Léonardo Villalón (dir.), Oxford Handbook of African Sahel, Oxford University Press, 2021 

Longtemps en marge des préoccupations des chercheurs et des politiques, les pays du Sahel ouest-africain ont récemment attiré l’attention du monde entier, principalement en tant que champ de bataille clef dans la « guerre contre le terrorisme ». Ce livre va au-delà de ce point de vue étroit, en fournissant une évaluation multidimensionnelle et interdisciplinaire de la région dans toute sa complexité. L’accent est mis sur les six pays au cœur de l’espace géographique sahélien : le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.

Collectivement, les chapitres explorent les points communs et les interconnexions qui lient ces pays et leurs destins, tout en soulignant leur diversité et les variations de leurs réalités actuelles. Le Sahel se trouve aujourd’hui à un carrefour important, soumis à des pressions multiples et variées : environnementales, politiques, démographiques et économiques, ainsi qu’à des dynamiques sociales et religieuses en pleine mutation. Il est également marqué par un dynamisme et une expérimentation remarquables, s’appuyant sur une longue histoire d’innovation et de transfert culturel. À bien des égards, le Sahel est aujourd’hui à la pointe de grandes expériences naturelles visant à déterminer comment l’homme s’adaptera au changement climatique, à l’innovation technologique, au mouvement global des populations et à la restructuration de la politique mondiale, à l’urbanisation, au changement social et à la croissance démographique rapide, ainsi qu’aux contacts interreligieux. La région est une girouette sur la ligne de front des forces du changement mondial. Répartis en neuf sections thématiques, les chapitres de cet ouvrage proposent des analyses globales des forces clés qui façonnent la région. Les auteurs, qui comprennent des chercheurs basés en Afrique, en Europe et aux États-Unis, représentent une expertise exceptionnelle sur le Sahel, tant par son ampleur que par sa profondeur.

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Jean-Loup Amselle, L’invention du Sahel, Éditions du croquant, 2022

Le Sahel est une catégorie, comme toutes les catégories qui s’appliquent à l’Afrique, ethniques et géographiques entre autres, qui semble aller de soi. Évoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections qui se produisent dans toute cette zone depuis des décennies, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une catégorie instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches » (Touaregs, Maures), des populations « rouges » (Peuls) et des populations « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’il en est du Sahel, de ses limites, de ce qui le caractérise en propre. Il s’agit d’une notion totalement arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains dont le plus célèbre d’entre eux est Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 pour son roman « La plus secrète histoire des hommes ». L’hypothèse de ce livre est donc que les problèmes de ce qui forme aujourd’hui le Sahel (en particulier la défaite de l’armée française) sont en grande partie le résultat d’une représentation figée de cette région géographique d’Afrique de l’ouest.

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Marco Aime, Andrea De Georgio, Il grande gioco del Sahel, dalle carovane di sale ai boeing di cocaina, Bollati Boringhieri, 2021

La ceinture subsaharienne, appelée Sahel (« rivage » en arabe), se caractérise depuis des siècles par un climat erratique, lié à l’irrégularité des précipitations. Ici, la coexistence entre éleveurs et agriculteurs a toujours été nécessaire, mais elle est aussi source de conflits pour les ressources.

Mais ces dernières années, les affrontements se sont transformés en véritables massacres, en partie à cause de l’imbrication des enjeux territoriaux avec le nouveau djihadisme. Plusieurs massacres ont ensanglanté des villages dogons au Mali et dans la région sahélienne du Burkina Faso, provoquant des dizaines de milliers de déplacés.

En 2009, un Boeing 727 a atterri en plein désert, sur une piste d’atterrissage bricolée : une coulée de béton au milieu de nulle part. L’avion, baptisé Air Cocaïne, transportait plusieurs tonnes de cocaïne à destination de l’Europe. Ce qui se passe au Sahel nous concerne donc de près, car cette région est devenue l’une des principales plaques tournantes de la politique internationale, notamment souterraine. Différents intérêts convergent vers le Sahel, impliquant les grandes puissances européennes comme la France, les nouveaux plans expansionnistes de la Chine en Afrique, les visées hégémoniques des factions djihadistes les plus radicales, le marché international de la drogue et des armes, et le trafic lucratif de nouveaux esclaves vers l’Europe.

