Varsovie. La Pologne a réduit sa dépendance énergétique vis-à-vis du pétrole russe qui représentait 96 % de ses achats en 2012 contre 76 % en 2017. En particulier, la société publique PKN Orlen a signé un contrat à long terme en 2016 avec Saudi Aramco, géant saoudien du pétrole, ainsi qu’avec l’Iran et avec les États-Unis (7).

Ces deux derniers partenaires ont également été choisis par l’autre grande entreprise publique, Lotos.

Le pétrole russe étant actuellement parmi les moins chers du marché (59,70 dollars le baril, contre 60,20 pour le pétrole kazakh et 65,60 pour le pétrole américain), ce choix est également basé sur des considérations géopolitique, comme le prouve la déclaration du ministre de l’énergie, Krzysztof Tchorzewski, dans la foulée de la signature du contrat entre Lotos et les producteurs américains : “Diversifier les sources d’approvisionnement est une priorité du ministère de l’Énergie et les décisions d’affaires prises par les entreprises d’Etat sont un élément vital de cette stratégie” (4).

La stratégie polonaise n’est pas isolée parmi les pays européens les plus dépendant des importations pétrolières russes : dès 2015, la Commission européenne avait publié (2) une communication adressée aux États membres pour les accompagner dans la diversification de leurs sources d’approvisionnement afin de réduire leur dépendance à l’égard de la Russie. Il est intéressant de noter que le promoteur de la communication était le Premier ministre polonais de l’époque, Donald Tusk (1).

Les nouvelles polonaises sont encadrées par deux autres tendances : l’Allemagne a annoncé le 10 avril (5) que le projet Nord Stream 2, qui acheminera le gaz russe vers l’Europe sans passer par l’Ukraine, ne peut complètement couper Kiev du marché européen, tandis que la Russie commence à se tourner vers la Chine pour compenser la plus faible pénétration dans le marché européen (3).

Perspectives :

  • PKN Orlen a annoncé le 27 avril qu’il augmenterait l’achat mensuel du pétrole de Saudi Aramco, passant de 100 000 tonnes d’Arabian Extra Light à 300 000 tonnes. A suivre, donc, d’autres annonces de cette société notamment en ce qui concerne le pétrole américain.

Sources :

  1. CHI-KONG Chyong & SLAVKOVA Louisa TCHERNEVA Vessela, Europe’s alternatives to Russian gas, Ecfr, 9 avril 2015.
  2. First Report on the State of the Energy Union, Commission européenne, 24 février 2015.
  3. GRESSANI Gilles, La convergence entre Xi et Poutine favorisée par l’augmentation des exportations du pétrole russe en Chine, La lettre du lundi, 14 mai 2018.
  4. LOTOS signs first forward contract for US crude, Lotos, 13 décembre 2017.
  5. NONJON Adrien, RAMDANI Sami, Le nouvel axe du containement russe passera-t-il par Berlin ?, La lettre du lundi, 16 avril 2018.
  6. Poland’s refiner PKN to buy more oil from Saudi Aramco, Reuters, 27 avril 2018.
  7. Poland cuts dependence on Russian oil but at a cost : report, Reuters, 8 mai 2018.

Pour aller plus loin :

SIMOLA Heli SOLANKO Laura, Overview of Russia’s oil and gas sector, BOFIT Policy Brief 2017 No. 5, 19 maggio 2017