Le secrétaire d’État de Trump, l’ex sénateur de Floride et candidat à l’élection présidentielle de 2016, Marco Rubio, a été le premier membre de la nouvelle administration républicaine à être confirmé par le Sénat, lundi 20 janvier, quelques heures après l’investiture de Trump.

Dès son premier jour à la tête de la diplomatie américaine, Rubio recevait à Washington ses homologues du Quad, un groupe composé de l’Inde, de l’Australie et du Japon.

  • Dans le communiqué publié suite à la réunion, les ministres ont : « réaffirmé notre engagement commun à renforcer un Indo-Pacifique libre et ouvert où l’État de droit, les valeurs démocratiques, la souveraineté et l’intégrité territoriale sont soutenus et défendus » 1.
  • Au cours de sa première semaine, Rubio a consacré une part importante de son agenda à prendre contact avec les ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays asiatiques et notamment de la zone indo-pacifique, dont la Chine, les Philippines, l’Indonésie et le Vietnam.

L’appel entre Rubio et son homologue chinois Wang Yi a déjà fait apparaître des tensions entre la nouvelle administration américaine et Pékin.

Le secrétaire d’État de Trump a affirmé que Washington ne « soutient pas l’indépendance de Taïwan », selon le communiqué chinois, ce à quoi Yi aurait répondu « d’agir en conséquence » 2. Cette formulation, qui diffère du langage précédemment employé par Pékin, est généralement utilisée pour traduire une certaine forme de hiérarchie entre les interlocuteurs (d’un professeur à son élève, un patron à son employé) 3. Le communiqué du département d’État américain, publié quelques heures après l’appel, ne mentionnait pas l’échange sur Taïwan.

  • Rubio a été l’un des principaux critiques de la Chine et du Parti communiste chinois lors de ses années passées au Sénat, où il a notamment siégé au sein de la commission sur les Affaires étrangères et sur le Renseignement.
  • En 2020, Pékin a imposé des sanctions sur trois sénateurs républicains, dont Marco Rubio, suite à des remarques du sénateur d’alors sur la politique chinoise en mer de Chine méridionale ainsi que des condamnations de la situation à Hong Kong et au Xinjiang.
  • Une semaine après son entrée en fonction, Rubio est toujours interdit d’entrer sur le territoire chinois. Cette situation pourrait constituer un frein au dialogue que Trump semble vouloir engager avec la Chine, où il a déclaré vouloir se rendre au cours des 100 premiers jours de son mandat.

Au cours de sa première semaine, Rubio s’est entretenu avec des ministres et/ou chefs d’État de six pays du Moyen-Orient (il a notamment appelé Netanyahou et son ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar) et de six pays européens (Pologne, Danemark, Lituanie, Lettonie, Hongrie et Italie). Son premier déplacement, prévu pour les prochains jours, consistera en une tournée sud-américaine : Rubio se rendra au Panama, au Guatemala, au Salvador, au Costa Rica et en République dominicaine.

Parmi ses premières actions exécutives prises dans les heures ayant suivi son investiture, Trump a ordonné à Rubio de prendre des mesures afin de mener une politique étrangère America First « qui place l’Amérique et ses intérêts au premier plan ».

  • Si Trump entend conserver la main sur les principales annonces en matière de politique internationale, Rubio a commencé à suivre « l’agenda America First » en mettant fin à la quasi-totalité de l’aide américaine à l’étranger puis en ordonnant la suspension de la délivrance de visas à la section consulaire de l’ambassade des États-Unis à Bogota, suite au refus de la Colombie de laisser atterrir deux vols américains de rapatriement de migrants sans papiers.
  • L’Europe ne semble pas figurer parmi les priorités du département d’État. Lors d’un appel avec son homologue danois Lars Løkke Rasmussen vendredi 24, Rubio n’a pas souhaité aborder la question du Groenland 4.
  • Ce dernier n’a par ailleurs toujours pas répondu publiquement à l’invitation adressée par la haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, de participer à une réunion avec les ministres européens. Selon un haut responsable européen, aucun contact n’avait eu lieu entre le bureau de Kallas et de Rubio au vendredi 24 janvier.
Sources
  1. Joint Statement by the Quad Foreign Ministers, U.S. Department of State, 21 janvier 2025.
  2. Wang Yi Has a Phone Call with U.S. Secretary of State Marco Rubio, Ministère chinois des Affaires étrangères, 24 janvier 2025.
  3. Ken Moritsugu, « China tells Rubio to behave himself in veiled warning », Associated Press, 25 janvier 2025.
  4. Laura Kirkebæk-Johansson, « Lars Løkke har talt med ny amerikansk udenrigsminister », DR, 24 janvier 2025.