Cet article est issu de La Lettre du Lundi, notre newsletter hebdomadaire qui permet chaque lundi matin à l’aube d’anticiper les événements géopolitiques clefs de la semaine qui vient. Pour la recevoir dès lundi prochain vous pouvez vous abonner ici
Janvier : investiture de Donald Trump
Donald Trump sera investi président pour un second mandat le 20 janvier. En rupture avec le protocole, plusieurs chefs d’État ont été invités à la cérémonie dont Xi Jinping, Giorgia Meloni et Viktor Orbán — Marine Le Pen et Matteo Salvini sont également attendus à la cérémonie.
- Si Trump a remporté l’élection présidentielle de novembre en raflant tous les swing states, seulement 49,72 % des électeurs ont voté pour le républicain contre 48,25 % pour Harris – soit la deuxième marge la plus faible des 60 dernières années.
- Au Congrès, Trump disposera de marges de manœuvre très réduites. Les Républicains arriveront dès le 3 janvier à la Chambre avec la majorité la plus courte de l’histoire : seulement 220 sièges sur 435. De plus, trois sièges républicains devraient être vacants au début de l’année jusqu’à ce que des élections spéciales soient organisées. Au Sénat, les marges du GOP seront légèrement plus confortables, avec 53 élus (sur 100). Les scissions au sein du groupe républicain à la Chambre observées en décembre lors du vote sur la loi de finance temporaire ont donné un aperçu de ce à quoi ressemblera le 119e Congrès : un parti désuni forcé de composer avec une aile droite extrémiste et ultra-conservatrice. Lire plus
- Élu sur un programme qui promet de « remettre de l’ordre » dans le pays, Trump voudra certainement agir vite. Il devrait tenter d’obtenir un accord de cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie, placer Musk et Ramaswamy à la tête d’une commission présidentielle chargée de « démanteler la bureaucratie gouvernementale », lancer un programme de déportation massive des immigrés illégaux supervisé par son « tsar de la frontière » Tom Homan et gracier les émeutiers ayant pris part à l’assaut du Capitole.
- Parmi les autres priorités des premiers mois du mandat de Trump figurent la suppression de réglementations limitant les forages pétroliers et gaziers, l’imposition de tarifs douaniers et la mise en place de réductions d’impôts. La constante qui devrait guider le second mandat de Trump est le renforcement de l’exécutif et le rejet de la séparation des pouvoirs : celle-ci pourrait notamment passer par l’abrogation de l’Impoundment Control Act de 1974, recommandée par les auteurs du Projet 2025. Lire plus
- Trump a annoncé son intention de retirer les États-Unis de l’accord de Paris et de l’OMS. Si ces actions étaient attendues, son expansionnisme territorial est plus étonnant – il a menacé de reprendre le contrôle du canal de Panama et, dans ses vœux de Noël, a de nouveau émis l’hypothèse selon laquelle le Canada deviendrait le 51e État américain, qualifiant le Premier ministre Justin Trudeau de « gouverneur », tout en rappelant ses prétentions sur le Groenland. Lire plus
Parmi les autres événements à suivre en janvier : — Début de la présidence polonaise du Conseil de l’Union et entrée de la Roumanie et Bulgarie dans Schengen le 1er ; — élection du président libanais le 9 ; second tour de l’élection présidentielle croate le 12 ; — Forum économique mondial à Davos du 20 au 24 ; — présidentielle au Bélarus le 26 ; — commémoration du 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz le 27 ; — Nouvel An chinois le 29.
Février : élections allemandes
Les Allemands se rendront aux urnes le 23 février pour des élections fédérales.
- Selon les derniers sondages, la CDU/CSU devrait arriver en tête du scrutin avec 32,0 % des voix (+ 7,9 points par rapport à 2021), suivie de l’AfD avec 18,8 % (+ 8,6). Les partis de la coalition gouvernementale (SPD, Verts, FDP) subissent des pertes significatives (-10,1 %, -1,1 %, -7,9 % respectivement), tandis que la nouvelle Alliance Sarah Wagenknecht (BSW) est donnée à 5,7 % (soit 42 sièges).