Dans un style clair et vivant, Marco Aime et Andrea de Georgio nous font pénétrer dans ce territoire complexe, où se jouent les destins d’une humanité en lutte pour sa survie, en montrant des trafics encore trop peu connus du lecteur européen.

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Gregory Mann, From Empires to NGOs in the West African Sahel The Road to Non Governmentality, Cambridge University Press, 2014

Cet ouvrage dépasse l’histoire des anciens empires et des nouveaux États-nations pour s’intéresser aux nouvelles communautés transnationales de solidarité et d’aide, de sciences sociales et d’activisme. Peu après l’indépendance de la France en 1960, les populations vivant au Sahel – une longue et mince bande de terre bordant le Sahara – ont fait l’objet de campagnes de défense des droits de l’homme et d’interventions humanitaires. Au moment où ses États étaient les plus forts et les plus ambitieux, le Sahel postcolonial d’Afrique de l’Ouest est devenu un terrain fertile pour la production de nouvelles formes de rationalité gouvernementale réalisées par des ONG. Les racines de cette « non-gouvernementalité » se trouvent en partie en Europe et en Amérique du Nord, mais elle a fleuri, paradoxalement, au Sahel. Ce livre est unique en ce sens qu’il s’interroge non seulement sur la manière dont les États d’Afrique de l’Ouest ont exercé leur nouvelle souveraineté, mais aussi sur la manière dont les ONG – allant de CARE et Amnesty International aux internationalistes noirs – ont commencé à assumer des éléments de souveraineté à une époque où celle-ci était si fortement valorisée, et sur les raisons qui les ont poussées à le faire.

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Beatriz Mesa, Los grupos armados del Sahel, Conflicto y economía criminal en el norte de Mali, Los Libros de la Catarata, 2022

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le phénomène djihadiste s’est répandu sur la scène internationale. Cependant, l’essence du djihad n’est pas homogène et sa présence en Afghanistan, en Irak, en Somalie ou au Sahel ne s’explique pas de la même manière. L’objectif principal de ce livre est d’étudier les groupes armés insurgés (djihadistes et sécessionnistes) dans le nord du Mali, leur évolution et leur passage d’organisations identitaires à des bandes criminelles. Comme nous le verrons, les revendications morales de ces groupes sont souvent une façade qui cache leurs véritables intentions : s’imposer sur le territoire afin de déployer des réseaux économiques criminels. L’impact d’un business lucratif, principalement basé sur les enlèvements et le trafic de drogue, explique le développement de la violence politique au Sahel et la multiplication des groupes armés au cours de la dernière décennie. Si les médias généralistes et la plupart des institutions internationales qualifient la vague de violence dans la région de « processus d’afghanisation », la réalité est bien plus complexe, tant les ambitions économiques, identitaires et de pouvoir s’entremêlent.

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Rémi Carayol, Le mirage sahélien. La France en guerre en Afrique. Serval, Barkhane et après ?, La Découverte, 2022

L’intervention militaire engagée par la France au Sahel tourne au fiasco. Lancée en janvier 2013, l’opération Serval ressemblait au départ à une success story. Les quelques centaines de djihadistes qui avaient pris le contrôle des principales villes du Nord-Mali furent mis en déroute. Des foules en liesse, brandissant ensemble les drapeaux français et malien, firent un triomphe à François Hollande lorsqu’il se rendit à Bamako.

Tout cela n’était pourtant qu’un mirage. En quelques mois, l’opération Barkhane, qui prend le relais de Serval en juillet 2014, s’enlise. Les djihadistes regagnent du terrain au Mali et essaiment dans tout le Sahel : des groupes locaux, liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, se constituent et recrutent largement, profitant des injustices et de la misère pour se poser comme une alternative aux États déliquescents. Au fil des ans, la région s’enfonce dans un chaos sécuritaire et politique : les civils meurent par milliers et les coups d’État militaires se multiplient. Impuissante, la France est de plus en plus critiquée dans son « pré carré ».

