Riga. Les Forces Spéciales américaines intensifient leur présence dans la région de la mer baltique (3), ajoutant une nouvelle strate de défense aux forces de l’OTAN présentes dans la région. Le renouveau de l’attention de l’OTAN à ses frontières orientales s’est jusqu’alors concentré sur des groupements tactiques conventionnels et multinationaux. Cependant, ces battlegroups ne représentent qu’une force de la taille d’une petite brigade servant de fil de détente et d’outil politique pour dissuader un fait accompli russe, comme ce fut le cas en Crimée en 2014. Si la frontière lituano-polonaise devait être bloquée par des forces russes, les États baltes seraient indéfendables jusqu’à ce qu’une contre-attaque soit organisée, ce qui serait le rôle des Forces Spéciales.

La United States Special Operation Command (USSOCOM) a déjà commencé à réorganiser les forces expertes en une unité de la taille d’une division, la First Special Forces Command (1). En réorientant ces forces des missions antiterroristes à la guerre non conventionnelle, l’OTAN sera dotée d’une réponse plus flexible contre la stratégie de raid de la Russie qui se caractérise par son asymétrie (2). La guerre non-conventionnelle dans la région balte pourrait ressembler à celle des équipes de l’Opération Jedburgh dans l’Europe occupée après la seconde guerre mondiale, durant laquelle de petites équipes d’experts fournissait entraînement et ressources aux réseaux de résistance organisés afin de collecter des renseignements et de saboter les manœuvres des occupants ennemis. En étendant le programme d’entraînement des forces spéciales américaines actuellement utilisé en Ukraine aux pays baltes, les soldats de ces pays pourraient de nouveaux « Frères de la forêt » capables de planter une épine dans le pieds de l’armée russe pendant que l’OTAN préparerait la riposte.

Perspectives :

  • Le National Defense Authorization Acte 2019 sera débattu au Congrès américain avant la fin de l’année : on saura alors s’il y a une augmentation du budget alloué aux forces spéciales dans leur ensemble et si des fonds seront accordés aux troupes stationnant en Europe.
  • Le retour des forces spéciales américaines en Europe signifie plus d’exercices en commun avec les partenaires européens et le partage de deux décennies d’expérience acquise de leur déploiement constant.

Sources :

  1. US Army Special Operations Command, ARSOF 2022 , Special Warfare, 2014.
  2. KOFMAN, Michael, Raiding and International Brigandry : Russia’s Strategy for Great Power Competition, War on the Rocks, 2018.
  3. VANDIVER John, For special operations, a marker of success : Large Baltic exercise was barely noticed, Stars and Stripes, 2018.