- La CDU/CSU semble donc être le parti le mieux placé pour former un gouvernement de coalition et Friedrich Merz le chancelier le plus probable (lire ici son portrait), éventuellement avec le SPD (352 sièges ensemble, la majorité est fixée à 316), les Verts (333 sièges) ou le FDP (si ce dernier dépasse la barre des 5 % pour entrer au Bundestag, les sondages le plaçant actuellement à 3,6 %). Toutefois, les négociations de coalition dépendront certainement de questions clefs telles que la guerre en Ukraine et le débat sur le frein à l’endettement. Lire plus
- En matière de défense, la CDU/CSU propose la création d’un Conseil national de sécurité et l’élaboration d’une nouvelle stratégie de sécurité nationale. Concernant les dépenses militaires, elle considère l’objectif actuel de 2 % du PIB fixé par l’OTAN comme une « limite inférieure ». Les Verts, de leur côté, souhaitent également investir au-delà de 2 %, tandis que le programme du SPD maintient une approche similaire et ambiguë à celle du chancelier Scholz, y compris sur l’Ukraine. Un point de convergence possible avec l’administration Trump : pour la CDU/CSU, la Chine est perçue comme un compétiteur systémique.
- Sur le plan économique, le SPD et les Verts soutiennent tous deux une réforme du frein à l’endettement afin de faciliter les investissements, alors que la CDU/CSU compte financer ses propositions grâce à une réforme du système d’allocations-chômage et des prestations sociales. En matière de politique migratoire, la CDU/CSU préconise l’externalisation des procédures d’asile vers des pays tiers et met l’accent sur les expulsions et la réforme du droit d’asile au niveau européen.
Parmi les autres événements à suivre en février : — Sommet Union-Royaume-Uni le 4 ; — élections en Équateur le 9 ; — sommet de l’IA à Paris les 10 et 11 ; — conférence sur la sécurité de Munich sous la présidence de Jens Stoltenberg les 14 et 16 ; — troisième anniversaire de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie le 24.
Mars : l’heure de vérité pour le nouvel exécutif syrien
Le mandat du gouvernement de transition nommé en décembre par HTC doit prendre fin le 1er mars. Aucune date n’a été annoncée à ce jour pour la tenue d’élections.
- À la suite de la fuite de Bachar al-Assad à Moscou et de la prise de Damas par HTC, Mohammed al-Bachir a été nommé le 10 décembre Premier ministre d’un gouvernement de transition. La nouvelle administration devrait rester en place jusqu’au 1er mars 2025.
- Nouvel homme fort de la Syrie, le chef de HTC Ahmed al-Charaa — plus connu sous le patronyme de Joulani, son nom de guerre — a signalé à la mi-décembre que les « nombreux problèmes » que connaît le pays rendaient peu probable l’organisation d’élections ainsi que la rédaction d’une nouvelle constitution à court terme, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a ajouté qu’il faudrait jusqu’à quatre ans pour que le pays puisse organiser un premier scrutin. Lire plus
- De nombreux points de blocage sont susceptibles de considérablement ralentir le processus de transition puis de reconstruction du pays. Dans un entretien donné à Wassim Nasr en décembre, al-Charaa évoquait notamment le travail de recensement des millions d’électeurs syriens éparpillés à travers le monde qui devrait être fait avant d’organiser de nouveaux scrutins.
- Si le régime a changé à Damas et que le dictateur Bachar al-Assad semble avoir perdu tout pouvoir dans le pays, le nouveau gouvernement ne contrôle pas l’ensemble du territoire : l’armée israélienne occupe plus d’une centaine de kilomètres carrés dans le sud-ouest, le nord est un terrain d’affrontements entre kurdes et milices soutenues par Ankara, les États-Unis disposent toujours de 2000 troupes dans le pays, et des groupes terroristes subsistent dans l’Est du pays. Lire plus
Parmi les autres événements à suivre en mars : — 97e cérémonie des Oscars le 3 ; — premier Conseil européen de l’année les 20-21 présidé par António Costa ; — organisation du premier tour de l’élection présidentielle en Roumanie le 23.
Avril : sommet sur l’IA au Rwanda
Du 3 au 4 avril, le Rwanda organisera un sommet sur l’IA. Cette rencontre interviendra deux mois après le Sommet de Paris, qui se sera tenu du 10 au 11 février.
