la stratégie de l’Union pour le développement du GNL (1).

Donald Trump a affirmé sur Twitter que les représentants de l’Union lui avaient annoncé l’achat de “grands volumes de GNL”. Pourtant, depuis début 2016, les États-Unis n’ont effectué que 41 livraisons de gaz en Europe, selon les données de Bloomberg, soit seulement 10 % environ des exportations américaines de GNL (2). Au premier trimestre 2018, la part du GNL américain était de 1 % du total des importations de l’Union, contre 6 % à la même période il y a un an. Tout cela s’explique par l’attractivité, pour les entreprises américaines, des marchés GNL asiatiques et sud-américains, bien plus lucratifs que le marché européen. Les “grands volumes” semblent donc loins. Cependant, en dépit de la rationalité économique, des débouchés peuvent être sécurisés sur le territoire européen par la volonté politique de certains États membres, comme la Pologne, de s’affranchir du gaz russe. Fin juin, l’entreprise polonaise PGNiG a signé des contrats long terme de 20 ans avec U.S. Port Arthur Lng et Venture Global Lng, prévoyant une livraison annuelle totale de 5,4 bcm (4).

Perspectives :

  • Juncker a déclaré que l’Union allait construire plus de terminaux Gnl d’importations mais n’a pas précisé s’il faisait référence à de nouveaux terminaux en plus de ceux qui étaient déjà prévus. Trump quant à lui, a affirmé que les États-Unis allaient rendre « plus facile » l’achat massif de Gnl par les Européens sans expliquer par quels moyens. Des réponses seront peut-être apportées par le groupe de travail mis en place pour veiller à la tenue des engagements de cette rencontre.

Sources :

  1. COLLINS Ryan & MALIKE Naureen S., Trump : Europe to Become ‘Massive’ Buyer of U.S. LNG, Bloomberg, 26/07/2018.
  2. DICHRISTOPHER Tom, Europe will import more US natural gas, Trump and Juncker say after meeting, CNBC, 26/07/2018.
  3. Joint U.S.-EU Statement following President Juncker’s visit to the White House, European Commission – Statement, 25/07/2018.
  4. UPDATE 1-Poland’s PGNiG signs agreements for long-term LNG supplies from U.S., Reuters, 27/06/2018.