Le sommet spécial ASEAN-Australie qui s’ouvre aujourd’hui à Melbourne est le deuxième format de ce type organisé par Canberra, après une première édition qui s’est tenue en mars 2018. Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement de centre-gauche d’Anthony Albanese en mai 2022, l’Australie a accéléré son rapprochement avec les pays d’Asie du Sud-Est.

  • Ce sommet célèbre les 50 ans de la coopération entre l’Australie et les pays de l’ASEAN. En 1974, Canberra était devenu le « premier partenaire de dialogue » de l’Association, le Premier ministre australien Gough Whitlam qualifiant l’ASEAN de « groupe le plus important et le plus pertinent » de la région1.
  • En 2022, Albanese avait nommé un envoyé spécial pour l’Asie du Sud-Est, Nicholas Moore, et créé un Bureau de l’Asie du Sud-Est au sein du ministère des Affaires étrangères et du Commerce.
  • Canberra a présenté lundi 4 mars un nouvel instrument de financement de 1,3 milliards de dollars américains — la Southeast Asia Investment Financing Facility — destiné à renforcer les liens économiques avec l’ASEAN2.

La coopération maritime et le regain d’activisme chinois en mer de Chine méridionale sont à l’ordre du jour. Les revendications territoriales chinoises couvrent 90 % de la mer de Chine méridionale3.

  • La ministre des Affaires étrangères australienne Penny Wong a annoncé aujourd’hui une enveloppe de 41,8 millions de dollars américains sur 4 ans pour la sécurité maritime.
  • Au sein de l’organisation, les Philippines sont le principal allié de l’Australie sur ce point. La semaine dernière, le président des Philippines Ferdinand Marcos Jr. était invité à délivrer un discours devant le Parlement australien où il appela à « unir nos forces, avec nos partenaires, face aux menaces qui pèsent sur l’État de droit, la stabilité et la paix » — en référence aux revendications chinoises en mer de Chine méridionale4.
  • Le Vietnam et les Philippines ont par ailleurs signé un accord de sécurité en janvier. 
  • L’évolution du positionnement des pays de l’ASEAN vis-à-vis des revendications chinoises est à suivre alors que le PCC tient cette semaine ses « Deux sessions » — de l’Assemblée nationale populaire (ANP) et de la Conférence Consultative Politique du Peuple chinois (CCCPC) — qui pourraient entériner un durcissement de la politique de Pékin vis-à-vis de Taïwan. Un discours du ministre des Affaires étrangères chinois pourrait avoir lieu ce jeudi 7 mars.

La politique étrangère australienne était perçue par ses partenaires asiatiques comme étant largement alignée sur celles des États-Unis avant l’arrivée au pouvoir d’Albanese5. Si Canberra maintient des liens très étroits avec Washington et Londres notamment dans le cadre de l’accord de coopération militaire AUKUS, le pays est de plus en plus considéré comme un partenaire régional majeur — d’autant que les élections américaines de novembre sont appréhendées comme un facteur d’incertitudes.

  • Les habitants des pays de l’ASEAN considèrent néanmoins toujours la Chine comme étant de loin l’acteur politique et stratégique le plus influent de la région.
  • Dans un sondage réalisé par le centre de recherche sur l’ASEAN du Yusof Ishak Institute, 41,5 % des habitants des pays membres de l’Association considéraient Pékin comme étant le principal acteur régional, contre 3 % pour l’Australie.

Parallèlement, Albanese tient à maintenir un dialogue ouvert avec la Chine et s’est rendu à Pékin en novembre dernier — la première fois pour un Premier ministre australien depuis 7 ans —, après une visite à Washington quelques semaines auparavant.