- Le thème du sommet sera « L’IA et le dividende démographique de l’Afrique : réinventer les opportunités économiques pour la main-d’œuvre africaine », tandis que le Sommet pour l’action sur l’Intelligence artificielle, qui se tiendra à Paris « se concentrera sur des actions concrètes pour garantir le développement et le déploiement de l’IA au bénéfice de nos sociétés, de nos économies et de l’environnement et ce, dans l’intérêt général et le respect du bien commun ».
- Seules 7 % des entreprises américaines participant à une enquête d’opinion déclarent avoir l’intention d’adopter l’IA dans les mois à venir, et 5 à 6 % déclarent déjà l’utiliser pour produire des biens et services. En 2023, 8 % des entreprises de l’Union ont déclaré utiliser des technologies d’intelligence artificielle, soit une hausse de seulement 0,4 % par rapport à 2021 (ChatGPT a été lancé en novembre 2022).
- Malgré des taux d’adoption faibles, plus d’un milliard de dollars sont dépensés dans les centres de données, ce qui a des conséquences importantes sur les réseaux électriques. Selon une enquête Bloomberg, plus des trois quarts des déséquilibres de tension-intensité dans le réseau électrique aux États-Unis se produisent à moins de 80 kilomètres de ces centres.
À partir du 2 avril, les citoyens européens devront obtenir une Autorisation électronique de voyage (ETA) pour se rendre au Royaume-Uni.
Mai : 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale
Le 8 mai 1945, l’Europe célébrera les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale sur son territoire, en plein conflit de mémoires.
- Le 8 mai est traditionnellement célébré en Europe occidentale, en Europe centrale (dont l’Ukraine) et en Europe du Nord. C’est cependant le 25 avril qui s’impose en Italie, le 5 mai aux Pays-Bas et au Danemark, et surtout le 9 mai dans les Balkans et dans l’ex-URSS (hors Ukraine et pays baltes). Le défilé moscovite est généralement un moment de triomphe pour le pouvoir. Le Premier ministre slovaque Fico a accepté l’invitation de Vladimir Poutine pour 2025, se rapprochant chaque jour davantage de la Russie, où il s’est rendu le 22 décembre dernier. En Europe occidentale, aucune grande commémoration internationale n’a encore été annoncée. En juin 2024, le président ukrainien Zelensky avait été invité pour célébrer les 80 ans du débarquement en Normandie.
- La Pologne, pays le plus meurtri par la guerre en proportion de sa population (16 %, dont 3 millions de juifs), sera au cœur de cette séquence. Présidant le Conseil de l’Union dès le 1er janvier, sous le slogan « Sécurité, Europe ! », Varsovie aura à cœur de promouvoir la défense européenne. C’est aussi au mois de mai que doit se tenir l’élection présidentielle polonaise : la victoire de Rafał Trzaskowski, candidat de la Coalition civique, parti du Premier ministre Donald Tusk, pourrait débloquer les réformes libérales auxquelles l’actuel président Andrzej Duda a opposé son veto. Le candidat du parti Droit et justice (PiS), Karol Nawrocki, monte cependant dans les sondages.
Également en mai, l’OMS adoptera probablement « l’accord mondial sur les pandémies », le premier en son genre en faveur d’une coopération internationale renforcée.
Juin : 35e sommet de l’OTAN à La Haye
Du 24 au 25 juin, les Pays-Bas accueilleront la réunion annuelle de l’OTAN.
- Il s’agira du premier sommet de Mark Rutte, qui a pris ses fonctions de Secrétaire général le 1er octobre 2024. Il s’agira également de la première réunion de l’Alliance depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
- La question des dépenses de défense sera au cœur des préoccupations. Donald Trump a répété à de nombreuses reprises qu’il ne « protégerait pas » les membres de l’OTAN qui ne « payent pas leurs factures ». Si les pays membres sont censés consacrer 2 % de leur PIB à la défense, le sommet pourrait ouvrir la voie à de nouveaux objectifs. Les investissements collectifs dans la défense des alliés sont passés de 1,43 % à 2,02 % de leur PIB entre 2014 et 2024. Avec 4,7 % de son PIB consacré à la défense en 2025, la Pologne est le pays européen qui dépense le plus. L’Espagne et l’Italie sont toujours en-dessous de la barre des 2 %. Lire plus
- Rutte a déjà indiqué que, dans un contexte géopolitique complexe, le chiffre de 2 % était un plancher et non un plafond. La réunion de La Haye pourrait ouvrir un débat formel sur l’augmentation de cet objectif à au moins 3 % du PIB. Selon une information du Financial Times, l’équipe de transition de Donald Trump aurait informé les Européens que le président élu demandera, une fois investi, à ses alliés de consacrer 5 % de leur PIB à la défense (soit 915 milliards d’euros par an — contre 345 milliards actuellement pour les pays européens). Lire plus
- Alors que Kiev souhaite avant tout rejoindre l’OTAN, le président ukrainien a ouvert le débat sur d’autres garanties de sécurité, américaines et européennes. L’une de ces options est l’envoi de forces de paix sur le terrain, mais aucun pays allié ne s’est engagé à envoyer des soldats en Ukraine à ce jour.