L’armée française, imprégnée d’idéologie coloniale et engluée dans les schémas obsolètes de la « guerre contre le terrorisme », se montre incapable d’analyser correctement la situation. Prise en étau entre des décideurs français qui ne veulent pas perdre la face et des dirigeants africains qui fuient leurs responsabilités, elle multiplie les erreurs et les exactions. Des civils sont tués. Des informateurs sont abandonnés à la vengeance des djihadistes. Des manifestations « antifrançaises » sont violemment réprimées.

Sous couvert de la lutte contre la « barbarie », la France a renié les principes qu’elle prétend défendre sur la scène internationale. Le redéploiement du dispositif militaire français au Sahel, annoncé par Emmanuel Macron, n’y change rien : la France poursuit en Afrique de l’Ouest une guerre qui ne dit pas son nom, et sur laquelle les Français n’ont jamais eu leur mot à dire.

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Revue Hérodote, Géopolitique du Sahel et du Sahara, La Découverte, 28 mars 2019

Le Sahel et le Sahara traversent en ce moment une période très trouble, touchés par la guerre civile en Libye, le conflit dans le Nord-Mali et la révolte de la secte Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. Ces trois pôles de « l’arc de crises » sont ici envisagés aux niveaux international, national et local où des rivalités « intercommunautaires » se greffent sur des insurrections islamistes et les attisent.
La percée, au Mali, des mouvements djihadistes venus d’Algérie est ensuite analysée de même que l’influence de ce pays qui a pris le pas sur celle de la Libye, très affaiblie au Sahel après la chute du colonel Kadhafi. Quant à la politique de la France, principale puissance étrangère impliquée, deux textes l’appréhendent en termes de relations diplomatiques, de stratégie militaire et de promotion du développement pour lutter contre l’islamisme et restaurer la paix.
Malgré ces conflits, des espoirs existent à travers la résilience des populations qui se manifeste par leur volonté et leur capacité à échanger, à se mouvoir et à se lancer dans de nouvelles activités. Des auteurs se penchent sur les échanges transsahariens (officiels, frauduleux, mafieux), sur les migrations vers le vieux continent que l’Union européenne veut enrayer et sur l’orpaillage en zone désertique, tantôt « ferment de crises » par les convoitises qu’il suscite (Tchad), tantôt atténuateur par les revenus offerts (Niger).

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Souleymane Bachir Diagne, « L’Islam et l’Ouest africain : une histoire intellectuelle », dans François-Xavier Fauvelle, Anne Lafont (dir.), L’Afrique et le monde : histoires renouées De la Préhistoire au XXIe siècle, La Découverte 2022

Une histoire mondiale de l’Afrique, une histoire africaine du monde. Tel est le double pari de cet ouvrage ambitieux qui nous plonge dans la conversation que les sociétés du continent africain ont, au cours de l’histoire, toujours entretenue avec celles du reste du monde. Une conversation multimillénaire, depuis la dispersion des humains modernes jusqu’à nos jours, dont les auteurs et autrices nous invitent à écouter toutes les tonalités. Car cette histoire est faite de rapports de domination et de violences, de rejets et de révoltes, mais également d’interactions à toutes les échelles, de circulations de biens et d’idées, d’innovations et d’adaptations locales, de mutations globales. S’émancipant des monologues factices qui divisent le passé, ce livre propose une histoire polyphonique. Il s’appuie sur les recherches les plus actuelles et les plus poussées pour éclairer la manière dont les sociétés africaines ont toujours pris part au monde.

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Hans Ritter, Sahel : Land der Nomaden, Trickster, 1986

Dans ces vastes espaces bordés par l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie, le Mali, la Libye et le Tchad, le sel, comme l’eau, a permis de constituer des îlots de vie, des oasis ou même des cités.

La route du sel à travers le Sahara, comme on a pu parler de la route de la soie : l’imagination s’enflamme d’un rêve fabuleux. Une vision un instant captive de la photographie, des espaces infinis de lumière et de sable, la marche lente et ondoyante des chameaux dont le pas a rythmé la poésie de l’islam, des visages d’hommes voilés sur le mystère d’une vie dure, austère… C’est un beau livre que nous donne-là Hans Ritter, médecin ethnologue attaché à l’université de Munich, qui a partagé la vie des dernières caravanes de sel.

