Le président ukrainien Zelensky se rend vendredi 16 février, en marge de l’ouverture de la 60ème Conférence de Munich sur la sécurité, à Berlin et à Paris pour signer des accords de sécurité avec les deux principales puissances militaires de l’Union. Le 12 janvier, le président ukrainien signait à Kiev avec le Premier ministre britannique Rishi Sunak un accord similaire dit « sans précédent ».

  • Par cet accord de long-terme, conclu pour une durée de dix ans — comme celui signé avec Londres —, l’Allemagne s’engage à « apporter un soutien sans faille à l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra »1.
  • Le jour même, Berlin annonçait un nouveau paquet d’assistance militaire à Kiev d’une valeur de 1,13 milliard d’euros comprenant 120 000 obus de 122mm, 100 missiles pour les systèmes IRIS-T SLM, deux nouveaux systèmes de défense anti-aérienne Skynex (en 2025) ainsi qu’une promesse de livraison de 36 obusiers automoteurs supplémentaires entre 2026 et 20272.

Selon la dernière mise à jour des données du Kiel Institute, l’Allemagne est le deuxième contributeur à l’assistance militaire à l’Ukraine derrière les États-Unis, avec 17,7 milliards d’euros engagés depuis le 24 janvier 2022. Le gouvernement fédéral allemand revendique notamment avoir livré à l’Ukraine 48 chars d’assaut Leopard 1A5 et 2A6, plus de 50 000 obus de 155mm ainsi que des systèmes de défense anti-aérienne IRIS-T SLS, Skynex et Patriot3.

L’accord de sécurité entre Paris et Kiev, qui fait suite aux engagements pris en marge du sommet du G7 de Vilnius en juillet 2023, devrait lui aussi principalement porter sur trois volets : octroi de nouveaux équipements à l’Ukraine, formation de militaires et contribution au renforcement de l’industrie de défense du pays.

  • Les détails de celui-ci n’ont pas encore été dévoilés, mais il semble probable qu’il se focalisera sur l’envoi d’armes particulièrement appréciées par les forces armées ukrainiennes : des canon Caesar (à court et moyen terme), des obus et des Armements air-sol modulaires (AASM) pour la force aérienne ukrainienne.

À l’Élysée un aggiornamento de la doctrine ukrainienne :

  • Lors de la conférence de presse du 16 janvier, Emmanuel Macron avait déclaré : « Nous ne pouvons pas laisser la Russie gagner. Nous ne devons pas le faire car alors la sécurité même de l’Europe et, surtout, du voisinage russe, serait remise en cause ». 
  • Selon des sources proches du dossier, le président français souhaiterait répondre au moment critique que traverse l’Ukraine en proposant un nouveau paradigme qui suppose une implication plus directe de la France et de l’Europe dans la guerre en Ukraine.
  • Cela passerait par le fait de signaler à Poutine une volonté politique de long terme pour soutenir le « choix européen » de l’Ukraine et en identifiant des nouveaux moyens de dépense pour garantir le réarmement de l’Europe.
  • La question qui se pose est : l’Ukraine et la défense remplaceront-t-elles le Pacte vert comme axe structurant du prochain cycle politique européen ?

Le Kiel Institute considère que, si l’Europe devait remplacer totalement l’aide militaire américaine en 2024, elle devrait « doubler le niveau et le rythme actuels de son assistance en matière d’armement »4.

  • Cette hypothèse de fin de l’assistance militaire américaine à l’Ukraine devient de plus en plus plausible alors que le speaker républicain de la Chambre des représentants refuse de tenir un vote sur le paquet approuvé mardi au Sénat contenant plus de 60 milliards de dollars d’assistance sécuritaire à l’Ukraine5.
  • À Avdiivka, sur la ligne de front, les combattants ukrainiens seront bientôt contraints de céder la ville aux Russes en raison des pénuries de munitions.
  • Jeudi 15 février, Kiev annonçait retirer ses troupes de certains secteurs dans la partie est de la ville afin de les placer « sur des meilleures positions »6.