Après les deux premières conférences de New York en 2017 et de Lisbonne en 2022, la France et le Costa Rica organisent conjointement la troisième Conférence des Nations unies sur les océans à Nice, du 9 au 13 juin.
Certains événements sont sûrs et ont une date. D’autres sont presque sûrs — mais on ne sait pas encore quand ils adviendront.
Juillet : vers une nouvelle dissolution en France ?
Un an après le décret de dissolution de l’Assemblée nationale du 9 juin 2024, le président Emmanuel Macron aura la possibilité de dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale à partir de juillet 2025.
- Certains constitutionnalistes considèrent qu’une dissolution serait possible dès 1 an + 1 jour après le précédent décret — soit le 10 juin 2025. Mais la plupart d’entre eux s’accordent plutôt sur 1 an + 1 jour après le second tour des législatives, soit le 8 juillet 2025. Le scrutin doit alors se tenir entre 21 et 40 jours après le décret, soit en plein mois d’août, conduisant à penser que le président pourrait plutôt attendre la rentrée.
- En décembre, Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne souhaitait pas dissoudre à nouveau l’Assemblée, ni démissionner de son mandat qui court jusqu’en 2027. Alors que le Rassemblement national a recueilli 29 % des voix au premier tour et 32 % au second en 2024, le dernier sondage en date en vue de l’élection présidentielle de 2027 affiche Marine Le Pen à 36 % si elle était opposée à Édouard Philippe, et 38 % contre Gabriel Attal.
- Dissolution ou non, la vie politique française sera marquée en 2025 par beaucoup d’incertitudes, dans une Assemblée morcelée qui risque de continuer à faire chuter les Premiers ministres. Les gouvernements n’ont jamais été aussi brefs dans l’histoire de la Ve République que sous le second mandat d’Emmanuel Macron. Lire plus
Le mois de juillet sera également marqué par le début de la présidence danoise du Conseil de l’Union pour une durée de six mois et le 1700e anniversaire du premier concile de Nicée.
Août : BRICS et multipolarité
Le Brésil occupera à partir du 1er janvier 2025 la présidence tournante du groupe des BRICS qui devrait continuer son expansion et renforcer sa coopération l’an prochain. Son sommet annuel devrait se tenir aux alentours du mois d’août.
- Le sommet de Kazan a été la première réunion du groupe à la suite de l’élargissement à six pays supplémentaires approuvé en 2023 à Johannesburg. C’est à cette occasion que les membres des BRICS ont officiellement approuvé la création d’une nouvelle catégorie d’États « partenaires ». Lire plus
- À partir du 1er janvier, neuf de ces pays seront ainsi associés aux travaux du groupe et participeront aux sessions spéciales des sommets ainsi qu’aux réunions des ministres des Affaires étrangères : le Bélarus, la Bolivie, l’Indonésie, le Kazakhstan, Cuba, la Malaisie, la Thaïlande, l’Ouganda et l’Ouzbékistan. Quatre pays supplémentaires pourraient s’ajouter à cette liste au cours de l’année 2025.
- La présidence brésilienne des BRICS devrait maintenir l’ouverture du groupe aux pays du Sud en continuant à afficher l’ambition d’investir dans la lutte contre le changement climatique, la faim et la pauvreté, ainsi qu’en fournissant un accès aux vaccins et médicaments aux pays en développement.
- Sur le papier, l’un des principaux objectifs de la Russie au sein des BRICS est de renforcer l’intégration tout en « dé-dollarisant » les économies du groupe. Si Lula s’est dit favorable à « remplacer le dollar américain par les monnaies nationales dans le commerce international », aucune avancée significative n’a dans les faits eu lieu à Kazan. Le système d’échange bancaire alternatif à SWIFT poussé par Moscou, intitulé « BRICS bridge », a été laissé en-dehors de la déclaration du sommet.
