Le dernier sommet de ce format remonte à 2014, lorsque Barack Obama avait invité à la Maison-Blanche les dirigeants de 50 des 54 États qui composent le continent africain.

  • Donald Trump n’avait pas poursuivi une politique d’engagement avec le continent, devenant le premier président américain depuis Reagan à ne pas se rendre en Afrique subsaharienne.
  • Avant les visites du secrétaire d’État Antony Blinken en Afrique, aucun responsable américain ne s’était rendu sur le continent au cours des 9 premiers mois de l’administration Biden.
  • Le président lui-même ne s’y est rendu que pour la COP 27, qui s’est tenue en Égypte, mais pourrait profiter de ce sommet pour annoncer une visite dans plusieurs pays africains en 2023.

Sur les 54 nations du continent africain, 5 seulement n’ont pas reçu d’invitation : les pays dont les dirigeants ont pris le pouvoir à la suite de coup d’État (Mali, Burkina Faso, Guinée, Soudan) et l’Érythrée, qui n’entretient pas de relations diplomatiques avec les États-Unis.

Contrairement aux précédentes rencontres— notamment le Sommet pour la Démocratie —, l’administration Biden ne peut plus se permettre d’isoler des pays comme l’Éthiopie ou la Guinée équatoriale, qui ont un très mauvais bilan en matière de droits de l’homme, ceux-ci étant désormais convoités par d’autres puissances : Chine, Russie, Turquie notamment.

  • Malgré la réputation du président de Guinée équatoriale, l’annonce par le Pentagone en mars de la volonté chinoise de construire une base navale sur la face Atlantique de l’Afrique a conduit à l’envoi de plusieurs délégations américaines vantant la coopération avec Washington1.
  • Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, sous le coup de sanctions américaines pour corruption, ne pourra pas assister au sommet mais sera représenté par son gouvernement.

Lors de la conférence de presse donnée en amont du Sommet par Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale, celui-ci, interrogé par un journaliste a propos de « l’influence grandissante de la Chine en Afrique », a affirmé que ce sommet sera « à propos de ce que nous pouvons offrir […] il ne s’agit pas de parler d’autres pays » — refusant par là de nommer directement Pékin2.

Dans la très attendue National Security Strategy, un document qui fixe les grandes lignes de l’administration en matière de politique étrangère publié en octobre, la Chine avait été définie comme un « concurrent » des États-Unis — loin de la « menace » constituée par la Russie3. L’an dernier, le commerce chinois avec l’Afrique était cinq fois supérieur à celui des États-Unis, tandis que Pékin octroie plus de prêts à des pays africains et investit plus sur le continent que Washington4.

Sources
  1. David Vergun, « General Says China Is Seeking a Naval Base in West Africa », U.S. Department of Defense, 17 mars 2022.
  2. Press Briefing by Press Secretary Karine Jean-Pierre and National Security Advisor Jake Sullivan, Maison-Blanche, 12 décembre 2022.
  3. National Security Strategy, Maison-Blanche, octobre 2022.
  4. 2021年12月进出口商品国别(地区)总值表(美元值), Administration générales des douanes de la République populaire de Chine,18 janvier 2022.