• La liste des invités a provoqué la colère de la Chine et de la Russie, non conviées au sommet. Moscou et Pékin ont dénoncé le « manichéisme » des États-Unis qui, selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, « préfèrent créer de nouvelles lignes de division, diviser les pays en bons, selon eux, et mauvais, selon eux »1. Mais d’autres invitations interrogent également. En effet, si l’administration Biden a convié l’Inde, le Pakistan, le Brésil, les Philippines ou encore la Pologne, dont les dérives populistes et autoritaires ont souvent été critiquées, la Turquie – alliée des États-Unis au sein de l’OTAN – ou la Hongrie ont été laissées à la porte. De nombreux pays du Proche et du Moyen-Orient ont également été exclus de ce sommet et ont alors dénoncé «  l’hypocrisie » des démocraties occidentales, à l’instar des Émirats Arabes Unis2.
  • L’administration Biden souhaite, avec ce sommet, retrouver sa place de défenseur des démocraties dans le monde, une promesse de campagne de Biden qui avait également pour but de rompre avec certaines des décisions diplomatiques de Trump3. Ainsi le 7 décembre, les États-Unis ont imposé des sanctions à des citoyens et des officiels iraniens, ougandais et syriens4. Cette ambition est confirmée par la sous-secrétaire d’État américaine pour la Sécurité, la Démocratie et les Droits humains, Uzra Zeya, qui a affirmé : « N’en doutez pas, nous sommes à l’heure de vérité pour la démocratie »5.
  • La Chine, d’abord, a vivement réagi à l’invitation de Taïwan au sommet, considérant qu’il s’agissait d’une «  violation de la souveraineté chinoise »6. Pékin a ensuite affirmé que la Chine était également une démocratie et qu’« il n’existe pas de modèle fixe de démocratie ; elle se manifeste sous de nombreuses formes »7 réaffirmant ainsi la « voie propre » de la Chine.  De plus, le Kremlin a publié un papier pointant les défaillances de la démocratie américaine, reprenant notamment l’idée que les élections de 2020 auraient été truquées8.
  • Plusieurs dossiers diplomatiques entourent ce sommet. D’abord, les pressions de la Russie sur l’Ukraine, aux frontières de laquelle des dizaines de milliers de soldats russes se massent. Dans un appel avec Vladimir Poutine le 7 décembre, Joe Biden a menacé la Russie de sanctions en cas d’envahissement de l’Ukraine, position qu’il a réaffirmée dans une conférence le lendemain affirmant que si l’envoi de troupes américaines était pour l’heure exclu, la Russie ferait face à des « conséquences économiques comme [elle] n’en a jamais vu »9 si elle choisissait d’envahir l’Ukraine. Cette fermeté a été appuyée par le nouveau chancelier allemand ainsi que par le président du Conseil européen Charles Michel, suivi du Royaume-Uni et de la France.
  • Le boycott diplomatique des Jeux Olympiques de Pékin par les États-Unis, vite rejoints par le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie est l’autre sujet majeur de tensions10. Ce boycott est, selon ces pays, une réponse aux violations répétitives des droits humains par la Chine dont le plus récent exemple a été donné par l’affaire Peng Shuai11 et alors que la situation des Ouïghours préoccupe toujours les démocraties occidentales12.
  • Dans une tribune coécrite par les ambassadeurs russes et chinois aux États-Unis et publiée fin novembre, ces derniers dénonçaient une « mentalité de guerre froide ». Mais ce sommet a peut-être également pour but de raffermir la démocratie américaine, en crise depuis le refus par Trump et ses partisans de l’élection de Biden et l’assaut du capitole le 6 janvier 2021 et alors que les Républicains gagnent du terrain à l’approche des élections de mi-mandat