Après une première conférence organisée en juin au Danemark puis en Arabie saoudite et à Malte à l’été et l’automne 2023, la Suisse et l’Ukraine accueilleront conjointement à Davos « plus de 80 délégations » pour la quatrième réunion de ce format qui vise à « rétablir une paix durable en Ukraine »1.

  • Kiev profitera ainsi de l’arrivée à Davos de représentants issus de plus d’une centaine d’États venus en Suisse pour assister à l’édition 2024 du Forum économique mondial qui s’ouvrira le lendemain.
  • L’organisation du forum a annoncé la présence de plus de 60 chefs d’État et de gouvernement, dont Emmanuel Macron, Pedro Sánchez, Javier Milei ou le Premier ministre chinois Li Qiang.
  • La conférence sur la paix en Ukraine devrait quant à elle rassembler des délégations représentant plus de 80 pays, soit une vingtaine de plus par rapport au précédent format organisé à Malte en octobre.

C’est le chef de cabinet de la présidence ukrainienne, Andriy Yermak, qui devrait présider la réunion aux côtés du conseiller fédéral suisse Ignazio Cassis. Le mois dernier, en addition de ce format, les conseillers à la sécurité nationale des pays du G7 et de plusieurs États du sud — dont l’Inde, l’Arabie saoudite et la Turquie notamment — se réunissaient à Riyadh lors d’une « réunion secrète ». Tandis que l’absence de la Chine, du Brésil et des Émirats arabes unis y a été remarquée, « aucune avancée majeure » n’y a été obtenue2.

La session de dimanche s’ouvrira dans un contexte plus défavorable à Kiev par rapport à celui organisé fin octobre à Malte.

  • Les visites à répétition à Washington de membres du cabinet de Zelensky et du gouvernement ukrainien n’ont pas réussi à convaincre les élus républicains qui s’opposent à octroyer plus de fonds pour Kiev sans concession majeure de l’administration démocrate sur la frontière sud.
  • Le 27 décembre dernier, le département de la Défense américain annonçait l’envoi en Ukraine de son dernier paquet d’assistance militaire3.
  • Depuis, l’armée ukrainienne recule sur certaines zones du front tandis que les campagnes de frappes aériennes russes sur les infrastructures civiles, énergétiques et l’industrie de défense se font de plus en plus intenses.
  • Un rapport du Pentagone envoyé mercredi 10 janvier au Congrès américain révélait que l’équivalent de plus d’un milliard de dollars d’armements envoyés à l’Ukraine « n’ont pas été correctement suivis » par l’administration4.

    La signature à Kiev vendredi 12 janvier d’un accord sécuritaire « sans précédent » entre le Royaume-Uni et l’Ukraine relève d’un geste politique fort qui devrait rester en vigueur pour une durée de dix ans, à moins que Kiev ne rejoigne l’OTAN avant5. Si l’augmentation de l’aide militaire britannique à 2,5 milliards de livres en 2024-2025 — soit 200 millions de plus par rapport aux précédents engagements — aura certainement un impact positif sur les forces ukrainiennes, une voie vers la victoire de Kiev semble aujourd’hui quasi-impossible sans le renouvellement et l’augmentation du soutien américain.

    Sources
    1. Peace formula : National security advisers discuss in Davos principles for lasting peace in Ukraine, Département fédéral des affaires étrangères de la Confédération suisse, 11 janvier 2024.
    2. Alberto Nardelli, Samy Adghirni et Jennifer Jacobs, « US and Allies Met Secretly With Ukraine on Peace Plan », Bloomberg, 9 janvier 2024.
    3. Joseph Clark, DOD Announces Aid Package for Ukraine, U.S. Department of Defense, 27 décembre 2023.
    4. Department of Defense Office of Inspector General, (U) Evaluation of the DoD’s Enhanced End-Use Monitoring of Defense Articles Provided to Ukraine, 10 janvier 2024.
    5. Agreement on Security Co-operation between the United Kingdom of Great Britain & Northern Ireland and Ukraine, Présidence d’Ukraine, 12 janvier 2024.