Capitalismes politiques en guerre

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Cruciales pour la souveraineté des États, les technologies critiques ont toujours été l’objet d’affrontements géopolitiques pour leur appropriation. Dans la guerre des capitalismes politiques, la régulation de leur développement et de leur transfert devient une question de sécurité. Dans ce domaine — où l’Union et les États-Unis pourraient se retrouver concurrents — un consensus reste à trouver. Alice Pannier propose des clés pour comprendre la compétition qui vient.

Au cœur de l’affrontement global des capitalismes politiques, l’Europe n’a pas encore trouvé sa place. Or dans sa projection internationale, elle ne peut faire autrement que de commencer par le problème central  : sa relation avec les États-Unis. Selon Riccardo Perissich, la relation transatlantique doit glisser vers un nouveau théâtre  : l’Asie. Voici comment s’y préparer.

Il est à la fois une légende pour son pays et un chef d’orchestre discret. Le monde entier dépend de l’entreprise qu’il a créée et qui est en elle-même une chaîne d’approvisionnement — elle est prise dans un réseau si complexe de fournisseurs et de clients que son contrôle par une seule entité ou un seul État est impossible. Alessandro Aresu dresse le portrait de Morris Chang, 91 ans, fondateur de TSMC et clef de voûte de la mondialisation.

Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, les sanctions sont devenues de plus en plus présentes dans la politique étrangère des États occidentaux. Cet outil, pourtant ancien, se retrouve aujourd’hui au cœur de la guerre des capitalismes politiques. L’usage des sanctions a externalisé la politique étrangère à travers le contrôle des flux financiers — ce qui rend parfois difficile de les comprendre et de mesurer leur réelle efficacité. Agathe Demarais, autrice de Backfire  : How Sanctions Reshape the World Against U.S. Interests dresse un tableau en 10 points et 10 infographies pour y voir plus clair.

Dans l’affrontement des capitalismes politiques, la Chine concurrence les États-Unis non seulement navire par navire, mais aussi — et surtout — octet par octet. La dépendance de Pékin en matière de semi-conducteurs inquiète Xi  ; de son côté, l’administration Biden concentre ses efforts sur la construction de systèmes militaires plus intelligents — une nouvelle ère de la guerre est en train d’émerger. Une étude signée Chris Miller, auteur de Chip War (Scribner, 2022).

Après les Doctrines de la Chine de Xi Jinping, nous lançons une nouvelle série hebdomadaire. Chaque mercredi, nous étudierons le point nodal de la géopolitique contemporaine, l’affrontement entre la Chine et les États-Unis, en fonction de la capacité politique des deux systèmes de diriger, transformer, développer l’innovation, l’industrie, les technologies numériques et les sciences. En nous demandant par là, que faire  ? Entretien avec Alessandro Aresu et Louis de Catheu qui nous aideront à diriger cette série.

Les semi-conducteurs sont au cœur de nos vies quotidiennes, mais que savons-nous vraiment d’eux  ? Alors que les dernières sanctions américaines vis-à-vis de la Chine ravivent l’importance de ce terrain de compétition stratégique, nous proposons une étude inédite en 10 points, 12 graphiques et 2 cartes pour entrer dans la matrice de la rivalité technologique entre la Chine et les États-Unis qui structure le monde.

Avant l’annonce de nouvelles sanctions visant le secteur chinois des semi-conducteurs, le conseiller à la sécurité nationale américain, Jake Sullivan, a défini dans un discours clef prononcé le 16 septembre les grandes lignes de l’administration Biden en matière de souveraineté et de compétition technologique. Pour entrevoir la forme que prendra la rivalité sino-américaine dans les prochaines années, nous le traduisons pour la première fois en français — commenté ligne à ligne.

Comment la relance peut-elle lutter contre le sentiment d’impuissance des citoyens européens  ? Depuis plusieurs décennies, le système économique capitaliste a montré une certaine instabilité, illustré par une succession de crises. Dans cette perspective basée sur une lecture historique de l’évolution du capitalisme en Europe, David Harrison propose des pistes institutionnelles et politiques pour résorber les incertitudes.