Ce n’est que depuis 2019 que l’Allemagne dépense, en dollars américains courants, plus que la France pour sa défense. L’an dernier, l’OTAN estime que Berlin a consacré 68,1 milliards de dollars pour ses armées, contre 56,6 milliards pour Paris1.

Depuis l’invasion de l’Ukraine et le Zeitenwende annoncé par Olaf Scholz lors de son discours du 27 février 2022, cette tendance s’est accélérée.

  • Berlin est de loin le principal contributeur européen à l’assistance militaire à l’Ukraine avec 17,7 milliards d’euros d’aide depuis janvier 2022 contre 0,64 pour la France, selon les données du Kiel Institute.
  • Les chiffres fournis par l’Élysée et la Bundeskanzleramt à l’occasion de la signature des traités de sécurité bilatéraux avec Kiev la semaine dernière donnent une image plus nuancée de cet écart, qui devrait néanmoins s’accentuer en 2024.
  • Paris prévoit de porter son aide militaire totale à l’Ukraine à 3 milliards d’euros cette année, contre 7,1 milliards pour Berlin2.

En juin 2022, le Bundestag donnait son aval à la création d’un fonds spécial de 100 milliards d’euros dédié à des « investissements de grande envergure » pour la Bundeswehr. Depuis, environ 80 % de ce montant a déjà été engagé, notamment pour des achats de matériel : 8,3 milliards pour 35 avions de chasse américains F-35, plus de 10 milliards pour divers missiles, 2 milliards pour de nouveaux chars d’assaut et véhicules de combat d’infanterie3… 

  • Berlin souhaite aller plus loin et pérenniser ce niveau d’investissements au-delà de 2027, lorsque le fonds spécial sera épuisé.
  • À la Conférence sur la sécurité de Munich, le ministre de la Défense Boris Pistorius a laissé entendre que les dépenses de défense allemandes pourraient « atteindre 3 %, voire 3,5 % » du PIB du pays cette année « en fonction de ce qui se passe dans le monde et dans notre économie »4.
  • Si l’Allemagne a détrôné le Japon en 2023, devenant la troisième puissance économique mondiale, le pays est également entré en récession l’an dernier.

Une augmentation des dépenses de défense allemandes à 3,5 % de son PIB porterait le total à environ 144,24 milliards d’euros, en prenant pour référence les chiffres non-ajustés pour 2023 en prix courants.