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Dans son deuxième roman En mer (Auf See), Theresia Enzensberger se penche sur l’histoire des utopies libérales, coloniales et anarchistes. Alliant science-fiction et recherches historiques, elle propose une réflexion sur les mécanismes qui amènent nos sociétés au bord du gouffre. Un livre visionnaire et d’une grande actualité.

Après l’invasion de l’Ukraine, avec l’accroissement des tensions entre la Serbie et le Kosovo, le spectre de la guerre en Europe resurgit. Témoin des guerres d’ex-Yougoslavie, l’écrivaine et journaliste croate Slavenka Drakulic nous rappelle les conséquences terribles de tout conflit. L’exil ne signifie jamais la perte totale de lien avec son pays. Parfois néanmoins, les hasards de la vie laissent entrevoir la possibilité d’enracinement dans un nouvel pays. Le regard est alors plus attentif aux singularités des lieux, aux spécificités des identités.

La chute du mur de Berlin et l’effondrement du communisme ont bouleversé les sociétés des anciennes républiques socialistes soviétiques. Dans son Grand Tour, Élisabeth Roudinesco nous décrit sur plusieurs décennies les changements intervenus dans les capitales de l’Europe de l’Est — l’arrivée du luxe, des touristes, l’assouvissement de nouveaux désirs mais aussi la montée terrible des inégalités. À travers ses nombreuses rencontres avec des intellectuels de l’Est, elle retrace l’histoire d’une génération de penseurs et d’artistes.

Avez-vous déjà essayé de passer l’été, à Paris, dans un enfer gris végétalisé  ? Partout, en ville, des arbres prolifèrent. Mais de quelle manière  ? Cette «  poussée verte  » au milieu du béton n’a rien de naturel… au contraire. Pour Éric Hazan, la verdure est une nouvelle injonction vide – un ornement qui cherche à devenir architecture.

Certains voyageurs multiplient les destinations sans jamais se sentir particulièrement attachés à un pays. Mais il arrive parfois qu’un lieu nous enchante sans que nous sachions directement pourquoi. L’historien Yves Léonard nous partage sa découverte du Portugal, son apprentissage de la langue portugaise et sa plongée dans l’histoire politique et culturelle de ce pays.

«  Acter un changement d’époque ne constitue pas un programme.  » Dans un texte important commenté ici pour la première fois en français, Olaf Scholz détaille ce à quoi pourrait ressembler l’entrée de l’Allemagne dans une nouvelle ère mondiale – en articulant différentes échelles et en ouvrant la voie à des alliances inattendues.

Comment le parti Droit et Justice (PiS) a-t-il remodelé en profondeur la Pologne en s’attaquant à l’État de droit  ? Depuis 2015, cette entreprise de démantèlement a été bien plus profonde. Au-delà des aspects juridiques, elle plonge dans la politique mémorielle et va jusqu’à la charge sémantique des mots utilisés par le pouvoir pour inhiber toute possibilité de conflit politique vertueux.

L’affaire du «  cannibale de Rotenburg  », qui défraya la chronique il y a une vingtaine d’années, resurgit aujourd’hui dans le nouveau roman de Senthuran Varatharajah. Rot (Hunger) raconte une «  histoire d’amour  » sans commune mesure et pousse à l’extrême une réflexion sur le désir comme «  faim  » de l’autre, sur la langue du désir comme «  langue cannibale  ».

Dans Die Woche (La semaine), Heike Geißler, née en 1977 en Allemagne de l’Est, décrit une époque où tout part en vrille. Où les mardis ne suivent plus les lundis. Tel un sismographe, elle détecte les problèmes de nos sociétés, à la recherche d’une possible révolte. Un roman qui soulève de nombreuses questions sans y apporter les réponses.

Marica Bodrožić perçoit, relève, se souvient, découvre nombre d’éléments et de signes  : des «  sténogrammes de l’âme  » qui rappellent les «  sténogrammes de rêves  » évoqués un jour par Walter Benjamin. Seuls peut-être les oiseaux sont-ils capables d’en appréhender les liens invisibles. C’est la tâche qui leur revient, c’est là le «  travail des oiseaux  ».