Washington. Le retrait des États-Unis de l’accord multilatéral sur le nucléaire iranien n’a pas seulement eu un impact diplomatique sur les relations entre Washington et l’Europe, mais commence aussi à avoir des répercussions économiques significatives. Le président américain, Donald Trump, s’est en effet déclaré prêt à sanctionner les entreprises européennes faisant des affaires avec Téhéran dans le cas cas où elles violeraient les nouvelles mesures restrictives américaines destinées à pénaliser l’économie iranienne. En particulier, il semble que le gouvernement américain soit prêt à approuver des sanctions dans le but de réduire à zéro les exportations de pétrole en provenance d’Iran (3).

Face à la position de Trump, l’Union européenne a demandé que ses entreprises soient exemptées des sanctions américaines. Les gouvernements nationaux les plus actifs pour tenter d’influencer l’administration Trump sont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, les pays les plus exposés à la volatilité économique de l’Iran, en particulier en ce qui concerne le commerce de pétrole (2). Toutefois, des doutes subsistent quant à la capacité effective des États-Unis à annuler les exportations iraniennes de pétrole brut, puisque Washington ne sera guère en mesure de pousser des États comme la Chine, l’Inde et la Turquie, qui n’ont pas encore été consultés (1), à adhérer à sa propre ligne politique.

Perspectives :

  • Les pays européens, en particulier Paris, Berlin et Londres, seront appelés à faire un choix non négligeable dans leur politique étrangère : accroître les tensions avec Washington en violant les restrictions américaines ou adhérer à la ligne Trump en espérant que cela aura des répercussions sur d’autres questions non résolues, à commencer par d’éventuelles barrières commerciales dans le secteur automobile.
  • Le refus d’accorder des exemptions aux entreprises européennes marque un pas supplémentaire dans la direction d’une détérioration des relations transatlantiques dans le domaine économique. Après les frictions engendrées par la récente réunion du G7 et l’augmentation des taxes à l’importation, la position des États-Unis bouleverse à nouveau les relations transatlantiques à la veille de l’important sommet de l’OTAN à Bruxelles les 11 et 12 juillet. Les tensions économiques sont donc susceptibles d’avoir un impact sur la dimension stratégique.

Sources :

  1. ALBANESE Antonio, Trump minaccia l’UE : tolleranza zero per chi importerà petrolio iraniano, AGC News, 28 juin 2018.
  2. SEVASTOPULO Demetri, Trump signals sanctions on EU companies over Iran, Financial Times, 1er juillet 2018.
  3. VALSANIA Marco, Trump : tolleranza zero sull’import di greggio iraniano in Europa, Il Sole24ore, 27 juin 2018.