Aujourd’hui, les Américains éliront leur nouveau président pour 4 ans, dans un scrutin lourd d’enjeux pour l’Europe.

  • Biden en tête des sondages. Aucun sondage d’un institut vraiment reconnu ne donne le président Trump gagnant mais la surprise de 2016 invite à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué du côté des pro-démocrates.
  • Trump a changé la géopolitique. « La première chose qu’il faut reconnaître à Trump est bien d’avoir provoqué aux États-Unis le plus large débat sur les objectifs, les moyens et la finalité de la politique étrangère depuis des décennies – là où Obama, dont c’était également l’ambition, n’y était pas parvenu. »
  • Trump et la nouvelle guerre froide. « La compétition stratégique et plus précisément la rivalité ‘systémique’ avec la Chine a remplacé la lutte contre le terrorisme comme finalité première de la politique étrangère ; la page de l’extension des démocraties de marché est tournée. »
  • Le recul du multilatéralisme. « Trump a favorisé l’émergence d’une nouvelle alliance entre non-interventionnistes et nationalistes, en marginalisant cette fois les internationalistes, identifiés aux néoconservateurs et donc aux élites du parti en politique étrangère. »1
  • Dans une nouvelle tribune qui sera publiée mardi, nous répondrons à cette question.
  • Vers une inflexion. Pour Anthony Gardner, ambassadeur des États-Unis auprès des États-Unis de 2014 à 2017, « America First a trop souvent signifié Amérique seule. Or même les États-Unis ne peuvent pas relever seuls une partie grandissante des défis régionaux et mondiaux les plus urgents.Ils ont besoin de leurs alliés européens, non seulement des États membres, mais aussi des institutions de l’Union. »2
  • Biden voudrait réanimer la relation entre les États-Unis et l’Union, notamment dans le cadre du « sommet mondial pour la démocratie » qu’il souhaiterait organiser rapidement s’il remportait l’élection.
  • À travers l’OTAN ? Des sources proches du dossier nous indiquent que les États membres de l’Europe centrale et orientale, de même que le Royaume-Uni et de nombreux organismes américains influents comme le German Marshall Fund sont en faveur d’un sommet OTAN-Union. Les démocrates voudraient transformer l’OTAN en une alliance différente, autour de valeurs communes.
  • Et la géopolitique européenne ? Un tel renforcement de l’OTAN, qui rassemble par ailleurs le Royaume-Uni, la Turquie et une Pologne qui appose souvent son veto, rendrait totalement impossible l’affirmation d’une Commission géopolitique. Les présidences allemande puis française du Conseil auront donc pour vocation de convaincre Biden, s’il est élu, de parler à l’Union comme à un bloc en mesure de prendre en charge les instabilités régionales. Ce qui lui permettrait par ailleurs de se concentrer sur la Chine.

Nota bene : L’autre relation transatlantique. Alors que les liens qui unissent l’Europe et l’Amérique latine sont anciens, la coopération entre ces deux espaces n’est pas aussi développée qu’elle le devrait. Le Haut Représentant Josep Borrell lance dans nos colonnes un appel à élever les relations bilatérales entre l’Union européenne et les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.3

Sources
  1. KANDEL Maya, La doctrine Trump, Le Grand Continent, 23 octobre 2020
  2. L’Atlantique devient un océan, Le Grand Continent, 21 septembre 2020
  3. BORRELL Josep, L’autre relation transatlantique, par Josep Borrell, Le Grand Continent, 30 octobre 2020