• Les pays membres du G7 ont annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie, dont un arrêt des importations d’or russe pour les pays du G7 et la restriction des exportations japonaises de matériel technologique à destination de la Russie1. À elles seules, les exportations russes d’or en 2021 ont rapporté plus de 16 milliards de dollars à la Russie. 
  • Le Royaume-Uni, premier importateur d’or russe, importait à lui tout seul plus de 85 % du total des exportations d’or russe en 2021, pour un montant de 15,2 milliards de dollars. L’or ne représentait toutefois que 1,62 % des exportations russes dans le monde en 2019, et les exportations russes ne représentaient que 4 à 5 % des exportations d’or dans le monde en 20202. Cette restriction pourrait cependant pénaliser la Russie dans sa recherche de devises étrangères dans le futur.
  • Les dirigeants du G7 se sont également mis d’accord sur un plafonnement des prix du pétrole russe, ces derniers ayant fortement augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine et à la suite des embargos américain et britannique sur le pétrole russe. Si la feuille de route exacte pour parvenir à cet objectif reste à détailler, les principales puissances occidentales prévoient « une série d’approches, y compris des options pour une éventuelle interdiction complète de tous les services qui permettent le transport maritime de pétrole brut et de produits pétroliers russes dans le monde entier, à moins que le pétrole ne soit acheté à un prix inférieur ou égal à un prix à convenir en consultation avec les partenaires internationaux »3.
  • La scène d’Emmanuel Macron rapportant une conversation qu’il venait d’avoir avec Mohamed Ben Zayed, le prince des Émirats arabes unis, au président américain — capturée furtivement par les journalistes de Reuters —, a particulièrement captivé l’attention des observateurs4. Le dirigeant émirati aurait déclaré à Emmanuel Macron que son pays ne pouvait plus augmenter ses capacités de production pour faire baisser le prix du baril, mais que les Saoudiens avaient quant à eux encore un peu de marge. Alors que certains arguent depuis quelques semaines que la visite de Joe Biden en Arabie Saoudite constituerait « une erreur » du président américain, cette séquence pourrait avoir des répercussions sur les objectifs de ce dernier5.
  • Afin de protéger les populations de la famine, le G7 a affirmé vouloir renforcer la sécurité alimentaire mondiale, mise à mal par les blocus de la marine russe des ports ukrainiens, par le biais de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire. 4,5 milliards de dollars supplémentaires seront fournis à cette fin. Le G7 a également fait appel aux entreprises et pays disposant d’importants stocks de nourriture pour contribuer à atténuer la pénurie alimentaire mondiale.
  • Enfin, le Groupe des sept s’est réuni autour de la thématique du climat en affirmant suivre l’objectif d’un réchauffement climatique limité à 1,5 degrés — comme convenu par l’accord de Paris de 2015 — par la décarbonation du secteur routier d’ici 2030, et d’une grande partie de la production d’électricité d’ici 20357. Il s’agit également de donner la priorité à des mesures concrètes et opportunes pour atteindre l’objectif d’accélérer l’élimination progressive de l’électricité produite à partir de charbon non traité, alors que certains pays comme l’Allemagne font le choix de rouvrir des centrales à charbon en conséquence de la réduction de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie8.
  • Bien que ces sanctions prises au cours de ce Sommet vont avoir pour effet d’appliquer une pression économique supplémentaire sur le Kremlin, tout n’est pas rose pour autant. Au-delà des détails concernant le plafonnement du prix du pétrole russe exporté qui prendront des semaines voire des mois avant d’être réglés, les mesures déjà prises comme l’embargo de l’UE sur le pétrole russe ou bien l’arrêt de l’importation par les États-Unis n’ont eu pour l’instant qu’un effet limité, la Russie ayant — pour le moment — augmenté ses recettes de produits pétroliers par rapport à l’année dernière. De plus, les craintes exprimées par certains États vis-à-vis de leur capacité énergétique pour l’hiver prochain ajoutent un niveau de complexité aux négociations qui vont avoir lieu pour la mise en place de ces sanctions — craintes sur lesquelles joue Moscou en agitant des menaces de rupture d’approvisionnements, voire d’attaques militaires.
Sources
  1. Diksha Madhok, « The world’s richest nations are banning gold imports from Russia », CNN, 27 juin 2022.
  2. The Atlas of Economic Complexity, Harvard University.
  3. « G7 leaders press ahead with price cap on Russian oil », The New York Times, 28 juin 2022.
  4. « Macron tells Biden that UAE, Saudi can barely raise oil output », Reuters, 28 juin 2022.
  5. Dalia Dassa Kaye, « Bowing to the Prince. Why It’s a Mistake for Biden to Visit Saudi Arabia », Foreign Affairs, 3 juin 2022.
  6. G7 statement on support for Ukraine, Conseil européen, 27 juin 2022.
  7. Accord de Paris sur le changement climatique, Conseil européen.
  8. Rebecca Falconer, « Germany to fire up coal plants as Russia cuts gas supply », Axios, 20 juin 2022.