• Il est d’abord à noter que la diffusion d’un tel document, traduit en plusieurs langues dans un but de diffusion mondiale, intervient alors que le monde commence à s’inquiéter du sort de Peng Shuai. La situation de la joueuse de tennis de 35 ans, qui n’a plus donné signe de vie depuis le 4 novembre dernier après avoir accusé, dans une publication sur le réseau social Weibo (aujourd’hui supprimée), l’ancien vice-Premier ministre Zhang Gaoli de l’avoir violée en 2018, est de plus en plus une source de préoccupation au sein de la communauté sportive internationale, et au-delà.
  • Selon la résolution adoptée le 11 novembre et publiée le 17, le PCC1 serait l’héritier d’une longue histoire de révolution faisant suite à l’oppression. En effet, la Chine, jusqu’à l’avènement du communisme, aurait été dans un « état semi-colonial et semi-féodal ». La révolution de 1911, le mouvement du 4 mai 1919 puis la création du PCC en juillet 1921 sont alors autant de jalons dans la révolution chinoise naissante, avant la trahison de la « clique réactionnaire du Guomindang » et des « idées déviationnistes de droite » représentées par Chen Duxiu.  
  • La résolution revient ensuite sur la « voie chinoise » vers le communisme, qui se fonde sur la « réalité chinoise », définie le 7 août 1927, quand est conceptualisée « l’idée directrice du déclenchement de la révolution agraire et des insurrections armées  ». Selon l’histoire officielle, ce sont finalement les « erreurs déviationnistes de gauche » représentées par Wang Ming qui mèneront à la Grande Marche, d’octobre 1934 à octobre 1936. 
  • Dans cette geste héroïque, la prise de contrôle de Mao Zedong sur le PCC ouvre une nouvelle voie et la Seconde Guerre mondiale est qualifiée de « première victoire totale du peuple chinois dans une lutte de libération nationale ». La mise en place de la RPC le 1er octobre 1949 est alors, pour le PCC, l’avènement de « l’indépendance nationale et la libération du peuple  » mettant  fin à la « désintégration du pays  » ainsi qu’aux « traités inégaux ». 
  • La résolution revient par la suite sur plusieurs faits marquants de l’histoire chinoise. Ainsi, selon le Parti, « le Tibet est libéré pacifiquement »,  « la réforme agraire est achevée » et « des réformes démocratiques sont mises en œuvre dans toute la société et l’égalité homme-femme est proclamée ». Les années 1950 voient se construire les fondements du régime chinois, notamment la Constitution de 1954 et le développement de l’Armée Populaire de Libération. La Chine, à l’extérieur « combat l’impérialisme, l’hégémonie, le colonialisme et le racisme  », ce qui lui vaut « le respect et les éloges de la communauté internationale, surtout de la part des autres pays en voie de développement. ». Le Grand Bond en avant, qui dure de février 1958 à 1960 et a causé la mort d’au moins 30 millions de personnes, n’est pas mentionné. 
  • Cependant, on trouve déployée dans cette résolution une critique de Mao Zedong et de ses « erreurs théoriques et pratiques en matière de lutte des classes dans la société socialiste  », tandis que « le Comité central n’a pas réagi à temps pour rétablir le cap », ce qui a entraîné le déclenchement par Mao de la « révolution culturelle  », « qu’il jugeait – à tort – nécessaire » dont a profité une « clique contrerévolutionnaire » censée être responsable des exactions commises lors de ces évènements. La Révolution se termine finalement en octobre 1976, quand «  le Bureau politique du Comité central, conformément à la volonté du Parti et du peuple, écrasa la « bande des Quatre » et mit un point final au désastre de la révolution culturelle ». S’ouvre alors, en octobre 1978, avec l’arrivée de Deng Xiaoping à la tête du PCC, une nouvelle ère, « celle de la réforme, de l’ouverture et de la modernisation socialiste.  ». C’est à ce moment-là qu’aurait vu le jour, d’après la résolution, « le socialisme à la chinoise ». 
  • Une période de « grande modernisation » débute. La résolution affirme ainsi que « la Chine réussit un tournant historique, passant d’un régime d’économie planifiée hautement centralisé à un régime d’économie de marché socialiste plein de dynamisme, et d’un état de fermeture ou semi-fermeture à une ouverture tous azimuts  ». Trois stratégies sont mises en œuvre par le PCC : « celle de renouveau national grâce aux sciences et à l’éducation, celle de développement durable et celle de renouveau du pays par l’émergence de talents ». Les révoltes de 1989, qualifiées de « troubles  » sont, selon le PCC, « [attisées] par les forces anticommunistes et antisocialistes de l’étranger, dans un malheureux concours des circonstances intérieures et extérieures  ». 
  • Mais si la politique de stabilité et de réforme prônée par Deng Xiaoping est saluée, certains de ses effets sont « abominables »2. Aurait ainsi notamment résulté de la politique du dirigeant chinois «  une sérieuse « crise de foi politique » [qui] a balayé pendant un certain temps une partie des cadres et des membres ordinaires du parti.  »  tandis que « certains ministères et administrations provinciales commettaient des abus criants dans la sélection et la nomination de leurs cadres et laissaient se développer en leur sein la culture de l’apparence, la bureaucratie, la recherche du plaisir et le goût du luxe, ainsi que la mentalité de privilège et ses manifestations.  »  
  • Sur la question de Taiwan, la résolution affirme que «  toutes les tentatives prônant « deux Chine », « la Chine et Taiwan » ou l’« indépendance de Taiwan » ont lamentablement échoué.  » tandis que le pays aurait favorisé, comme avec Hong-Kong et Macao, les principes de «  réunion pacifique ; un pays, deux systèmes ». 
  • Une nouvelle pensée majeure pour le PCC s’impose, celle de Xi Jinping sur «  le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère ». Selon la résolution : « Cette pensée a clarifié ce qui suit : la direction du Parti communiste chinois est la marque essentielle du socialisme à la chinoise et le plus grand atout du régime socialiste à la chinoise, le Parti exerce le pouvoir suprême de direction politique, tout le Parti doit renforcer les « quatre consciences » et la « quadruple confiance en soi », et s’attacher à préserver résolument la position centrale du secrétaire général Xi Jinping au sein du Comité central et du Parti ainsi que l’autorité et la direction centralisée et unifiée du Comité central du Parti ». 
  • La résolution résume la pensée de Xi Jinping en treize points, du «  maintien de la direction du Parti sur tous les plans » et « l’application intégrale d’une discipline rigoureuse dans les rangs du Parti » au « maintien du principe « un pays, deux systèmes » et la poursuite de la réunification de la patrie  » et une « politique extérieure de paix » contribuant à définir un « nouveau type de relations internationales », et à « construire une communauté de destin pour l’humanité » en passant par une « civilisation écologique  » qui ne doit « absolument pas rechercher une croissance économique à court terme en sacrifiant la qualité de l’environnement  ». 
  • Finalement, le XIXe Congrès du Parti a fixé un objectif de « modernisation socialiste » de 2020 à 2035 pour faire de la Chine « un grand pays socialiste moderne de 2035 au milieu de ce siècle  ». Le but est alors que la Chine « se [hisse] au premier rang du monde en termes de puissance globale et de rayonnement international  » et que « le peuple chinois [accède] pour l’essentiel à la prospérité commune  ».  Pour cela, la pensée de Xi Jinping met en garde «  contre les effets corrosifs des courants idéologiques occidentaux tels que le soi-disant « régime constitutionnel », l’alternance politique et la « division des trois pouvoirs ».  ».