• Le but de Blinken, qui voyage pour la première fois dans la région, est de garantir et de réaffirmer les partenariats qui unissent les États-Unis à ces pays, dans une franche politique défensive vis-à-vis des avancées chinoises. L’aggravation de la situation en Birmanie depuis le coup d’État du 1er février 2021 est aussi au programme, alors que Aung San Suu Kyi a été condamnée il y a peu à deux ans de prison et fait face à d’autres accusations, plus lourdes1 et que la répression de la population dissidente par la junte militaire aurait déjà causé la mort de près de 1 300 personnes et l’arrestation de 10 000 individus2.
  • Les enjeux américains dans la région indo-pacifique concernent la préservation de la liberté de navigation notamment au niveau du détroit de Malacca et la sécurisation de la zone avec la base de Diego Garcia. Autant de sujets sur lesquels la Chine est en claire concurrence, dans le but « d’interdire ou de rendre très coûteux l’accès de la zone aux États-Unis en cas de conflit ouvert » comme l’affirmaient Jessy Périé et Gabriel Solans dans nos colonnes. L’alliance Aukus ne fait en tous cas pas consensus au sein de l’ASEAN, la Malaisie et l’Indonésie ayant notamment vivement critiqué cette alliance du fait de l’escalade qu’elle pourrait entraîner dans la région3.
  • Pour le Haut-représentant Josep Borrell, « Il y a un véritable risque que la politique et le nationalisme l’emportent sur le développement économique et la coopération, qui ont pourtant été le ciment des pays de la région, et qui ont permis à des millions de personnes de sortir de la pauvreté. […] Notre objectif n’est pas d’encourager l’émergence de blocs rivaux ou de forcer les pays à prendre parti. En revanche, nous sommes déterminés à approfondir notre coopération avec des partenaires démocratiques qui partagent les mêmes idées. ». Une stratégie de coopération pour l’Indo-Pacifique, publiée en septembre, a été définie par l’Union européenne. Un certain nombre d’actions sont envisagées : initiatives maritimes pour préserver la liberté de navigation, la protection des ressources et la défense de la biodiversité marine4.
  • Du 10 au 12 décembre avait également lieu le G7 des ministres des Affaires étrangères et du Développement, accueilli par le Royaume-Uni, à Liverpool, où des représentants de l’ASEAN étaient conviés pour la première fois, une invitation en phase avec la stratégie « Global Britain » du Royaume-Uni post-Brexit, le pays étant destiné, selon Boris Johnson, à devenir une « superpuissance scientifique et technologique »5. Ce sommet visait, selon la Secrétaire d’État aux Affaires étrangères britannique Liz Truss, à envisager des solutions pour « réduire la dépendance stratégique » aux « régimes autoritaires », visant notamment la Chine. La clôture de ce sommet a également été l’occasion de mises en garde contre la Russie et l’Iran6