• Les Jeux olympiques d’hiver de Pékin commencent ce vendredi. La question des droits de l’homme en Chine, la mainmise de Pékin sur Hong Kong et la répression des Ouïghours au Xinjiang transforment la compétition sportive en un terrain géopolitique. Les athlètes auront néanmoins du mal à s’exprimer sur ces sujets à cause de l’article 50 du règlement du Comité International Olympique (CIO), qui interdit “toute démonstration ou propagande politique” lors des épreuves olympiques et de menaces du gouvernement chinois. Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants aux États-Unis, a conseillé aux athlètes américains de ne pas provoquer le gouvernement chinois pour leur sécurité. En novembre la joueuse de tennis chinoise Peng Shuai avait ainsi disparu plusieurs jours après avoir accusé de viol un ancien cadre du parti communiste chinois 1
  • Alors que la rivalité sino-américaine s’est accélérée, les États-Unis et leurs alliés, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Japon ont annoncé début décembre un boycott diplomatique afin de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme. Hier, l’Inde a annoncé qu’elle boycottera aussi diplomatiquement l’événement car le général chinois, Qi Fabao, impliqué dans les affrontements sino-indiens en 2020 dans l’Himalaya, participera à la cérémonie d’ouverture. Contrairement à la période de la guerre froide, où le boycott des JO de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984) était total dans chaque camp, les athlètes de ces  pays participeront aux JO de Pékin.
  • Emmanuel Macron a souhaité voir émerger une position commune européenne après avoir déclaré en décembre 2021, qu’un boycott diplomatique d’un pays serait “tout petit et symbolique”. Aucune position commune n’a pourtant été mise en place. Le Danemark a officiellement annoncé qu’il n’enverrait pas de représentants à Pékin en évoquant explicitement la “situation des droits de l’homme” alors que les Pays-Bas, qui n’enverront pas non plus de représentants, ont mis en avant la “situation sanitaire”. La Lituanie boycottera diplomatiquement l’événement, mesure qu’elle prend dans la continuité de son conflit avec la Chine sur  l’ouverture d’un “bureau de représentation de Taïwan” à Vilnius. Les autres pays européens devraient envoyer une délégation à Pékin. 
  • Vladimir Poutine est lui bien présent à Pékin. Il a salué des relations d’une qualité “sans précédent” avec la Chine lors de son arrivée. Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, les relations diplomatiques entre la Chine et la Russie se sont renforcées. En 2019, la Chine représentait 23 % des importations et 13 % des exportations russes. Pékin a également pris position pour la Russie sur le non-élargissement de l’OTAN à l’Ukraine, Moscou a affirmé son soutien à la “réunification” de la Chine avec Taïwan et les deux pays ont condamné l’alliance AUKUS. Une quinzaine d’accords bilatéraux doivent être signés à l’occasion de cette visite, qui se donnent comme objectif de porter le commerce bilatéral entre les deux pays à 200 milliards de dollars, contre 141 milliards actuellement et d’acheminer 10 milliards de m³ de gaz de Russie vers la Chine. 

 

  • Les Jeux olympiques d’été à Pékin en 2008 avaient été en partie éclipsés par l’invasion de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud en Géorgie par l’armée russe. Le même scénario pourrait se reproduire en cas d’invasion de l’Ukraine pendant les Jeux olympiques d’hiver de cette année