Camillo Casola, Sahel. Conflitti, migrazioni e instabilità a sud del Sahara, il Mulino, 2022

La légitimité fragile des gouvernements et des institutions, le poids croissant des organisations criminelles dédiées aux trafics illicites, l’insécurité générée par les insurrections djihadistes, l’impact social des phénomènes de mobilité humaine, la vulnérabilité des systèmes exposés à une variabilité climatique extrême : tels sont les principaux facteurs qui font du Sahel – la bande de territoire africaine située aux confins méridionaux du Sahara – une zone géopolitique très critique. Un scénario rendu encore plus complexe par la présence de nombreux acteurs extérieurs, animés par des intérêts particuliers et des logiques de concurrence stratégique. Ce volume étudie les causes et les développements de la crise dans le centre-ouest du Sahel, une région d’un intérêt croissant pour l’Europe et d’une importance fondamentale pour comprendre les problèmes et les perspectives du continent africain.

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François-Xavier Fauvelle, Le Rhinocéros d’or : histoires du Moyen Âge africain, Paris, Alma, 2013 (édition de poche, coll. « Folio Histoire », Gallimard, 2014 ; 2e éd. revue et augmentée, Tallandier, 2022)

Le Rhinocéros d’or peint le tableau d’une Afrique méconnue, celle des « siècles d’or » du Moyen Âge (VIIIe-XVe siècle). Le témoignage d’un négociant, d’un aventurier, d’un géographe arabe, une carte, une fresque, une inscription gravée, les ruines d’une ville de sel ou de terre, un site récemment fouillé, sont autant de traces qui permettent à François-Xavier Fauvelle de reconstituer ces pans d’histoire. Il nous mène de l’Afrique du Nord aux royaumes du Ghâna et du Zâfûn, de l’empire du Mâli à l’Égypte, du Kânem près du lac Tchad aux royaumes chrétiens de Nubie et d’Éthiopie, des principautés de la côte d’Afrique de l’Est aux énigmatiques ruines de Grand Zimbabwe.

On découvre les cours de souverains opulents ; les villes bruissantes d’activité où les commerçants du monde islamique rencontraient les négociants africains ; les marchés où s’échangeaient ambre de cachalot, esclaves et or contre perles indopacifiques et vaisselle de Chine. Les sociétés africaines étaient alors parties prenantes d’un vaste monde interconnecté. Devenu un classique, Le Rhinocéros d’or a été traduit en une dizaine de langues. Paru dans sa première version en 2013 (Alma), le livre a reçu le Grand Prix du livre d’histoire (Rendez-vous du livre d’histoire de Blois), l’édition anglaise (Princeton University Press, 2018) celui du « Medieval book of the year » (Medievalists.net). Cette nouvelle édition est augmentée de plusieurs chapitres et enrichie des fruits d’une dizaine d’années de recherches.

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Emmanuel Garnier, L’empire des sables. La France au Sahel 1860-1960, Perrin, 2018

Ce livre retrace pour la première fois la conquête de la zone sahélienne amorcée en 1860. Dans un espace immense s’étirant de la Mauritanie au Tchad, face à une situation particulièrement complexe et mouvante, l’armée a inventé de toutes pièces des unités spécialement adaptées aux contextes ethnique, religieux, climatique et sanitaire de cette partie de l’empire et est parvenue à mettre un terme aux rezzous (pillages). Passé ces guerres endémiques s’ouvre une nouvelle ère, à compter des années 1930, celle de l’« apprivoisement » opéré par les méharistes et les médecins « du bout de la piste », qui offrirent à ces territoires une stabilité jamais connue par la suite. 

Puisant dans une documentation inédite extraite des archives de l’armée à Vincennes et de celles conservées à Dakar, cet ouvrage est d’une brûlante actualité, à l’heure où l’engagement militaire français dans la ceinture sahélienne (actuel dispositif « Barkhane ») semble dans l’impasse. Il donne ainsi à comprendre les racines de ce conflit vieux de plus d’un siècle.

