La composition est, au final, assez équilibrée entre les trois forces politiques de la coalition dite de « centre-droit », avec une bonne représentation des membres de la Ligue et de Forza Italia — avec, respectivement, Salvini et Tajani vice-présidents du Conseil.

  • Toutefois, cette harmonie de façade et la rapidité avec laquelle le gouvernement a été mis en place ne sont pas synonymes d’absence de conflictualité entre Fratelli d’Italia, son leader et les autres membres de la coalition.

Notamment, la semaine dernière, Silvio Berlusconi a fait parler de lui en ne s’alignant pas sur ses alliés lors du vote pour désigner le Président du Sénat. Il a par la suite fait l’objet d’une fuite de fichier audio dans lequel il expliquait clairement sa position pro-russe à l’égard du conflit en Ukraine, ainsi que son amitié intime avec Vladimir Poutine1.

Toutefois, cela n’a pas empêché son parti, Forza Italia, d’obtenir le palais de la Farnesina, le ministère des Affaires étrangères, où va siéger Antonio Tajani, surtout en vertu des contacts noués dans les institutions européennes.

  • Le thème de la continuité institutionnelle est très important dans la formation de ce gouvernement. Celle-ci sera assurée avec le gouvernement Draghi par Giancarlo Giorgetti, déjà Ministre au développement économique et futur Ministre de l’économie.
  • La thèse selon laquelle Meloni va chercher à fusionner souverainisme et technocratie semble donc respectée par la répartition de ses ministères, même si celle-ci devra être confirmée par la pratique.

Si un nouveau gouvernement va donc prendre place à Rome peu avant la visite d’Emmanuel Macron prévue lundi prochain, hier marquait aussi le dernier jour au pouvoir de Mario Draghi, salué par les chefs d’État et de gouvernement du Conseil européen auquel il venait de participer. 

La formation du gouvernement Meloni est certainement une bonne nouvelle pour la droite européenne, en difficulté au Royaume-Uni mais qui coïncide avec la formation d’un gouvernement en Suède.

  • Les postes centraux du prochain gouvernement ont été définis (non sans une certaine difficulté), mais la réorganisation du pouvoir italien n’en est qu’à son début.
  • Prochainement, ce sera au tour des hauts fonctionnaires et de tous les profils nécessaires pour faire tourner la machine de l’État.
Sources
  1. Angelo Amante, « Analysis : Method or madness ? Berlusconi’s Russia stance hurts Meloni and Italy », Reuters, 20 octobre 2022.