Entretiens


Triangulaires, désistements, reports, abstention  : pour s’orienter dans les coordonnées d’un entre-deux-tours inédit, nous avons demandé à l’un des spécialistes mondialement reconnus de la mobilisation électorale, Vincent Pons, professeur à la Business School d’Harvard, de nous aider à comprendre la physionomie que pourrait prendre le front républicain au second tour face au RN.

Paria du système politique français il y a quelques années, le RN est aux portes du pouvoir avant le deuxième tour des législatives. Cette ascension n’était pas irrésistible. Comment les choses ont-elles basculé à ce point  ? Entre conjoncture politique et stratégie, plongée au cœur du système Bardella-Le Pen avec Olivier Roy, Ivanne Trippenbach et Félicien Faury.

Sommes-nous bloqués dans le regard de l’empereur romain  ?

Pour comprendre comment le monde Le Pen et Meloni est devenu le nôtre, l’un des plus fins observateurs de la politique contemporaine a inventé une formule particulièrement opératoire  : la romanisation des barbares. Pour Giovanni Orsina, directeur de la LUISS School of Government, la marée populiste ne recule pas parce qu’elle disparaît — elle entre lentement dans nos institutions pour s’y installer.

Hier, à 15 heures (heure bolivienne), Juan José Zúñiga, chef de l’armée récemment démis de ses fonctions, a pénétré dans le palais du gouvernement à La Paz, escorté de soldats lourdement armés. Après un face-à-face direct avec le président Luis Arce, les militaires se sont finalement retirés. Nous dressons un premier bilan de la séquence avec Marco Enríquez-Ominami.

À cinq jours du premier tour des législatives anticipées, le tremblement de terre en France brouille tous les repères. Pour le politologue allemand Jan-Werner Müller, spécialiste du populisme et des idéologies, la crise politique que traverse l’hexagone doit être prise avec son grand contexte  : dans la crise des partis, des médias et des médiations, la radicalisation devient une option séduisante — dans une atmosphère de campagne permanente.

De la période impériale jusqu’au poutinisme tardif, les tropes de la propagande antijuive originaire de Russie ont rayonné. Pour expliquer cette continuité moins linéaire qu’il n’y paraît, Sarah Fainberg dissèque les métamorphoses de l’antisémitisme en Union soviétique — jusqu’à leurs résurgences dans notre contemporain.

Marc Bloch entrera au Panthéon.

Il y a 80 ans, Marc Bloch était exécuté par la Gestapo. Dans un entretien lumineux en forme d’hommage, Carlo Ginzburg témoigne de l’apport considérable de l’auteur des Rois thaumaturges et cofondateur des Annales à sa propre carrière d’historien. Dans une période de troubles, il montre aussi des signes d’inquiétude  : pour la première fois depuis longtemps, «  le fascisme a un avenir  ».

De quoi les Européennes sont-elles le résultat  ? Entre les tendances lourdes et l’inertie, Pascal Lamy trace les coordonnées d’une «  élection hybride  ». Au cœur de la phase d’incertitude dans laquelle est plongée la France avant les législatives et après le coup de tonnerre de la dissolution, il prévient  : «  un gouvernement Bardella voudra imprimer sa marque sur certains chantiers européens.  »

Le républicanisme n’est pas seulement une théorie du gouvernement — c’est aussi une théorie de la liberté.

En quoi se distingue-t-elle de la théorie libérale  ? A-t-elle une vie et une réalité concrète en Europe dans l’année des grandes élections  ? Son plus grand spécialiste, Philip Pettit, dessine l’avenir d’une idée qui, depuis Rome, n’a cessé de s’adapter aux reliefs du temps.

Depuis l’annonce tonitruante du ralliement d’Éric Ciotti au RN de Jordan Bardella et Marine Le Pen, de nombreuses questions juridiques concrètes se posent  : qui dirige le parti  ? À qui appartient la marque Les Républicains  ? Cette confusion génère-t-elle un risque sur l’élection  ? Pour le constitutionnaliste Dominique Rousseau, Ciotti a réussi un pari risqué en jouant dans les failles du droit.