Asie Intermédiaire

Long format

Rory Stewart, ancien député conservateur et ministre de Theresa May connaît en profondeur l’Afghanistan. Dans l’armée il a été gouverneur-adjoint de provinces irakiennes et a consacré plusieurs travaux au Moyen-Orient, dont un livre devenu un best seller. Ben Judah l’a rencontré pour parler de la crise et du sens géopolitique qu’elle assume pour les États-Unis et pour le reste du monde.

Un an après qu’une réforme de la citoyenneté qualifiée de discriminatoire envers la communauté musulmane a engendré une vague de protestations finalement freinée par la crise du Covid-19, les médias occidentaux se font l’écho de manifestations aux portes de New Delhi d’agriculteurs, la plupart de confession sikhe et venus du Pendjab. À l’origine du mouvement de protestation, trois projets, présentés à la mi-septembre 2020 par le gouvernement de Modi, devenus lois en un temps record après avoir franchi les différentes étapes institutionnelles requises.

D’une manière ambivalente, la crise au Haut-Karabakh semble relativiser la perte de vitesse de la Russie dans son étranger proche. Elle a fait preuve d’un aveu de faiblesse de par son inaction, mais aussi d’une démonstration de force avec le déploiement d’une opération de maintien de la paix et son soutien au premier ministre arménien Nikol Pachinian, pourtant largement «  lâché  » au plan national.

Au cours de la dernière semaine de septembre, le gouvernement de Modi a adopté à la hâte trois textes de loi dont le but manifeste était de «  réformer  » le système de commercialisation des produits agricoles en Inde. Dans le contexte de la consolidation massive en cours de certains groupes industriels particulièrement proches du Premier ministre, cette dernière intervention constitue un tournant décisif dans la mesure où elle reflète le double programme du gouvernement  : d’une part, d’approfondir l’entrée des entreprises agroalimentaires nationales dans le domaine de la production agricole et, d’autre part, de renforcer le contrôle du gouvernement central sur l’agriculture en Inde. Ces lois ont suscité une opposition massive parmi les agriculteurs.

Le 10 novembre 2020, l’Azerbaïdjan et l’Arménie signaient sous l’égide de la Russie un accord mettant fin aux hostilités dans le Haut (ou Nagorno) — Karabakh. Après six semaines de guerre, l’Azerbaïdjan reprenait le contrôle des sept districts peuplés d’Azéris et de Kurdes qui étaient occupés par les Arméniens depuis 1994. Elle recevait également le droit de maintenir ses forces armées dans les territoires conquis, dont le district de Chouchi qui commande le corridor étroit de Lachine entre l’Artsakh, selon l’appellation arménienne du Nagorno-Karabakh, et l’Arménie. Cette victoire nette de l’Azerbaïdjan a pu surprendre ceux qui étaient restés sur les défaites humiliantes des armées 1990 face à des troupes arméniennes incontestablement supérieures, plus motivées et mieux commandées. Elle ne doit pourtant rien au hasard.

La force privée est devenu un véritable marché. Personne ne sait combien de milliards de dollars circulent sur ce marché illégal. Depuis le début du siècle, l’activité des mercenaires a joué un rôle majeur en Afghanistan, en Irak, au Yémen, au Nigeria, en Ukraine, en Syrie et en Libye – plus récemment dans les combats du Haut-Karabakh. L’État moderne, qui, depuis 1648, se définissait par le monopole de la force, a changé sans que personne ne s’en rende compte.

27 septembre 2020, les sirènes anti-aériennes retentissent à nouveau dans la région du Haut-Karabakh, alors que de violents affrontements éclatent entre les forces armées arméniennes et azéries. Il s’agit de l’escalade de tensions la plus violente depuis le cessez-le-feu de 1994. Ce territoire, au cœur des tensions entre Baku et Erevan depuis près de 30 ans, appartient selon le droit international à l’Azerbaïdjan. En pratique, c’est un territoire indépendant, majoritairement peuplé d’arméniens, où l’Arménie stationne des troupes. Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et intégrité territoriale s’opposent donc encore une fois dans un conflit à la portée bien plus étendue.

Si la religion a toujours jouée un rôle central dans la République islamique du Pakistan – pays né sur une base confessionnelle -, cette centralité est redynamisée depuis l’accession au poste de chef du gouvernement d’Imran Khan. Le «  nouveau Pakistan  » promis par l’ancien joueur de cricket peine à afficher un visage libéral.