- Le Fonds monétaire international vient de publier ses dernières projections économiques, mettant à jour celles d’avril dernier. L’institution s’attend à une baisse globale de la croissance, une augmentation plus rapide et plus globale de l’inflation ainsi qu’à une hausse moins importante qu’escomptée de la production mondiale 1.
- Le FMI a également dû revoir à la hausse ses projections d’inflation, particulièrement en raison de la montée en flèche des prix de l’énergie ainsi que des produits alimentaires — des conséquences directes de la guerre russe menée contre l’Ukraine. La projection de croissance globale a quant à elle été revue à la baisse, passant de 3,6 % pour l’année 2022 dans les projections d’avril à 3,2 %, et de 3,6 % pour 2023 à 2,9 %.
- Dans un scénario plus pessimiste qui verrait notamment l’arrêt total des exportations de gaz russe en direction de l’Europe — ce que cherche à anticiper l’Union européenne avec les plans RePowerEU et Safe Gas for a Safe Winter —, le FMI anticipe une croissance mondiale encore plus faible à 2,6 % en 2022 et environ 2 % en 2023.
- Le FMI a également adressé un message aux banques centrales, dont les plus importantes ont toutes haussé leurs taux directeurs ces derniers mois — comme ce fut le cas de la BCE la semaine dernière, pour la première fois depuis 11 ans. Bien qu’un outil de lutte efficace contre l’inflation, l’économiste en chef du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas, met en garde contre les risques de telles décisions pour la stabilité financière : « Lorsque les taux de change flexibles ne suffisent pas à absorber les chocs extérieurs, les responsables politiques devront être prêts à mettre en œuvre des interventions sur les marchés de change ou des mesures de gestion des flux de capitaux dans un scénario de crise » 2.
- Fait surprenant toutefois, le FMI ne prévoit pour l’année 2022 qu’une baisse de 6 % du PIB russe, soit 2,5 points de moins que dans les derniers chiffres d’avril. Ces prévisions prennent en compte le fait que les exportations de pétrole et de gaz russe se maintiennent mieux qu’anticipé, mais également que les sanctions occidentales s’avèrent être moins efficaces que prévu.
- Dès le mois de mars, quelques semaines seulement après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Edoardo Saravalle écrivait dans nos colonnes que « plus longtemps les sanctions resteront en place, plus l’économie russe souffrira, et plus elle agira pour s’immuniser contre la pression américaine ». Il anticipait également que si les sanctions « ont peut-être fait apparaître un certain pouvoir de négociation, le plus difficile sera de l’utiliser ».
Sources
- Gloomy and more uncertain, Fonds monétaire international, 26 juillet 2022.
- Pierre-Olivier Gourinchas, « Global Economic Growth Slows Amid Gloomy and More Uncertain Outlook », Blog du FMI, 26 juillet 2022.