Sur le plan de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, aucun progrès global ne résulte de cette COP.

  • À la Conférence des parties de Glasgow l’an dernier, aucune définition d’un « objectif net zéro carbone » n’avait fait l’objet d’un consensus, rendant tout accord imparfait.
  • Selon les projections du Climate Action Tracker, si tous les engagements pris lors de la COP 26 étaient respectés la température globale devrait augmenter de 2,4 °C d’ici 2100 — soit bien au-delà de l’objectif de 1,5 °C fixé par l’Accord de Paris1.
  • Si plusieurs avancées notables concernant le financement climatique, la réduction de la consommation de charbon ou la diminution des émissions liées au méthane avaient été atteintes, les échecs relatifs de la COP de Glasgow appelaient à des engagements plus ambitieux à Charm el-Cheikh.

En ce sens, la COP 27 est un semi-échec puisque si des progrès ont été faits, aucun ne permet concrètement d’espérer une réduction de l’augmentation de la température projetée d’ici 2100. L’accord final reconnaît que « pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faut réduire rapidement, profondément et durablement les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 43 % d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2019 »2.

  • L’accord final ne fait pas référence à la nécessité d’atteindre le pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2025. Or, il est clairement écrit dans la dernière contribution au sixième rapport d’évaluation du GIEC, publiée en avril dernier, que si l’on ne parvient pas à atteindre le pic d’émissions mondiales de CO2 avant 2025, « il faudra procéder à une réduction plus rapide après 2025 pour encore atteindre les objectifs de Paris »3.
  • Toutefois, de nouveaux pays ont pris des engagements relatifs à la réduction des émissions de méthane. À l’heure actuelle, 150 États se sont engagés d’en réduire de 30 % leurs émissions d’ici la fin de la décennie. La Chine serait également en train de définir son propre plan.

La grande réussite de cette COP 27 est la création d’un fonds destiné à compenser les « pertes et dommages » subis par les pays les plus vulnérables au changement climatique — qui sont également ceux qui émettent le moins de CO2.

  • Le geste politique acté durant la COP est une victoire historique des pays « du Sud », dont la plupart émettent moins de gaz à effet de serre que les pays développés — et qui y ont historiquement très peu contribué.
  • Beaucoup d’inconnues subsistent toutefois : quels pays pourront bénéficier de ce fonds et comment celui-ci sera-t-il financé ? Comment définir et quantifier les pertes et dommages provoqués par le changement climatique ?
  • Les pays signataires ont convenu de créer un comité chargé de piloter ce fonds d’ici la COP 28, qui se déroulera à Dubaï l’an prochain, suggérant que les financements ne seront pas effectifs avant plusieurs années4.

Deux nouveaux partenariats « pour une transition énergétique juste » (JETP) avec l’Indonésie et le Vietnam ont également été annoncés durant la COP.

  • Avec l’équivalent de presque 20 milliards de dollars de promesses de dons et de financements, l’accord entre une coalition de pays riches et l’Indonésie est l’un des plus importants jamais signé.
  • Celui-ci vise notamment à : accélérer le déploiement des énergies renouvelables et la réduction progressive de la production d’électricité au charbon, atteindre un pic des émissions du secteur de l’électricité et 34 % de production totale d’électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici à 20305.
  • L’Afrique du Sud avait signé un accord similaire l’année dernière lors de la COP 26, tandis qu’un partenariat avec le Vietnam devrait être signé lors du sommet de EU-ASEAN du 14 décembre6.

La place accordée aux lobbies du secteur des hydrocarbures durant cette COP ainsi que le refus de mentionner explicitement le rôle joué par les énergies fossiles dans le réchauffement climatique constitue un échec. À Dubaï en novembre 2023, il est peu probable que des avancées significatives soient faites en ce sens, les Émirats arabes unis développant des technologies de stockage et de capture de carbone leur permettant de continuer l’exploitation d’hydrocarbures tout en freinant la sortie des énergies fossiles.