Bruxelles. Le sommet de l’Otan a officiellement inauguré le nouveau plan 30 – 30 – 30 – 30, ainsi nommé en raison de son objectif : déployer en 30 jours 30 bataillons, 30 escadres aériennes et 30 navires pour faire face à un adversaire de plus en plus menaçant, la Russie. Alors que la plupart des membres de l’Otan ne respectent pas l’objectif des 2 % du PIB consacré au budget de la défense, on peut douter de la faisabilité d’un projet aussi ambitieux sans une aide américaine massive. La France et l’Allemagne pourraient déployer une brigade blindée dans le temps imparti mais l’effort serait difficile à supporter compte tenu du lourd dispositif antiterroriste en France et du manque d’équipements en Allemagne (3). Si l’on ajoute à cela les quatre groupements tactiques déployés par l’Otan dans la mer baltique dans le cadre de l’Enhanced Forward Presence (EFP) mis en place en 2016 après l’annexion de la Crimée (1) et le bataillon du Royaume-Uni, l’Europe possède 12 bataillons prêts à être déployés en cas d’effort de guerre intensif.

La contribution américaine à la défense de l’Europe – 12 bataillons de ligne (2) – laisse un trou de 6 bataillons qui devrait être comblé par d’autres États et par la force de réponse globale de la 82e division aéroportée de la US Army. Au lieu de créer plus de quartiers-généraux communs, les armées européennes devraient se focaliser sur l’intégration des troupes au niveau du bataillon, soit, pour les nations moyennes, en levant leur propre armée, soit en déployant de manière permanentes quelques sous-unités sur le sol des États frontaliers. Un processus de certification analogue à celui du corps d’armée de la Force de réaction de l’Otan (NATO Response Force, NRF) permettrait aux bataillons d’être évalués pour déterminer s’ils sont prêts à intervenir, si bien que même les petites nations pourraient contribuer significativement à l’OTAN.

Perspectives :

  • La taille des plus petites unités organiques n’a fait que diminuer depuis la fin de la guerre froide – qu’il s’agisse de divisions, des brigades ou des bataillons. Il est temps à présent d’adapter les doctrines militaires à ces unités de plus en plus petites.
  • Autour de février 2019 : une nouvelle rotation de la brigade blindée américaine est prévue.
  • Si l’objectif des 30 bataillons ne peut être tenu dans la durée, l’OTAN devrait compenser cet écart en intégrant plus étroitement les forces nationales des pays baltes et les Forces Spéciales afin de prévenir toute menace russe hybride.

Sources :

  1. Public Diplomacy Division, NATO’s Enhanced Forward Presence, NATO, 2018.
  2. Public Affairs Office, Armored Rotation Fact Sheet, U.S. Army Europe, 2018.
  3. SHURKIN Michael, The Abilities of the British, French, and German Armies to Generate and Sustain Armored Brigades in the Baltics, RAND Corporation, 2017.