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Alisa LaGamma (dir.), Sahel Art and Empires on the Shores of the Sahara, The Metropolitan Museum of Art/Distributed by Yale University Press, 2020

Une exploration complète, couvrant 1300 ans, de l’art et de la culture de la région sahélienne de l’Afrique. Cet ouvrage novateur examine les extraordinaires traditions artistiques et culturelles de la région africaine connue sous le nom de Sahel (« rivage » en arabe), une vaste zone située à la limite méridionale du désert du Sahara qui comprend les actuels Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger, Nigeria et Tchad. Cet ouvrage est le premier à présenter une vue d’ensemble des diverses réalisations et traditions culturelles de la région, qui s’étendent sur plus de 1 300 ans, de la période préislamique au XIXe siècle. Il présente certaines des plus anciennes œuvres d’art d’Afrique, ainsi que des œuvres emblématiques telles que les sculptures des peuples Dogon et Bamana du Mali. Des essais rédigés par d’éminents spécialistes internationaux traitent de l’art, de l’architecture, de l’archéologie, de la littérature, de la philosophie, de la religion et de l’histoire du Sahel, explorant le paysage culturel unique dans lequel ces anciennes communautés se sont épanouies. Richement illustré et brillamment argumenté, Sahel fait revivre la créativité durable des différents peuples qui ont vécu, commercé et voyagé à travers ce carrefour du monde.

Camille Lefebvre, Des pays au crépuscule. Le moment de l’occupation coloniale (Sahara-Sahel), Fayard 2021

Au début du XXe  siècle, quatre-vingts militaires français accompagnés de six cents tirailleurs envahissent deux puissantes villes du Sahara et du Sahel. La France, comme plusieurs autres pays européens, considère alors les territoires africains comme des espaces à s’approprier. Elle se substitue par la force aux gouvernements existants, au nom d’une supériorité civilisationnelle fondée sur le racisme. Depuis le cœur de ces deux villes, grâce à une documentation exceptionnelle, Camille Lefebvre examine comment s’est imposée la domination coloniale. Militaires français, tirailleurs, mais aussi les sultans et leur cour, les lettrés et les savants de la région, sans oublier l’immense masse de la population, de statut servile ou libre, hommes et femmes  : tous reprennent vie, dans l’épaisseur et la complexité de leurs relations. Leur histoire révèle la profondeur des mondes sociaux en présence  ; elle retisse les fils épars et fragmentés des mondes enchevêtrés par la colonisation. Les sociétés dans lesquelles nous vivons, en France comme au Niger, sont en partie issues des rapports de domination qui se sont alors noués  ; s’intéresser à la complexité de ce moment nous donne des outils pour penser notre présent.

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Fritz Edlinger, Günther Lanier, Krisenregion Sahel. Hintergründe, Analysen, Berichte, ProMedia Verlag, 2022

La zone sahélienne est en passe de devenir le premier foyer de crise au monde.

Les tentatives d’obtenir une plus grande marge de manœuvre politique et économique par le biais d’une coopération intra-africaine plus étroite ont jusqu’à présent échoué. Partout, il existe des dépendances post- et néocoloniales, en premier lieu de la France, qui a agi jusque dans les années 1960 en tant que puissance coloniale et « porteuse de civilisation ». Entre-temps, les Etats-Unis et l’Union européenne s’en mêlent également. Un événement qui a eu un effet dévastateur sur le Sahel est l’intervention occidentale d’octobre 2011 à la lisière nord du désert, qui a entraîné la chute de Mouammar Kadhafi en Libye.

Les auteurs analysent la situation dans les neuf pays du Sahel. Ils examinent en outre le contexte régional et les principaux facteurs internes tels que le rôle de l’islam, le statut de la femme, les différentes ethnies ainsi que les problèmes de migration et d’environnement.

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Crédits
Sauf indication contraire, tous les textes de présentation des ouvrages sont les citations des quatrièmes de couverture des éditeurs.