Largement dominée par la Russie, cette organisation politico-militaire est perçue par le Kremlin comme un contrepoids au rôle joué par les États-Unis au sein de l’OTAN.

En ce sens, la posture des États participants est un bon indicateur de l’influence russe en Asie centrale.

  • Or, depuis le début de la guerre en Ukraine, les pays de l’ex-URSS (exception faite pour le Bélarus) se sont distancés vis-à-vis de Moscou d’une manière inédite.
  • Lors du sommet de la Communauté des États indépendants le 14 octobre, le président tadjik avait exigé plus de « respect » de la part de Poutine1.
  • Le président kazakh Tokaïev, largement réélu pour un deuxième mandat ce week-end, n’a quant à lui pas encore confirmé sa présence au sommet d’aujourd’hui. 
  • Pour l’agence de presse pro-russe TASS, cette absence de confirmation est due au fait que la cérémonie d’investiture de Tokaïev est prévue pour le 26 novembre2.

Le Kazakhstan est probablement le pays d’Asie centrale historiquement le plus proche de la Russie qui s’est le plus attiré les foudres des médias ainsi que de la classe politique russe depuis le début de la guerre. En mars dernier, plusieurs élus et hommes politiques appelaient à la « dénazification » du pays et dénonçaient une « russophobie » au Kazakhstan — non sans rappeler les arguments mobilisés pour l’invasion de l’Ukraine3.

  • À la télévision russe, les présentateurs et chroniqueurs n’hésitent pas à faire référence au Kazakhstan comme un « problème » similaire à l’Ukraine, accentué par le fait que la frontière avec le pays est la plus longue de toute la Russie.
  • Dans un message publié sur le réseau social Vkontakte en août, l’ancien président et Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, avait quant à lui remis en question la souveraineté du Kazakhstan, qualifiant le pays d’« État artificiel »4.
https://twitter.com/AmbEmpireRussFr/status/1595341857533448192

Aux Nations unies, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Arménie et le Tadjikistan se sont abstenus  à chaque vote portant sur l’invasion russe de l’Ukraine.

  • Cette tendance s’est confirmée lors du dernier vote, qui a eu lieu le 14 novembre, demandant à la Russie de verser des réparations de guerre à l’Ukraine.

Avec la réélection de Tokaïev, il est très probable que le Kazakhstan cherche à se détacher de plus en plus de la Russie, pour se tourner vers l’Union européenne et la Chine5.

  • Le 27 octobre, Charles Michel était à Astana pour rencontrer le président kazakh, signal de la place que le pays occupe dans la stratégie européenne en Asie centrale.
  • À la COP 27, le Kazakhstan a fait partie des pays avec lesquels l’Union européenne a signé un partenariat stratégique portant sur les matières premières, les batteries et l’hydrogène vert6.
  • En amont du 20ème Congrès du Parti communiste chinois, c’est Xi Jinping qui s’était rendu au Kazakhstan7.
  • Rappelons que, derrière les pays du Golfe et la Russie, le Kazakhstan est le 10ème exportateur de pétrole au monde, et le premier producteur d’uranium.

L’Arménie, où la rencontre aura lieu, n’avait pas masqué son insatisfaction à propos de l’alliance et du comportement de la Russie en 2020, à l’occasion du dernier embrasement du conflit gelé au Haut-Karabakh et à l’agression militaire azerbaïdjanaise. 

  • Le Sénat français vient de passer une résolution demandant l’imposition de sanctions contre Bakou, qui fait remonter la question — toujours plus incertaine — du Haut-Karabakh8.
  • L’OTSC n’avait montré aucun intérêt pour la défense de l’Arménie, pourtant membre de l’organisation.
  • Les controverses ne se limitent pas à l’Arménie et au Kazakhstan. Le Tadjikistan et le Kirghizstan ont été les protagonistes d’un affrontement armé pendant l’été dernier sans que l’armée russe, bien que présente à Douchanbé et à Erevan, ne soit intervenue sous l’égide de l’OTSC.