Il s’agit de la troisième hausse des taux directeurs de la Banque centrale européenne depuis juillet. De telles augmentations n’avaient pas eu lieu depuis onze ans, mettant fin à plus d’une décennie de taux d’intérêt très bas, voire négatifs.

  • C’est la deuxième fois consécutive que le conseil des gouverneurs de la BCE décide d’une hausse de 75 points de base. Le 7 septembre dernier, l’institution avait déjà procédé à une hausse du même ordre, après avoir augmenté ses taux d’intérêt en juillet de 50 points de base.

Cette politique d’austérité monétaire n’est pas sans conséquence sur les économies de la zone euro, alors que l’inflation a atteint presque 10 % en glissement annuel en septembre au sein de la zone euro.

  • Naturellement, freiner la demande pour ralentir l’inflation peut conduire à une récession économique. Ce scénario devient de plus en plus crédible à en croire les propos du vice-président de la BCE, Luis de Guindos.
  • Ce dernier a déclaré il y a quelques jours qu’une interruption des flux de gaz russe vers l’Europe pourrait provoquer une récession de près de 1 % dans la zone euro en 20231.
  • Lors de ses dernières perspectives économiques publiées il y a quelques semaines, le Fonds monétaire international anticipait déjà une récession en Italie et en Allemagne en 2023.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, avait déjà prévenu en septembre que les taux étaient encore « loin » d’un niveau qui « aidera à ramener l’inflation à 2 % » (la cible fixée par la BCE).

  • Lagarde a appelé en conférence de presse les gouvernements de la zone euro à réduire leur endettement public, arguant que « les gouvernements devraient adopter des politiques budgétaires qui montrent qu’ils sont déterminés à réduire progressivement les taux d’endettement publics élevés ».
  • Selon les dernières données Eurostat, la dette publique en zone euro s’élevait à 94,2 % du PIB au cours du deuxième trimestre 2022, en légère baisse par rapport au premier trimestre.

Certains États membres s’inquiètent toutefois des conséquences de ces hausses successives.

  • Emmanuel Macron a appelé à ne pas « briser la demande » pour contenir l’inflation.
  • Giorgia Meloni, la nouvelle présidente du Conseil italien, a souligné « le risque » d’une hausse des taux, notamment « pour les États-membres qui ont une dette publique élevée »2.
  • Avec un endettement public à hauteur de 150,2 % de son PIB, l’Italie est le deuxième pays le plus endetté de la zone euro, derrière la Grèce (182,1 %).
Sources
  1. « ECB warns of ‘looming recession’ as it again hikes rates », France24, 27 octobre 2022.
  2. Alessandra Migliaccio et Craig Stirling, « Meloni Slams ECB Rate Hiking in Widening Political Backlash », Bloomberg, 25 octobre 2022.