On commémorera aussi le 80e anniversaire des bombardements nucléaires de Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Septembre : rentrée politique et crise du multilatéralisme
Septembre verra le retour d’un mois de réunions internationales — à l’ère Trump 2.0.
- La 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies se déroulera dans un contexte où la capacité d’action des institutions multilatérales est mise à l’épreuve en Ukraine et à Gaza. Le Secrétaire général, Antonio Guterres, s’est attiré les critiques à la fois de Kiev et d’Israël, où il a été déclaré persona non grata. Le second mandat de Trump affaiblira certainement davantage le système mondial — si le premier mandat en est le modèle, un multilatéralisme sélectif et une primauté des intérêts américains aboutiront à un ordre mondial davantage fragmenté.
- Le Fonds monétaire international tiendra ses réunions d’automne à Washington en octobre. Actuellement, le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,2 % pour 2025 (identique à 2024). L’économie américaine devrait croître de 2,2 % (contre 2,8 % en 2024), tandis que la zone euro pourrait enregistrer une croissance de 1,2 % (contre 0,8 % cette année). Le Fonds anticipe également un ralentissement de la croissance en Chine (de 4,8 % en 2024 à 4,5 % en 2025). Toutefois, ces chiffres ne tiennent pas compte des répercussions économiques de la future politique de Donald Trump — selon le Peterson Institute, une hausse globale de 10 % des droits de douane coûterait 1 % de croissance à l’économie américaine.
- Alors que l’inflation dans la zone euro se rapproche de l’objectif des 2 % fixés par la Banque centrale européenne, une poursuite de l’assouplissement de sa politique monétaire est anticipée pour 2025. Cette tendance pourrait se renforcer si l’adoption de nouveaux droits de douane par les États-Unis aggravait le ralentissement économique de l’Union. En revanche, des tarifs douaniers, des baisses d’impôts et une politique budgétaire expansionniste pourraient favoriser une reprise de l’inflation aux États-Unis, incitant ainsi la Réserve fédérale à ralentir le rythme de la normalisation de sa politique monétaire. Bien que Donald Trump ait fréquemment critiqué Jerome Powell, président de la Fed, il a affirmé qu’il ne le révoquerait pas avant la fin de son mandat, prévue pour mai 2026.
Le 21 septembre, une éclipse solaire sera visible dans l’Antarctique, le Pacifique et l’Océanie.
Octobre : élections législatives en Argentine
Le 26 octobre, les Argentins se rendront aux urnes pour des élections législatives : la moitié des sièges de la Chambre des députés et un tiers des sièges du Sénat seront à pourvoir.
- Le scrutin sera le premier test électoral pour la coalition de Milei, La Libertad Avanza (La liberté avance), qui cherche à renforcer son ancrage territorial.
- Une victoire donnerait à Milei une majorité au Congrès où il est actuellement minoritaire, ce qui limite quoique dans une certaine mesure sa capacité à gouverner — si ses discours sont toujours très virulents contre l’opposition, ses équipes parviennent à négocier dans les coulisses afin de faire voter des lois. Milei avait notamment réussi à faire passer une législation fondamentale pour son mandat — un projet de loi omnibus, réduit par rapport à son ambition initiale mais comptant quand même 660 articles — grâce à une coalition de circonstances avec des députés macristes, péronistes dissidents et radicaux.
- Après un an de mandat, Milei reste la personnalité politique la plus populaire en Argentine, notamment parmi les segments les plus aisés de la population : depuis son arrivée au pouvoir, il a réduit de 74 % les fonds destinés aux retraites, à l’éducation, à la santé, aux sciences, à la culture et au développement social. Il a fermé 13 ministères et licencié environ 30 000 fonctionnaires. Dans le même temps, le pays compte cinq millions de pauvres en plus et connaît une récession économique.
- Une certaine image de stabilité est notamment permise par l’écart limité et contrôlé entre le dollar officiel et le dollar bleu (ou parallèle), dans un pays dont l’économie dépend de la valeur de la monnaie américaine. La dollarisation promise n’a pas eu lieu et l’élimination du contrôle des changes restera la grande mission du gouvernement Milei en 2025.
Parmi les autres événements à suivre en octobre : — deuxième anniversaire du 7 octobre 2023 ; — élections parlementaires en Tchéquie opposant les formations de l’actuel Premier ministre Petr Fiala (ODS, CRE) et de son successeur Andrej Babiš (ANO, PfE).
Novembre : une COP 30 avec plus de succès ?
Du 10 au 21 novembre, la ville de Belém, au Brésil, accueillera la COP 30, dix ans après l’Accord de Paris. À la suite d’une COP 29 jugée décevante à Bakou, de fortes attentes pèsent sur la présidence brésilienne.
- Le Brésil a promis des objectifs plus ambitieux pour la COP 30. Les discussions devraient notamment porter sur la mise en œuvre des recommandations du Bilan mondial afin d’aligner davantage les Contributions déterminées au niveau national (CDN) sur les objectifs de l’Accord de Paris et sur le renforcement des financements climatiques dans le cadre de la « feuille de route de Bakou à Belém vers les 1 300 milliards » avec un accent particulier sur le risque que représente l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre pour les habitats.
- Le Brésil a annoncé ses nouveaux objectifs climatiques et vise à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 59 % à 67 % d’ici 2035 par rapport aux niveaux de 2005. Les pays membres de l’Accord de Paris ont jusqu’en février 2025 pour soumettre leurs CDN révisées.
- Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, les politiques actuelles placent le monde sur la voie d’un réchauffement de 2,9 °C d’ici la fin du siècle, même si ce chiffre pourrait être ramené à 2,4-2,6 °C si tous les CDN existants sont respectés.
- Si le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche risque de compromettre l’engagement des États-Unis dans la lutte contre le réchauffement climatique, la Chine, en revanche, devrait dépasser dès 2025 son objectif fixé pour 2030 en matière d’énergie solaire et éolienne, atteignant une capacité estimée à 1 720 GW.
Parmi les autres événements à suivre en novembre, l’élection présidentielle au Chili le 16 et le Sommet du G20 en Afrique du Sud du 22 au 23 novembre, à Johannesburg.
Décembre : impasses budgétaires
Au mois de décembre 2025, comme en 2024, les difficultés des gouvernements nationaux des 27 — mais aussi des institutions européennes — à faire adopter un budget, seront légion.
- Le cadre financier pluriannuel (CFP) en cours au niveau européen couvre la période 2021-2027. Les négociations pour le suivant devraient démarrer dès 2025, avec une première proposition de la Commission attendue pour le printemps. Lors de son audition devant le Parlement, le nouveau commissaire au budget, le Polonais Piotr Serafin, a souligné que le futur budget européen pourrait dépasser 1 % du PIB de l’Union en raison de nouvelles priorités européennes telles que la défense et le numérique. En 2024, le budget pour l’année suivante (2025) a été voté mi-novembre, à la suite de nombreux allers-retours entre le Conseil et le Parlement. Le plan de relance NextGenerationEU arrivera lui aussi à son terme en 2026 et des discussions devraient avoir lieu l’année prochaine concernant un possible prolongement ou l’utilisation des fonds non dépensés pour financer des investissements communs dans les domaines de la défense et de l’industrialisation.
- Dans les États membres, les tensions budgétaires devraient se poursuivre. En France, avec ou sans dissolution, le paysage politique restera divisé et l’adoption d’un budget sans 49-3 semble très improbable. En Espagne, les prochaines législatives sont prévues seulement en 2027. La coalition autour du PSOE de Pedro Sanchez, fortement dépendante des indépendantistes catalans et de la gauche radicale, devrait rester en exercice en l’absence de nouvelles crises. En Allemagne, si l’arrivée de Merz à la chancellerie semble probable à la suite des élections de février, il ne devrait pas avoir de majorité et aura à composer avec le SPD ou les Verts. La Belgique n’a toujours pas de gouvernement 6 mois après les élections de juin et toute majorité qui émergera en 2025 risque d’être fragile ; c’est également le cas en Bulgarie. En Roumanie, le chaos électoral de décembre 2024 devrait perturber l’ensemble de l’année 2025.
Parmi les autres événements à suivre en décembre : — entrée en vigueur de la loi européenne sur la déforestation ; — 1er anniversaire de la chute de Bachar el-Assad en Syrie ; — dernier Conseil européen de l’année les 18-19 décembre.